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XV. 13.

Revenons à Adonitíédec, dont le nom, qui fignifie Seigneur de juftice, a beaucoup de rapport avec celui de Melchitfedec, ainfi que nous l'avons remarqué 4 ailleurs. Ce Prince envoya des députez à quatre Rois voifins de les Etats, qui avoient le même interêt que lui à s'oppofer aux progrès des armes des Ifraëlites. Le premier de ces Rois s'appelloit Hoham: il regnoit Jofué fur Hébron, ville nommée anciennement Kirjaht-Arbé, & qu's Eufebe place au Midi de Jérufalem à vint-deux milles de cette capitale. Arbé étoit le père de Hanac, qui probablement avoit fondé la ville, dont il eft ici queftion: c'est pour cela qu'elle s'appelloit Kirjath- Arbé, c'eft-à-dire, la ville de Arbé. Quelques-uns pourtant difent avec moins de vraisemblance, que Kirjath-Arbé fignifie la ville des quatre, parce que quatre hommes célébres, à favoir Adam Abraham, Ifaac, & Jacob, y avoient habité, & y furent enfévélis. Le fecond de ces Rois s'appelloit Piream, & regnoit fur la ville de Farmuth, que 7 St. Jérome appelle Jérimoth, & qu'il place à quatre pierres, c'eft-à-dire, તે quatre milles d'Eleutheropole. mettoient des pierres dans les grands chemins d'un mille à un autre, pour fervir de guide aux Voyageurs: ils en mirent de femblables dans la Paleftine, quand ils en furent les Maitres. C'est pour cela qu'on dit une pierre, pour dire un mille. Le troifiéme Roi s'appelloit Japkiah:

8

Les Romains

il

4 Dans notre prémier vol. Difcours XIII. pag. 195.
EUSE B. Onomafticum au mot pxw pag. 21.

5

6 Voi. A DRICHONIUS Theatr. Ter. S. pag. 49. 7 Voi en divers exemples dans RELAND. Paleft. lib. 11. cap. 2. pag. 401. &c.

8 Voi. ROBERT. Steph. Lingua Latina Thefaur. ad vocem Lapis, tom. 2. pag. 835.

Voi.

XXI. 2.

il regnoit fur la ville de Lachis, qui étoit, au rapport de St. Jérome, à fept milles d'Eleuthéropole. Le quatriéme s'appelloit Debir: il regnoit fur la ville de Héglon, qu' • Eufebe appelle Adollam, quoique ce foient deux lieux diftinguez dans nos Ecritures, & qu'il place à douze milles d'Eleutheropole.

Le Roi de Jérufalem invita ces quatre Rois à fe joindre à lui pour faire la guerre aux Gabaonites, qu'ils regardoient deformais comme des fennemis communs & les pour > punir du Traité qu'ils avoient fait avec les Ifraëlites. Cette propofition fut acceptée. Les cinq Rois liguez inveftirent la capitale des Ga baonites, qui crurent que Jofué étant leur Allié voudroit être auffi leur Libérateur : ils eurent leur recours à lui, & ils le fuppliérent de venir promptement au fecours d'une ville, qui n'étoit attaquée qu'à caufe de l'alliance qu'elle avoit faite avec lui.

Jofué ne confulta que fa générofité & que fon courage il fut confirmé dans le deflein qu'il avoit de fecourir Gabaon par une révélation divine, qui l'affûra de la défaite de ces Rois, qui font appellez Amorrhéens, parce que 2. Sam. le nom d'Amorrhéens, fe donnoit à tous les peuOù les ples de Canaan. Comme le péril des GabaoGabao- nites étoit preflant, Jofué leur accorda un prompt fecours. Il fit avec tous ceux de l'Armée, qu'il avoit choifis pour cette expédition, une marche forcée; & quoi qu'il y eût huit lieues de Guilgal à Gabaon, il ne mit qu'une nuit à faire ce chemin.

nites,

quoi qu'Hé

viens

font ap pellez Amorrhéens.

9 HIERONYMI Onomast. in voce Lachis, pag. 101. IO EUSEB. Onomast. au mot E'yay pag. 65. II HIERONYM. ubi fupra in voce Bethoron, pag. 42. voi. les notes de BONFRERIUS fur ce mor, ibid.

22.

I Chron.

chemin. Sa promptitude déconcerta les cinq Rois, & ils furent comme vaincus au feul af pect de ce Général. Ils cherchérent leur fûreté dans la fuite. Mais Jofué les poursuivit a vec acharnement par le chemin de Bethoron, dit voi. Jole Texte, & il les battit jufqu'à Hazéka,& juf- fué XVIII. qu'à Makkéda. Il y avoit deux villes appellées 14. xxI. Betheron, toutes deux, dit St. Jerome, à douze milles de Jérufalem : l'une s'appelloit vII. 24. Bethoron la fupérieure, parce qu'elle étoit fituée fur les montagnes; l'autre Bethoron P'inférieure par une raison oppofée: c'eft de la premiére de ces villes, dont il eft ici queftion. Hazéka & Makkéda, c'étoient deux autres villes, qui échurent à la Tribu de Juda: la derniére étoit à huit milles d'Eleuthéropole à l'Orient de cette ville, c'eft Eufébe qui nous l'apprend. 11 y a quelque conteftation entre les Géographes fur la fituation d'Hazéka. 3 J'indique les fources, où l'on peut puifer des lumiéres fur ce fujet.

