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II.250

vres

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étoient envoyez.

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le

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une Nation, pour laquelle Dieu se déclaroit a-
vec tant de pompe. Les Auteurs facrez disent Voi. Jac,
qu'elle crût : & qu'elle fut justifiée par les au-

Ils mettent la conduite, qu'elle tint en-
vers les Espions, parmi les preuves qu'elle don-
na de la fincérité de la Foi. Elle les recueil-
lit, & elle favorisa le dessein pour lequel ils

Mais quoique la fituation de la maison qui touchoit aux murailles de la ville, & qui étoit peut-être pratiquée dans l'épaisleur des murailles mêmes, facilitât l'arrivée des Espions & quoique Rahab fut en poffeffion de recevoir des étrangers, ceux-ci turent bien-tôt découverts & suspects. il est vraisemblable que Roi de Jérico, qui avoit depuis quatre mois aux portes de fa capitale une Armée ennemie, Voi. composée de six cents mille hommes, déjà fa- Nombr: meule par la défaite de plusieurs Rois, étoit

&c. sur ses gardes. Il sut qu'ils étoient dans la XXXI.8. maison de Rahab, & il lui ordonna de les Jofué II, livrer.

Mais les mêmes motifs, qui l'avoient portée à les recevoir, l'engagérent à les dérober aux poursuites de ce Prince. Elle les fit monter sur le toict de la maison, qui, selon la coutume de ce temps-là , -étoit fait en forme de terrasse, & où Pon avoit étendu du lin encore en tige, pour le faire fecher. Rahab couyrit les Espions avec ce lin : elle dit à ceux qui les poursuivoient, que véritablement il é- Josué II, toit arrivé chez elle deux inconnus, mais qu'ils 2. n'y avoient fait aucun séjour , qu'ils s'étoient setirez incontinent, & qu'on n'avoit qu'à les

pourIo. pag. 316. col. 2,

XXI. I.

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poursuivre si on avoit dessein de les attein dre.

Quelle source si stérile pourroit-on imaginer, dans laquelle les Rabins n'euslent l'art de puifer quelque pensée? Il y a dans le Texte un fingulier, au lieu d'un pluriel, & c'est un tour d'expression assez ordinaire à la ! Langue Ste.

Rahab le cacha, au lieu de les cacha, ce qui femJosué II. 6.

bloit se mieux raporter aux deux Espions. Sur cela les · Juifs ont dit que Caleb seul, qu'ils prétendent avoir été un de ceux que Josué envoya avec Phinées, fut caché tous les tiges de lin:

que Phinées n'eut pas besoin de cette précaution, parce qu'il étoit Sacrificateur, &

par cela même invisible comme un Ange; selon ce

qui eft dit, le Sacrificateur est l'Ange de l'Eternel. Malach. 11. 7.

La feinte de Rahab lui réussit. Son conseil fut suivi, ou plûtôt les hommes envoyez par le Roi de Jérico donnerent dans le piége qu'elle leur avoit tendu. Ils crurent que les Espions étoient retournez dans les plaines de Moab d'où ils étoient venus & dans l'espérance de les surprendre, ils se hâterent d'aller occuper les lieux où il falloit que ces deux Ifraëlites passasfent le Jourdain. D'un autre côté le Roi de Jérico - avoit fait fermer les portes de la capitale , afin que les Espions n'en puslent fortir, s'ils y étoient encore.

Alors Rahab les degagea du lieu, où elle les avoit cachez. Elle leur declara les motifs

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qui

Act. X. 9.

8. Deuter. XI. 8. Jerem. XLVIII. 38. Matth. X. 27. 9. SALOM. JARChI in Josuam II. 6. pag. 6. Seder olam enota MEIER I pag. 401.

1o. Judai ita vocem Hebraicam intelligunt, ac si nervi Caranaorum fic effent remisli, ut nullus eorum amplius per

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qui la portoient à s'interesser li tendrement en leur faveur , & à être perfide à lon Prince pour favoriser des ennemis. Elle leur dit que ce n'étoit pas seulement pour ne pas violer les droits de l'hospitalité qu'elle les avoit recueil. lis; que quoiqu'au milieu d'un Peuple Idola. tre, elle adoroit le vrai Dieu, & elle croyoit devoir favoriser un Peuple , qu'il avoit choisi pour l'objet de lon amour. Elle leur découvrit les impressions que les conquêtes des Israelites avoient fait sur les habitans du pais de Canaan : elle leur dit qu'ils en étoient consternez, ou, comme porte le Texte, que leur cæur en étoit fondu : expression énergique, à laquelle " les Juifs ont donné un étrange sens. Elle les conjura de la recevoir sous leur protection : elle les pria instamment , que quand les grandes cspérances, qu'elle leur fesoit concevoir , seroient accomplies, ils se louvinssent de l'accueil qu'elle leur avoit fait; & elle exigea d'enx un ferment, par lequel ils s'engageaflint d'épargner non seulement la perlonne, mais son pére, fa mére, ses freres, ses fæurs, & tous ceux qui apartenoient à la maison.

