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bisarre, c'est que si on lui objecte qu'il n'y avoit point alors de spectateur, qui pût voir les images telles qu'il les conçoit, il répond que le Messie étoit spectateur, que c'est lui qui a fait ce Journal, & qui l'a donné à Moyse sur la montagne de Sinaï.

Les Auteurs sacrez, dit Mr. Whiston, n'ont pas considéré les Corps célestes comme de vaites parties de l'Univers

placées dans un grand éloignement de la » Terre, disposées dans un ordre régulier, &

décrivant des Orbites avec une certaine proportion. Ils ont crû que ces Corps étoient fituez à l'extrémité de notre Athmosphére, & qu'ils dépendoient de notre Globe aussi bien que les nuées. Le sentiment ordinaire touchant PHistoire de la Création est infoû.

tenable, ajoûte notre Auteur. Le Chaos ne » pouvoit contenir la matiére du Soleil & des » Etoiles, puisqu'il étoit ténébreux. Selon la „ fuppofition des Commentateurs, de cent cor» puscules répandus dans le Chaos, il y en a

voit quatre-vingts dix-neuf qui étoient lumi» neux, & les mêmes, dont les Etoiles & le

Soleil étoient compolez. Or comment peut, on dire que les ténébres couvroient le Chaos,

puisque le nombre des particules opaques &

obscures étoit fi peu considérable, en com» paraison des particules ignées & luinineuses?

Selon l'Hypothése des Commentateurs, ce sont encore les paroles de Whiston, quatre jours furent employez à la Création de la Terre, quoiqu'elle ne soit qu'une très petite partie du Monde entier , & le Soleil, la

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Lune, the earth. Voi, la Biblioth. Angloise tom. II. part. 2. pag.

440. &c,

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» Lune, les Etoiles fixes furent créez en un

seul jour. Cependant la quantité de la ma

tiére de la Terre n'est pas la deux centiéme „ partie de celle de Jupiter: ni la quatre-vingts

dixiéme de celle de Saturne: ni la deux cens vingt milliéme de celle du Soleil: mais si on la compare avec l'Univers entier , avec tout

le Système des Etoiles , elle n'est que comErai, XL.

» me une goutte d'eau qui pend à un seas, jo 15. 17.

comme la menue pousiére d'une balance. Pour » prouver que Moyse n'a prétendu parler que

de la création de la Terre, Mr. Whifton dit, , que toutes les parties du discours de cet His

torien font voir évidemment, que cette création n'est faite que pour

le

genre humain. Mais il n'est rien de plas absurde que de s'imaginer que l'Univers ait été créé pour l'usage de l'Homme. Peut-on croire que Dieu eût formé une infinité de corps célestes en faveur d'un petit nombre de Créatures rebelles, qui ne vivent que peu de temps sur une Planéte

peu

considérable ? Peut-on croire qu'il ait créé une infinité de Soleils & de ,, Planétes, & qu'il les ait placez dans un si

grand éloignement de la Terre, uniquement pour l'avantage des Hommes ; sur-tout si l'on

considére qu’un très grand nombre de ces „ corps n'a été découvert que dans ces derniers „ temps par le moyen du Telescope, & qu'a

près le Soleil, la Lune nous est plus utile „ que tous les autres pris ensemble Etoit-il

raisonnable de faire un Soleil deux cens vingt mille fois plus grand que la Terre, & même davantage, & de le placer à plus de quatrevingts millions de milles , puisqu'un petit Globe lumineux dans le voisinage de la Terre

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auroit suffi pour l'éclairer ? Etoit-il raisonnable de créer un nombre immense de Pla

nétes, afin que nous en pussions calculer les , mouvemens? Y a-t-il quelque apparence que

Dieu ait environné Saturne de cinq Plané» tes, & Jupiter de quatre autres, afin qu'au

bout de cinq mille ans un petit nombre d'Astronomes observassent leurs périodes avec le secours des Lunettes ?

Ce sont les raisonnemens de ce Philosophe. Je suis fortement convaincu comme lui, que l'Univers n'a pas été fait pour l'Homme seul.

