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Av. J. C.

Alex. pag.

12. cap.16.

au monde à Pella capitale de la Macédoine, la premiére année de la CVI. AN. M. Olympiade. Philippe, alors abfent de 3648. fon roiaume, apprit * en même tems, 356. fi l'on en croit Plutarque, trois nouvel. Plut. in les bien agréables pour lui: qu'il avoit 666. été couronné dans les Jeux Olym- Juftin. lib. piques, que Parménion l'un de fes Généraux avoit remporté une grande victoire contre les Illyriens, & qu'il lui étoit né un fils. Ce Prince, effrayé Plut. in d'un fi rare bonheur, que les payens Apophch. croient annoncer fouvent une trifte P. 185. catastrophe, s'écria: Grand Jupiter, pour tant de biens envoie moi au plutôt quelques légères difgraces.

On peut juger du foin & de l'atten- Aul. Gell tion que Philippe donna à l'éducation lib. 9. cm. de ce Prince, par la lettre qu'il écri-3. vit peu de tems après fa naiffance à Aristote, pour lui marquer dès lors qu'il le choififfoit pour Précepteur de fon fils. Je vous apprens, lui dit-il, que j'ai un fils. Je rends graces aux Dieux, non pas tant de me l'avoir donné, que de me l'avoir donné du tems d'Ariftote. J'ai leu de me promettre que vous en ferez un B 2

Juc

* Plutarque fuppofe qu'il apprit ces nouvelles auffat après la prise de Potidée: mas cctte ville avou #é prise deux uns auparavant.

fucceffeur digne de nous, unRoi digne de la Macédoine. Que de perfées ne fait point naître la lecture de cette lettre, bien éloignée de nos mœurs, mais bien digne d'un grand Prince & d'un bon Pére! Je les laiffe aux réflexions du Lecteur, & je me contente d'avertir que cet exemple eft une grande leçon pour les particuliers mêmes, qui leur apprend le cas qu'ils doivent faire d'un bon maître, & le foin empreffé qu'ils doivent apporter pour en trouver un excellent a car un fils tient lieu à chaque pére d'un Alexandre. Il paroit que Philippe b mit de bonne heure Ariftote auprès de fon fils, perfuadé que le fuccès des études dépend des commencemens, & que le plus habile homme ne l'eft pas trop pour bien enseigner les principes.

Defcrip

a Fingamus Alexandrum dari nobis, impofitum gremio, dignum tanta cura infantem: [quanquam fuus cuique dignus eft. ] Quintil. lib. 1. cap. I.

b An Philippus Macedonum rex Alexandro filio fuo prima literarum elementa tradi ab Arif totele fummo ejus ætatis philofopho voluiffet, aut ille fufcepiffet hoc officium, fi non ftudiorum initia à perfectiffimo quoque tractari, pertinere ad fummam, credid flet! Quintil. ibid.

Defcription de la Phalange
Macédonienne.

17.p. 764

Elian. ce

LA PHALANGE a Macédonien. Poly. ne étoit un corps d'infanterie, compo- 767. fé de feize mille hommes pefamment Id.lib.1.. armés, & que l'on avoit coutume de pag. 664. placer au centre de la bataille. Outre inftruend l'épée, ils avoient pour armes un bouclier & une pique, appellée par les Grecs Sariffe. Cette pique avoit qua torze coudées de longueur, c'est-àdire vingt & un piés: car la coudée eft d'un pié & demi..

La Phalange fe divifoit ordinairement en dix corps, dont chacun étoit compofé de feize cent hommes, rangés fur cent de front, & feize de profondeur. Quelquefois on doubloit ou on dédoubloit ce dernier nombre felon l'exigence des cas, de forte que la Pha-, lange n'avoit quelquefois que huit de profondeur, & d'autres fois en avoit trente-deux. Mais fa profondeur ordinaire & réglée étoit de feize. L'efpace qu'on laiffoit à chaque B 3 foldat

a Decem & fex millia peditum more Macedo num armati fuere, qui Phalangitæ appellebantur. Hæc media acies fuit in fronte, in decem partes divifa.. Tit. Liv. lib. 37. n. 40.

foldat dans les marches, étoit de fix piés, ou, ce qui eft la même chose de quatre coudées ; & les rangs étoient auffi à fix piés l'un de l'autre. Quand on menoit la Phalange contre l'ennemi pour l'attaquer, le foldat n'occupoit que trois piés, & les rangs fe raprochoient à proportion. Enfin quand il s'agiffoit de recevoir feulement l'ennemi, & de lui résister, la Phalange fe preffoit encore davantage & chaque foldat n'occupoit qu'un pié & demi.

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On voit aisément par là l'efpace différent qu'occupoit dans ces trois cas le front de la Phalange, en la comptant de feize mille hommes fur feize de profondeur, ce qui fuppofe qu'elle avoit mille hommes de front. Cet efpace, dans le premier cas, étoit de fix mille piés, qu de mille toifes qui font dix ftades, c'eft-à-dire une demi lieue. Dans le fecond cas, cet efpace diminuoit de la moitié, & ne Benq fta- tenoit que cinq cent toifes. Et dans le des. troifiéme, il diminuoit encore d'une Deux ftades & de- autre moitié, & ne tenoit, que deux cent cinquantes toifes.

mi.

Polybe examine la Phalange dans le cas où elle marche contre l'ennemi

pour

pour l'attaquer. Chaque foldat pour lors occupoit trois piés en largeur, 3 autant en profondeur. Nous avons vû que la pique dont il étoit armé avoit quatorze coudées de long. L'efpace entre les deux mains, & ce qui débordoit de la pique au dela de la droite, en occupoit quatre. Par con féquent la pique s'avançoit de dix coudées au delà du corps de celui qui la portoit. Cela pofé, la pique des foldats placés au cinquiéme rang, que j'appellerai les cinquièmes, & ainfi du refte, paffoit le premier rang de deux coudées, celle des quatrièmes de quatre, celle des troifiémes de fix, celle des feconds de huit; enfin la pique des premiers s'avançoit de dix coudées vers l'ennemi.

On conjecture aifément combier la Phalange, cette groffe & lourde machine, hériffée de piques comme on vient de le voir, devoit avoir de force quand elle s'ébranloit toute enfemble pour attaquer l'ennemi piques baiffées, & pour tomber fur lui de tout fon poids. Les foldats placés au delà du cinquiéme rang tenoient leurs piques élevées en haut, mais un peu inclinées fur les rangs qui les précé B 4

doient,

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