de ces prodiges : Et comme les cinq Rois s'omfuioient de devant Ifraël, & qu'ils étoient à la desa cente de Betheron , l'Eternel jetta fur eux de grolles pierres des cieux jusqu'à Hazéka: & le nombre de ceux qui moururent des coups de ces pierres de gre. le, fut plus grand que celui de ceux que les Enfans d'Israël tuérent avec l'épée. Il ne nous semble pas qu'on doive revoquer en doute , à peine même est-il permis de mettre en question, s'il y cût du miracle dans cet évenement. Quand on pourroit démontrer que la pluie de pierres n'a rien que de naturel en elle-même, nous croirions toûjours qu'elle est ici miraculeuse dans ses circonstances : un Phénoméne , qui vient à point nommé lorsqu'il est propre à favoriser un peuple à qui Dieu a promis la victoire: un phénoméne, qui devoit à peu près également nuire aux deux Armées, mais qui ne devint funeste qu'à ceile dont Dieu avoit prédit Ja ruine: un phénoméne, dont il est dit qu'il fit mourir plus d'ennemis que Pépée même des Vainqueurs : un Phénoméne , dis-je, de ce genre fera toûjours regardé comme un miracie par tous ceux, qui ne seront pas acharnez à attribuer aux caufes naturelles, tout ce qu'il y a de plus merveilleux dans l'histoire de la conquête de la Terre promise. Mais on demande fi par les pierres , dont il tomba une si grande abondance sur les ennemis des Israëlites, il faut entendre de la grêle, ou des pierres proprement dites: & nous devons peser les raisons qu'on peut alleguer en faveur de ces diverses opinions. Ezech. Le mot de pierre se prend souvent le pour de la grêle 14 A. HIRTIVS de Bell. Afric. pag. 835. in 1. vol. XIII. II. 13 grêle chez les Auteurs facrez & chez les Profanes. C'est ainsi que le Prophéte Ezechiel Elai . XXX. 30 apostrophe les pierres de gréle, afin qu'elles tombent sur l'édifice du ministére des faux Prophétes, & qu'elles l'écrasent. C'est ainsi qu'Esaïe menaçoit les Juifs, qui vouloient chercher , leur refuge en Egypte, que Dieu leur feroit entendre sa voix pleine de Majesté, ce qui probablement désigne le tonnerre, & qu'il les poursuivroit Hvec une flamme dévorante , avec une tempéte écla. tante, de avec des pierres de gréle. Dans le mê. me sens '4 l’Auteur de la Guerre d'Afrique parle d'un orage qui s'éleva subitement, & qui fut accompagné d'une gréle de pierres. Il femble que les paroles de Josué ne sauroient se prendre dans un autre fens, puis qu'après avoir dit que Dieu jetta de grosses pierres sur les Amor- Josué rhéens, il ajoûte , qu'il en mourut plus des pierres X. 11. de grele, que de Pépée. S'il y avoit.eu de grosfes pierres , outre la grêle, la mort du plus grand nombre de ceux qui périrent, n'auroit pas été artribuée à la grêle. Ce raisonnement paroit d'autant plus plausible que nous trouvons dans l'Ecriture un exemple d'une pluie de grêle, qui fit des ravages semblables à ceux, dont il est parlé dans l'his. toire que nous racontons. Moyse dit que par- Exod. 1x, mi les fleaux qu'il fit venir sur l’Egypte, il y eût une grêle d'un genre inoui jusques alors · Pleaume qui tua tous les hommes, toutes les bêtes, & qui brisa tous les arbres qui en furent frapez. 48. cv. C'est ausli dans ce sens que l'Auteur du Livre Écclef. de l'Ecclesiastique prend le pasiage que nous XLVI.6. cxpliquons. Mais 16. Hiß. Rom. Script. Lat. vetere 18. 19. &c. LXXVIII, XLIII. a Mais d'autres Interprétes ont crû, que ce feroit faire violence aux expressions de l'original, que de prendre pour de la grêle, ce qui est dit des pierres qui tomberent sur les Cananéens. C'est ce qu'entr’autres savans Hommes a foûtenu avec force's Dom Calmet dans une Differ. tation pleine d'érudition sur ce sujet, qu'il a placée à la tête de son Commentaire sur Josuć. Il faut reconnoitre que ce laboricux Auteur a renversé les prétensions de ceux, qui voudroient faire regarder comme impossible, que Dieu eût fait tomber de grosses pierres sur les Amorrhéens. Il croit même que Dieu n'a pas eu befoin de forcer les loix de la nature pour faire ce prodige, mais qu'il a dirigé