. Il me semble pourtant que les argumens, que Mr. Whiston allégue pour le prouver, ne font pas tout-à-fait concluans. Je crois qu'on peut répondre aux objections, qu'il propose contre ceux qui soûtiennent l'opinion contraire. J'avoue que ces objections seroient triomphantes, fi nous devions toûjours demeurer dans l'état , où nous sommes sur la Terre. Mais cette Créature rebelle , qui est aujourd'hui comme exilée dans un coin de cet Univers , & qui n'a pas même la faculté d'appercevoir tant de merveilles , que le Créateur a produites , & qu'il a mises hors de la portée de ses yeux : cette Créature, dis-je, après être reconciliée avec Dieu, contre lequel elle s'étoit rebellée, doit sublister un jour avec des qualitez nouvelles ; avec d'autres sens, d'autres organes , d'autres facultez. Qui peut démontrer, que dans l'étendue de l'éternité, au prix de laquelle le période présent n'a pas tant de durée que la Terre a d'étendue par rapport au reste de l'Univers : qui peut dé- . montrer, que cette Créature ne connoitra pas parfaitement alors tous ces corps célestes, qu'elle apperçoit à peine aujourd'hui? Qui peut

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démontrer, que l'usage qu'elle en tirera, ne fera pas une partie de la félicité, que Dieu lui prépare dans une autre vie, & qu'il accorde aux puillantes follicitations, que ce Fils bien-aimé, auquel il ne refuse rien, ne cesse de former

pour elle?

XXVI.7.

Mais sans presser cette pensée, & fans étendre davantage sur le Systême de Mr. Whiston, reconnoissons que le but des Auteurs facrez,surtout dans ce qui concerne le Systême du Monde, n'a pas été de s'exprimer avec toute la précision qu'on demarde d'un Philosophe, qui

parle pour des Philosophes. Quelle précision Jerem,, pourroit-on trouver dans ce texte de Jéremie: Si

. XXXI. 37. les Cieux peuvent se mesurer par dessus, & les fon

demens de la Terre par dessous, je rejetterai la race PIsraël? Il semble que ces paroles font conformes aux idées des Siècles, où l'on n'avoit pas

encore fait le tour de la Terre. Comment acJob.

corder cette idée avec celle de Job: Il étend l'Aquilon sur le vuide ; il fufpend la Terre sur le Ant; Si la Terre a des fondemens, comment peuton dire qu'elle est suspendue sur le néant; On peut se rappeller auflist la pensée de Sanctius,

que nous avons rapportée 55 dans un autre enJob.

droit : il croit que quand Elihu représente les XXXVII. Cieux fermes comme un miroir de fonte , il adopte 18. la pensée de ces Philosophes, qui se sont imagi

nez que le Ciel étoit un corps solide, auquel les Aftres étoient attachez.

Non seulement on est contraint d'admettre des expressions métaphoriques dans ce que les Auteurs facrez ont avancé touchant le Systême du Monde, il faut même, à quelque parti

qu'on 34 SANCTIUs in Job. XXXVII. 18. pag. 1226.

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cours.

qu'on se range, reconnoitre qu'il y en a dans • Histoire du Soleil & de la Lune arrêtez par le commandement de Josué: comme cela paroitra plus clairement par la suite de ce Dif

Cela une fois accordé, que le but des Auteurs facrez n'a pas été de parler sur ces fortes de sujets avec précision, voici une Maxime, qui me semble incontestable : quand leurs expressions prises à la lettre impliquent contradiction, & choquent des démonstrations, il faut leur donner un sens figuré : il faut mettre alors ce qu'ils dilent dans la classe de ces choses, à l'égard desquelles ils se sont accommodez à la capacité des personnes, auxquelles ils parloient.

Reste à savoir si cette Maxime doit avoir lieu dans l'explication de ces paroles de Josué: Soleil arrête toi à Gabaon ; Lune arrête toi dans la Vallée d Ajalon. Reste à déterminer s'il y a de la contradiction dans le Systême de ceux qui folltiennent , que le Soleil tourne autour de la Terre, & s'il y a des démonstrations Astronomiques en faveur de celui,qui fuppose que c'est la Terre qui tourne autour du Soleil. Ne pouvant suffire nous-mêmes à éclaircir parfai. tement cette question, nous avons eu recours à un Homme, qui a de tout autres lumiéres que nous sur cette matiere, comme sur tant d'autres. Quand nous lui avons demandé la pensée; il nous a fait cette réponse, dont nous nous félicitons de pouvoir orner & enrichir notre Li

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vre.

MON

55 Voi, notre I. vol. Disc. I. pag. 5:

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