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DE

RIEN

DÉDIÉ

A PERSONNE.

AVEC UNE POSTFACE.
Troifiéme Edition, peu revûë, nullement
corrigée, & augmentée de plufieurs
RIENS.

Ou on à joint

L'ELOGE

DE

QUELQUE CHOSE.

A PARIS,

Chez ANTOINE DE HEUQUEVILLE.
Libraire, ruë Gift-le-cœur, à la Paix.

M DCC XXX.

Avec Approbation & Permission.

BIBLIOTHECA REGIA MOAACENSIS,

Bayerische Staatsbibliothek

München

EPITRE DEDICATOIRE

UN

A

PERSONNE.

N. Auteur dédie ordinairement fon Ouvrage ou à un grand Seigneur dont il brigue la proteation, ou a quelque Financier libéral dont il couche en joue le coffre fort ou à une Nymphe bien aimée dont il veut s'acquerir les bonnes graces; ou enfin à un Ami qu'il veut préconifer à charge de retour. Le burlesque Scaron a dédié un de fes Ouvrages à une Chienne & le mordant Furetiere en a dédié un au Bourreau. Pour moi,

plus fage ou plus fou, comme il plaira A 2

au

au redouté Lecteur de me nommer, felon le jufte droit qu'il en a acquis en m'achetant, je dédie mon Eloge de RIEN à PERSONNE. Je ne doute pas qu'une pareille Dédicace ne révolte bien des gens, qui accoutumez à n'approuver que leurs propres inventions, ont toujours des difpofitions prochaines à blâmer celles des autres. Que cet Auteur fantafque, diront ces Cenfeurs pointilleux, entend mal fes intérêts! N'auroit-il pas incomparablement mieux fait de dédier fon Ouvrage de RIEN à un Homme de quelque chofe, que d'en offrir la Dédicace à PERSONNE; Dédicace auffi infructueufe que ridicule, & dont un RIEN des plus fecs fera toute la récompense? Il est vrai que peut-être un Seigneur que j'aurois héroïfié à tout hafard dans mon Epître dédicatoire, m'auroit régalé d'un je vous remercie bien articulé, & de quelque embraffade un peu vive, ou qu'une belle Iris dont j'aurois vanté le mérite équivoque à la tête de mon Livre,

auroit

auroit pû me rendre menfonge pour menfonge, & flaterie pour flaterie. Quoi qu'il en foit, pour parler franchement fuivant ma peu loüable coutume, j'aime autant un RIEN de PER. SONNE, que les careffes ftériles & les belles paroles d'un grand Seigneur; & de l'humeur dont m'a fait Dame Nature, les promeffes les plus flateufes des Iris & des Clymenes, fi bien affaisonnées foient-elles, & un beau RIEN font à peu près pour moi la même chose.

D'ailleurs fi Meffieurs les Contrô- ́ leurs ordinaires des Ouvrages des autres fçavoient les obligations que j'ai à PERSONNE, fans doute qu'ils ne feroient pas fi choquez de ma Dédi- . cace. Quand enyvré de la folle vanité de me faire un nom dans la République des Lettres, j'ai quitté le tranquille séjour de la Province pour venir me transplanter à Paris, le séjour de la confufion & du dèfordre, veut on fçavoir qui à mon arrivée en cette Ville eft venu me vifiter & me

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