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CHOIX D'ANECDOTES, BONS MOTS, CHANSONS
GAULOISERIES, ÉPIGRAMMES

ÉPITAPHES, RÉFLEXIONS ET PIÈCES EN VERS DES FRANÇAIS
DEPUIS LE XV SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS

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LES FEMMES. MARIAGE. GENS ET CHOSES DE JUStice.

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PARIS

H. WELTER, LIBRAIRE-ÉDITEUR

4, RUE BERNARD-PALISSY, 4

PRÉFACE

Quæ sunt ad honeste subridendum.

Ci-inclus de quoi faire sourire un honnête homme.

Cet ouvrage sans prétention ne vise nullement à l'érudition. Son but? Récréer le lecteur et lui montrer sous quelle forme légère et concise nos ancêtres ont excellé à présenter leur pensée. Composé au hasard des lectures, sans aucun parti pris, sans la moindre tendance, il ne saurait, nous l'espérons du moins, faire double emploi avec les Ana dont il existe tant de recueils qui se sont copiés les uns les autres.

Nous n'avons point cherché à rectifier les erreurs pouvant exister dans les attributions d'auteurs. Nous n'avons pas cherché non plus à savoir si tel bon mot, si telle anecdote est ou non apocryphe. A quoi bon? Ici, comme en histoire, la légende seule reste et nous l'acceptons sans protestation pourvu qu'elle revête une forme fine et spirituelle.

Le peuple français est certainement une nation très morale. Néanmoins son esprit frondeur aime parfois à exprimer ses idées dans un langage d'une hardiesse extrême. Dans ce livre, qui n'est pas ad usum Delphini, on en trouvera plusieurs exemples. Mais qui voudrait se formaliser de ces licences de plume devrait

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d'abord réformer la tendance d'esprit d'un peuple qui, même dans les circonstances les plus sérieuses, se plait à rire et chansonne tout, le sacré comme le profane.

Au surplus, les quelques anecdotes suivantes indiqueront bien ce que les auteurs pensent de ce genre de divertissement.

Amys lecteurs qui ce livre lisez
Despouillez-vous de toute affection;
En le lisant ne vous scandalisez,
Il ne contient mal ne infection
Vray est qu'icy peu de perfection
Vous apprendrez, sinon en cas de rire;
Aultre argument ne peut mon cuœur élire

Voyant le dueil qui vous mine et consomme :
Mieulx est de ris que de larmes escripre

Pour ce que rire est le propre de l'homme.

Patenôtres et oraisons

Rabelais.

Sont pour ceux-là qui les retiennent.
Un fifre, allant en fenaison,

Va plus fort que deux qui en viennent.

Rabelais.

Montaigne dit « qu'il hait les savans qui ne peuvent rien faire sans livres ». Un poète italien voulant donner un exemple d'un homme dans la dernière confusion dit : « qu'il est comme un pédant qui a perdu son calepin ». En effet les gens de ce caractère n'ont point de savoir mais savent où il y en a. Ce sont les index de tous les bons livres. Leur conversation vous apprendra qu'il y a dans Senèque ou dans Cicéron une telle pensée en un tel endroit et dans un tel chapitre. Montaigne a bien raison de dire que la science est un sceptre en de certaines mains et en d'autres une marotte. Cela est joliment pensé.

Charpentier.

Marin Mersenne, de l'ordre des Minimes, savait employer ingénieusement les pensées des autres; ce qui fait qu'un jour La Mothe-le-Voyer appela ce père le bon larron.

Charpentier.

Ménage avait une mémoire très heureuse s'étant trouvé chez Mme de Rambouillet avec plusieurs autres dames, il les entretint de choses fort agréables qu'il avait retenues de ses lectures. Mme de Rambouillet, qui s'en apercevait bien, prit la parole et lui dit : « Tout ce que vous dites est très bien, Monsieur, mais dites-nous quelque chose de vous présentement. >>

Mon père et lui (l'abbé Tallemant son frère) avaient quelquefois. d'assez plaisants dialogues. Le bonhomme savait de bons contes,

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