les causes naturelles pour la victoire miraculeuse, qu'il youloit accorder aux Ifraëlites. Pour prouver cette Thése il emploie 1. des raisons physiques, 2. des faits incontestables. Il se peut que de grosses pierres ayent été formées ou transportées dans les airs par des caules physiques. Des tourbillons & des vents impetueux peuvent détacher des rochers, & les transporter dans les airs. Des feux & des vents foûterrains, venant à sortir avec éclat, peuvent produire un même effet. De la poussiére, du fable, élévez dans les airs & mêlez avec des parties sulphureuses, bitumineuses , huileuses, vitrioliques, qui s'exhalent de la terre, & qui sc 15 DON CALMIT Differt. sur la pluie des pierres, pag. 21. à la tête du vol. sur Josué. 16 M A SIUs in Josuam X. 11. pag. 1699, dans le second volume des grands Critiques. 17 DAMASCHus in lib. de Rglig. apud PLUTARCH. tom. I. in vita Lysandri pag. 439. Comme je rapporte ici les citations de DOM CALMÁT, j'avertis qu'il y a dans les preuves, qu'il allégue , deux fautes d'impresfion, à la lettre f, & à la lettre h, il y a platon pour Plutarque. se rassemblent dans une nuée, peuvent y former un corps combustible , qui venant à prendre feu, tombe sur la terre , par l'endroit le plus foible de la nuée. Ainsi des raisons physiques fuffiroient pour former une pluie de pierres, sans qu'il fût nécessaire d'avoir recours ou à l'opération du Démon, comme l'a fait 16 Mafius, ou à celle des Anges, comme l'ont fait quelques autres Interprètes. Après que Dom Calmet a apporté des raisons physiques pour appuier fa penlée, il la fonde aussi sur des faits. Il en allègue un grand nombre, qui sont très-savamment ramassez, & trèsdignes de la curiosité des Lecteurs. " Plutarque rapporte l'Histoire d'une pierre de foudre, qui tomba autrefois dans le Heuve d'Argos; ce qu'il y a de plus singulier, c'est que le Philosophe Anaxagore , qui croyoit que le Soleil est un grand rocher enflammé, avoit prédit la chute de cette pierre, & prétendoit qu'elle s'étoit détachée du Soleil : Damascus difoit, qu'on l'avoit vûe pendant soixante & quinze jours dans les airs comme une nuée enflammée, & agitée tantôt d'un côté, & tantôt d'un autre, avant qu'elle se précipitât : 18 Pline affûre, qu'elle étoit de la grandeur d'un chariot, & qu'on la conservoit encore de son temps avec un scrupule religieux. 19 Gassendi raconte, que le 29. de Novem. bre non. I1 18 PLIN. lib. XI. cap. 59. pag. 103. 19 GASSENDI Oper. tom. I. Phys. Sect. 14. lib. I: pag. 96. bre l'an 1637. vers les dix heures du matin, pendant un jour fort serein, deux perfonnes, qui étoient à la campagne, virent en l'air au dessus de la montagne de Vasson une pierre enflammée. Ils ouirent comme des coups de cás Il parut ensuite autour de cette pierre un cercle de divertes couleurs, & d'environ quatre piés de diamétre. Elle passa à cent pas d'eux, élévée de terre d'environ dix toiles. El. le'fesoit un fiflement pareil à celui d'un feu d'ar tifice, & rendoit une odeur comme de soufre i brulć. Elle tomba enfin. Plusieurs personnes accoururent à l'endroit où elle étoit tombée , & ils la trouvérent dans une fofle. Elle étoit grosfe comme la tête d'un veau, & on la conlerve encore à Aix en Provence. 30 Cardan rapporte ; qu'en l'année quinze cens dix il tomba dans la campagne voisine d'Addua, jusqu'à douze cens pierres , qui avoient la couleur du fer & l'odeur du soufre, II y en avoit une de cent vingt livres, & une de soixante. 11 Diodore de Sicile dit, que les Perses vous lant aller piller le Temple de Delphes, furent dillipez par des pluies , qui tömbérent avec u: * ne impetuosité extraordinaire : que la tempête; la foudre, & de gros carreaux de rochers détachez par la violence de l'orage, vinrent tout à coup fondre sur leur Camp, & leur tuérent un grand nombre de soldats. On trouve quelque chole 1. cap. 72. pag. 278. 20 CARDAN. tom. III. de váriệz. lib. XIV. 21 Diod. Sic tom. II. lib. XI. Biblioth. pag. 12, 22 PAU 8 AN. lib. X. pag. 855. 23 Justin. lib. XXIV. sub, fincma: |