La Religion Naturelle suffisoit pour aprendre à Rahab, que le Ciel étoit vangeur des parjures. Les Payens avoient une grande vénération

pour

le ferment: " ils en fesoient un Dieu, que les Grecs apelloient õgxos. Ils attribuoient aussi à leur Jupiter une inspection

para tuerit venere uti. SALOM JARCHI in Jof. II. II. pag. 6. WĄGENSEIL in Sota Cap. VII. sect. 3. pag. 700.

11. HESIODI Dies vers. 40.

12. Voi. A ul. GELL. Lib. I. Cap. 21. pag. 107. Voi. aussi l'Autel Jovi fidio, Dionys. HALICAR N. Arrig, Rgman, Lib. IX. Cap. 9. pag. 389

AS

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particuliére sur le ferment. Ils témoignoient par les cérémonies singuliéres , dont ils l'accompagnoient, qu'ils le regardoient comme une chole sacrée. Ils attestoient les Dieux. Ils posoient les mains sur les Autels : de là vient cette description , que ' Juvenal fait des Athécs:

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Sunt in Fortuna, qui casibus omnia ponant,
Et nullo credant Mundum Rectore moveri.
Naturâ volvente vices, co lucis, eo anni ;
Atque ided intrepidi quæcunque altaria tangunt.

C'est-à-dire : Il y a des gens qui attribuent tout au Hazard: ils croyent que le Monde n'eft gouverné par aucun Mattre , & que la Nature feule regle les vicisitudes des jours des années; c'est pour cela qu'ils portent sans scrupule leurs mains sur les autels.

" Ils diloient qu'une des fonctions des Furies étoit de parcourir la terre pour bourreler les parjures. Ils croyoient que les Dieux ne manquoient jamais de les punir: que cette punition étoit quelquefois exercée dans ce Monde , & pafloit jusqu'aux descendans de ceux qui en étoient coupables, mais qu'elle l'étoit principalement dans la vie à venir : de là vient

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ce

13. JUVENAL. Satir. XIII. vers. 86. &c. Voi. aussi PLAUT. Rudens act. V. scen. 2. vers. 46. CICER o pro Flacco c. 36. pag. 192. edit. de Grævius. VIRGIL. Æneid. XII. vers. 201. Tango aras; mediosque iynes , ac numina cestor. Justin. XXIV. 2. Sumtis in manus altaribus, coniingens ipsa simulachra o pulvinaria Deorum inauditis ultimisque exsecrationibus adjurat. pag. 329.

14. Voi. HESIOD. Dies vers. 38. 39.40. 15. CICER, wie Legibus Lib. II. Tom. 4. pag. 324

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me.

& ils inyo

\ Selden rapor

ce mot de " Ciceron, que Pinfamie est la peine attachée par les hommes au parjure, mais que les Dieux le punissent d'une ruine totale. Ils témoi

19. gnoient par leurs Formulaires, qu'ils se soû. mettoient aux châtimens les plus rigoureux, s'ils se rendoient coupables d'un fi grand cri

Quelquefois ils prenoient une pierre qu'ils jettoient en disant, que Jupiter me rejette tomme je rejette cette pierre, fi je manque à ma parole: * quelquefois ils tiroient leur épée, qu'ils mettoient vis à-vis de leur

gorge, quoient comme yangeurs du parjure le Ciel, la Terre, les Furies, le Soleil. te un long Formulaire du ferment, & qui fait voir l'idée que l'Antiquité Payenne fe formoit de cette cérémonie: c'est un Vettius Valens Aftrologue , qui l'exigeoit de les Disciples, pour les engager à ne pas revéler les Mystéres de la Secte.

Si le serment étoit regardé par les Idolatres comme un des actes les plus facrez de la Religion, à plus forte raison l'étoit-il par les Ifraëlites. Ils favoient qu'il constitue une des parties les plus essentielles du Culte suprême; ils étoient élevez dans une Religion qui leur prefcrivoit cet ordre : Tu craindras PEternel to Deuter. Dieu: tu le serviras, o tu jureras par fon nom. VI. 13. Comme ils étoient convaincus qu'on devoit le

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garPerjurii poena divina exitium, humana dedecus.

16. Voi. en une riche compilation dans SELDEN de Synedriis Lib. II. Cap. 2. pag. 834.

17. Voi. diverses preuves dans LUDOV. CÆL. RHO, DIGINI Lection. Antiq Lib. XXI. Cap. 15. pag. 1166. i 18. Voi. D10 nys. 'HALICARNAS s. Lib. IV. Cap. 70. pag. 254. Lib. IX. Cap. 10. pag. 544.

19. SELDEN de Synedr. Lib. II. Cap. II. pag. 838,

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