en homme, lorsque pour consoler fon fils qu'une blessure glorieuse avoit rendu boiteux, elle lui disoit: Va,mon fils, tu ne saurois plus faire un pas, qui ne te fasse souvenir de ta valeur. Après la prise de Méthone, Philip- Diod. pag. pe toujours attentif ou à affoiblir ses 432-435ennemis par de nouvelles conquêtes, ou à s'attacher de nouveaux amis par des services importans, marcha en Thessalie, qui avoit imploré son secours contre les Tyrans. La mort d'Alexandre de Phére sembloit avoir assuré la liberté du pays. Mais les fréres de Thébé sa femme, qui l'avoient massacré de concert avec elle, las d'avoir joué quelque tems lespersonnages de Libérateurs, firent revivre fa tyrannie, & accablérent les Thessaliens d'un nouveau joug. Lycophron, l'aîné des trois fréres, qui avoit succédé à Alexandre, s'étoit fortifié de la protection des Phocéens. Onomarque, leur Chef, lui mena un gros corps de troupes, & remporta d'abord contre Philippe un avantage affez considérable: mais dans une seconde action, il fut entiérement vaincu, & fon armée mise en déroute. Les fuiards furent poursuivis jusqu'au bord de la mer. mer. Plus de fix mille hommes de meurérent sur la place, du nombre desquels étoit Onomarque, dont le corps fut attaché à une potence: & trois mille prisonniers qu'on avoit faits furent précipités dans la mer, par ordre de Philippe, comme des facriléges & des ennemis de la Religion. Lycophron livra la ville de Phére, & par sa retraite laissa la Thessalie en liberté. Par lheureux succès de cette expédition, Philippe se concilia pour jamais l'affection des Thessaliens, dont l'excellente Cavalerie, jointe à la Phalange Macédonienne, eut depuis tant de part à ses victoires, & à celles de fon fils. Phaylle, qui avoit fuccédé à son frére Onomarque, trouvant les même ressources que lui dans les richesses immenfes du temple, leva une armée nombreuse; & foutenu par les troupes des Lacédémoniens, des Athéniens, & des autres Alliés, qu'il paioit grassement, il passa dans la Béotie, & attaqua les Thébains. Les avantages & les pertes furent long-tems balancées de part & d'autre, mais enfin Phaylle, saisi d'une maladie fubite & violente, après avoir fouffert souffert de cruels tourmens, finit sa vie d'une maniére digne de ses impiétés & de ses sacriléges. On. mit à fa place Phalécus, fils d'Onomarque, encore tout jeune; on lui donna pour conseil Mnaféas, qui avoit beaucoup d'expérience, & étoit fort attaché à sa famille. Le nouveau Chef, marchant sur les traces de ses prédécesseurs, pilla comme eux le temple, & enrichit tous ses amis. Les Phocéens ouvrirent enfin les yeux, & nommérent des Commiffaires pour faire rendre compte à tous ceux qui avoient touché les deniers publics. Phalécus fut déposé, & il se trouva, par l'enquête exacte qu'on fit, que depuis le commencement de la guerre en avoit tiré du temple plus de dix mille talens, c'est-à-dire plus de trente millions de notre monnoie. Av. J. C. Philippe, après avoir délivré la AN. M. Thessalie, fongea à porter ses armes 3652. dans la Phocide. Voici la premiere 352. tentative qu'il fait pour mettre le pié dans la Gréce, & pour entrer dans les affaires générales des Grecs, dont les Rois de Macédoine avoient toujours été exclus comme étrangers. Dans ce dessein, sous prétexte de paf fer en Phocide, & d'y aller punir les Phocéens facriléges, il marche vers les Thermopyles pour s'emparer d'un passage qui lui donnoit une entrée libre dans la Grèce, & fur tout dans l'Attique. Les Athéniens, au bruit de cette marche, qui pouvoit avoir d'é tranges suites, & pour eux & pour toute la Grèce, accoururent aux Thermopyles, & se saisirent à propos de ce passage important, que Philippe n'osa pas même entreprendre de forcer; ainsi il fut obligé de retourner en Macédoine. §. III. Démosthène, à l'occasion de l'entreprise de Philippe sur les Thermopyles, harangue les Athéniens, & les anime contre ce Prince. Il est peu écouté. Olynthe, à la veille d'étre affiégée par Philippe, implore le secours des Athéniens. Démosthene tâche, par fes barangues, de les tirer de leur afsoupissement. Ils n'envoient que de foibles fecours. Philippe enfin se rend maître de la place. COMME la suite va nous montrer Philippe aux prises avec les Athéniens, & que par les vives exhortations & les sages conseils de Démofthéne ils deviendront ses plus grands ennemis, & les plus puissans obstacles à ses desseins ambitieux, il ne paroit pas hors de propos, avant que d'entrer en matiére, de tracer un portrait abrégé de l'état présent d'Athénes, & de la disposition actuelle de ses citoiens. Il ne faut pas juger du caractére des Athéniens dans le tems dont nous parlons, par celui de leurs ancêtres du tems des batailles de Marathon & de Salamine, de la vertu desquels ils avoient extrêmement dégénéré. Ce n'étoit plus les mêmes hommes, ni les mèmes maximes, ni les mêmes mœurs. On n'y voioit plus le même zèle pour le bien public, la même application aux affaires, le même courage pour essuier les fatigues de la guerre sur terre & fur mer, le même soin de ménager les finances, la même docilité pour les conseils salutaires, le même difcernement dans le choix des Généraux d'armée & des Magiftrats à qui ils confioient l'administration de l'Etat. A ces difpofitions fi uri'es C2 |