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le remarque après Polybe, la différen ce qu'il y a entre la a Phalange Macé donienne, formée d'un gros bataillon fort épais de toutes parts, & qui ne pouvoit fe mouvoir que tout d'une piéce ; & l'armée Romaine diftinguée. en petits corps, & par cette raison plus. promte & plus difpofée à toute forte de mouvemens. La Phalange ne peut conferver longtems fa propriété naturelle, (c'eft ainfi que s'explique Poly. be) c'eft-à-dire fa folidité & fa confif tance, parce qu'il lui faut des lieux propres, &, pour ainsi dire, faits. exprès;& que faute de les trouver, elle s'embarraffe elle-même, ou plutôt el-. le fe rompt. par fon propre mouve ment: joint qu'étant une fois enfoncée, elle ne fait plus fe rallier. Au lieu que l'armée Romaine, divifée en fes petits corps, profite de tous les lieux, & s'y accommode. On l'unit & on la fépare

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a Statarius uterque miles, ordines fervans ; ; fed illa phalanx immobilis, & unius generis : Romana acies diftinctior; ex pluribus partibus conftans; facilis partienti quacumque opus ef-fet, facilis jungenti. Tit. Liv. lib. 9. n. 19.

Erant pleraque fylveftria circà, incommoda phalangi, maximè Macedonum, quæ, nifi ubi prælongis haftis velut vallum ante clypeos ob jecit, quod ut fiat libero campo opus eft) nul ljus admodum ufus eft. Id. lib.3L n. 39, .

Plut. in

mil. pag.

265. 266. Tit. Lit.

fépare comme on veut. Elle défile aifément, & fe raffemble fans peine. Elle eft propre aux détachemens, aux ralliemens, à toute forte d'évolutions qu'elle fait ou toute entiére, ou en partie, felon qu'il eft convenable. Enfin elle a plus de mouvemens divers, & par conféquent plus d'action & plus de force que la Phalange.

a

C'eft ce qui fit remporter à Paul Paul. - Emile la célébre victoire contre Perfée. Il avoit d'abord fait attaquer de front la Phalange. Mais les Macédoniens ferrés les uns contre les autres, tenant à deux mains leurs piques, & préfen

lib. 24. n. 41.

• Secunda legio immiffa diffipavit phalan gem: neque ulla evidentior caufa victoriæ fuit, quàm quod multa paffim prælia erant, quæ Auctuantem turbarunt primo, deindè difjecerunt phalangem ; cujus confertæ, & intentis horrendis haftis, intolerabiles vires funt. Si carptim aggrediendo circumagere immobilem longitudine, & gravitate haftam cogas, confufa ftrue implicantur: fi vero ab latere, aut ab tergo, aliquid tumultus increpuit, ruinæ modo turbantur. Sicut: tum adverfus catervatim irruentes Romanos, & interrupta multifaria acie, obviam ire cogebantur: & Romani, quacunque data intervalla effent, infinuabant ordines fuos. Qui fi univerfa acie in frontem adverfus inftructam phalangem concurriffent... induiffent fe haftis, nec confertam aciem fuftinuiffent. Tit. Liv.

présentant à l'ennemi ce rampart de fer, ne purent jamais ni être rompus ni être entamés. Mais enfin l'inégalité du terrain, & la grande étendue du front de la bataille, ne permettant pas aux Macédoniens de continuer par tout cette haye de boucliers & de piques, Paul Emile remarqua que la Phalange étoit forcée de laiffer des ouvertures & des intervalles. Il la fit attaquer par ces ouvertures, non plus de front & d'un commun effort, mais par troupes détachées & par différens endroits tout à la fois. Dans un moment la Phalange fut rompue, & toute fa force qui ne confiftoit que dans fon union, & dans l'impreffion qu'elle faifoit toute ensemble, s'évanouit. Et ce fut là la caufe du gain de la bataille. Le même Polybe, dans le 12e. Livre Liv. 1. P. 668. que j'ai déja cité, décrit en peu de mots Pordre de bataille de la cavalerie. Il donne à un escadron huit cent chevaux rangés pour l'ordinaire fur cent de front, & fur huit de hauteur. Un tel efcadron occupoit par fon front un ftade, c'eft-à-dire cent toifes,fur le pié d'une toise, ou fix piés, par cavalier, efpace qui lui étoit néceffaire pour faire fes évolutions & fes ralliemens. Dix efca

AN. M.. 3049. Av. J. C.

355.

16. pag. 425-433.

efcadrons,qui font huit mille chevaux,. occupoient dix fois autant d'efpace, c'eft-à-dire dix ftades, ou mille toifes, ce qui fait à peu près une demi lieue.

On peut juger par ce qui vient d'être dit, du terrain qu'occupoit une armée fuivant le nombre d'infanterie & de cavalerie dont elle étoit compofée

S. IE

Guerre facrée. Suite de l'hiftoire de Philippe. Il tache en vain de s'em parer des Thermopyles.

LA DISCORDE, qui tenoit con tinuellement les Grecs dans des def pofitions prochaines à une rupture ou verte, fe ralluma vivement à l'occafion des Phocéens. Ceux-ci habitoient Diod. lib. les environs, du temple de Delphes. Ils s'aviférent de labourer des terres. confacrées à Apollon, ce qui étoit les profaner. Autfi-tôt les peuples d'alentour criérent au facrilége, les uns de bonne foi, les autres pour couvrir d'un pieux prétexte leur ven. geance particuliére. La guerre qui furvint à ce fujet s'appella, La guerre facrée, comme entreprise par un mo

tif de religion, & dura dix ans. On dénonça les profanateurs aux Amphictyons, qui compofoient les Etats généraux de la Grèce. L'affaire bien difcutée, les Phocéens furent déclarésfacriléges, & condannés à une groffe amende.

2.0.516.

Philoméle, un de leurs principaux sitoiens, homme audacieux & fort accrédité, aiant prouvé par des vers d'Homére qu'anciennement la fouve- Iliad. L. raineté du Temple de Delphes appartenoit aux Phocéens, les revolte contre ce Décret,, les détermine à prendre les armes, & eft déclaré Général. Hfe rend auffi- tôt à Sparte, pour engager les Lacédémoniens dans fon parti. Ils étoient fort mécontens d'une fentence qu'avoient porté contr'eux. les Amphictyons à la follicitation des Thébains, par laquelle ils avoient été condannés auffi à une amende, pour s'être emparés par fraude & par violence de la citadelle de Thébes. Ar-. chidamus, l'un des Rois de Sparte, reçut fort bien Philoméle. Il n'ofa pourtant pas encore fe déclarer ouvertement pour les Phocéens, mais promit de l'aider d'argent, & de lui fournir fecrettement des troupes, ce qu'il exéPhilo

cuta,

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