Ce fut pendant cette déroute que Dieu fit deux prodiges, par lesquels il voulut faire connoitre, que les Ifraëlites devoient leurs victoires, moins à leur force & à leur valeur, qu'à une Providence toute divine. Le premier de ces prodiges fut une pluie de pierres: le fecond -fut le retardement du cours du Soleil: & comme ce font là deux des circonftances les plus mémorables des conquêtes de Jofué, elles méritent chacune une digreffion.

Voici ce que porte le Texte fur le premier

de

12 EUSEB. Onomaft. in voce Maceda pag. 104. 13 RELAND. Palast. S. lib. III. pag. 603. ADRICH. Theatr. T. S. pag. 4°

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1

Ezech.

XIII. II.

13.

de ces prodiges: Et comme les cinq Rois s'en fuioient de devant Ifraël, & qu'ils étoient à la descente de Betheron, l'Eternel jetta fur eux de groffes pierres des cieux jusqu'à Hazéka: & le nombre de ceux qui moururent des coups de ces pierres de grêle, fut plus grand que celui de ceux que les Enfans d'Ifraël tuérent avec l'épée. Il ne nous femble pas qu'on doive revoquer en doute, à peine même eft-il permis de mettre en question, s'il y cût du miracle dans cet évenement. Quand on pourroit démontrer que la pluie de pierres n'a rien que de naturel en elle-même, nous croirions toûjours qu'elle eft ici miraculeufe dans fes circonftances: un Phénoméne, qui vient à point nommé lorfqu'il eft propre à favorifer un peuple à qui Dieu a promis la victoire: un Phénoméne, qui devoit à peu près également nuire aux deux Armées, mais qui ne devint funefte qu'à celle dont Dieu avoit prédit la ruine: un Phénoméne, dont il eft dit qu'il fit mourir plus d'ennemis que l'épée même des Vainqueurs un Phénoméne, dis-je, de ce genre fera toûjours regardé comme un miracie par tous ceux, qui ne feront pas acharnez à attribuer aux caufes naturelles, tout ce qu'il y a de plus merveilleux dans l'hiftoire de la conquête de la Terre promise.

Mais on demande fi par les pierres, dont il tomba une fi grande abondance fur les ennemis des Ifraëlites, il faut entendre de la grêle, ou des pierres proprement dites: & nous devons pefer les raifons qu'on peut alleguer en faveur de ces diverfes opinions.

Le mot de pierre le prend fouvent pour de la

grêle

14 A. HIRTIUS de Bell. Afric. pag. 835. in 1. vol

Efai.

Xxx. 30

grêle chez les Auteurs facrez & chez les Profanes. C'eft ainfi que le Prophéte Ezechiel apoftrophe les pierres de gréle, afin qu'elles tombent fur l'édifice du miniftére des faux Prophétes, & qu'elles l'écrafent. C'eft ainfi qu'Efaïe menaçoit les Juifs, qui vouloient chercher leur refuge en Egypte, que Dieu leur feroit entendre fa voix pleine de Majefté, ce qui probablement défigne le tonnerre, & qu'il les pourfuivroit avec une flamme dévorante, avec une tempête éclatante, & avec des pierres de grêle. Dans le même fens l'Auteur de la Guerre d'Afrique parle d'un orage qui s'éleva fubitement, & qui fut accompagné d'une gréle de pierres. Il femble que les paroles de Jofué ne fauroient fe prendre dans un autre fens, puis qu'après avoir dit que Dieu jetta de groffes pierres fur les Amor- Josuė rhéens, il ajoûte, qu'il en mourut plus des pierres X. 11. de grele, que de l'épée. S'il y avoit eu de grosfes pierres, outre la grêle, la mort du plus grand nombre de ceux qui périrent, n'auroit pas été attribuée à la grêle.

II.

18. 19.

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Ce raifonnement paroit d'autant plus plaufible que nous trouvons dans l'Ecriture un exemple d'une pluie de grêle, qui fit des ravages femblables à ceux, dont il eft parlé dans l'histoire que nous racontons. Moyfe dit que par- Exod 1x, mi les fleaux qu'il fit venir fur l'Egypte, il y eût une grêle d'un genre inoui jufques alors Pleaume qui tua tous les hommes, toutes les bêtes, & LXXVIII. qui brifa tous les arbres qui en furent frapez. 48. cv. C'eft auffi dans ce fens que l'Auteur du Livre Ecclef. de l'Ecclefiaftique prend le paffage que nous XLVI. 6. expliquons.

Hift. Rom. Script, Lat. veter

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&c.

XLIII.

Mais 16.

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