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Si la facilité de faire des vers latins était héréditaire dans cette familie, le génie ne l'était point: car les poésies de l'èchevin n'ont ni la vèrve, ni l'enthousiasme de celles du chanoine de St.-Victor.

SARASIN, (Jean-François) naquit en 1604 à Hermanville sur la Mer, dans le voisinage de Caeu. Il était secrétaire et favori du prince de Conti. On prétend qu'il mourut de cha

plus grande étendue. Ses poésies sacrées consistent dans un grand nombre d'hymnes, dont quelques-unes sont des chef-d'oeuvres de poésie. Plusieurs de ses pièces ont été mises en vers français. Ces traductions ont été recueillies dans l'édit. de ses Œuvres, en 3 vol. in-12, Paris, 1729, sous ce titre: Joannis-Baptiste Santollii,victorini, operum omnium editio tertia, in qua reliqua opera nondum conjunctim edita reperiuntur, apud fratres Bar-grin d'être tombé dans sa disbou, viâ jacobæâ, sub signo ciconiarum: cum notis, curâ Andrea francisci Bilhard, magistri in artibus universitatis Parisiensis. Ses hymnes forment un 4 vol. in-12. On a publié sous le nom de Santoliana ses aventures et ses bons mots. Ce recueil est de la Monnoie.

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SANTEUL, (Claude) frère du précédent, né à Paris en 1628, et mort en 1684, se fit autant estimer par ses talens pour la poésie, que par son érudition et ses vertus. Il était aussi doux que son frère était impétueux. On a de lui de belles hymnes, qu'on conserve en manuscrit, en 2 vol. in-4°; et une bonne pièce de vers, imprimée avec les ouvrages de son frère.

SANTEUL, (Claude) parent des précédens, marchand et échevin à Paris, mort vers 1729, a fait des hymnes, imprim. à Paris, 1723, in-8°.

grace en 1654, âgé de 51 ans. Sarasin est, sans contredit, un des meilleurs écrivains et des plus agréables poètes de son tems. Il était si peu jaloux de ses productions, qu'il ne prit jamais aucun soin de les rendre publiques. C'est à Ménage et à Pélisson, que nous sommes redevables du recueil de ses Œuvres, qui, à beaucoup près, ne les renferme pas toutes. Ce recueil tel qu'il est, suffit pour prouver que Sarasin ne mérite point l'oubli où il paraît tombé aujourd'hui. Les meilleurs ouvr, en prose de Sarasin sont : l'Hist. du Siège de Dunkerque, et celle de la Conspiration de Walstein, toutes deux écrites avec une noblesse et une simplicité qui sont des modèles du genre historique. On recounaît dans la première un écrivain, qui, comme dit Pélisson, n'abandonne pas le jugement, pour courir après le bel-esprit, et ne cherche point de fleurs, quand

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c'est la saison des fruits. La seconde, est écrite du style qui lui convient. Comme le sujet en est plus intéressant, plus compliqué que celui du Siége de Dunkerque, l'écrivain y déploie plus librement les richesses de son esprit. Il peint plutôt qu'il ne raconte. Son imagination, vive et judicieuse tout ensemble, répand la chaleur et la vie sur tous les objets; le style en est clair. simple, méthodique, plein de grace et de dignité. On est fâché que cette histoire ne soit qu'un fragment, et que l'insouciance de l'auteur ne lui ait pas permis de la finir en entier. Nous ne parlerons pas du Discours sur la tragédie, dont les excellentes observations ne sont pas capables d'excuser la sotte apologie qu'il y fait de l'amour tyrannique de Scudery. Aussi fautil remarquer que Sarasin était jeune alors, et que ce fut son premier ouvrage. La Pompe funèbre de Voiture est une pièce originale. La prose et les vers, mêlés ensemble, s'y prêtent un mutuel agrément. On peut la regarder comme un petit chef-d'œuvre d'in'vention, d'esprit, de délicatesse et de plaisanterie. Sarasin est encore plus estimable dans sa poésie, que dans sa prose. La fécondité de sa verve s'est exercée sur toutes sortes de sujets, et dans presque tous les genres, depuis le poëme héroïque jusqu'au madrigal.

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Dans son églogue des Amours d'Orphee, il a imité, avec autant d'élégance que de succès, l'épisode des géorgiques sur le même sujet. Le poeme de Dulot vaincu ou la Défaite des Bouts-rimes, est un mêlange agréable de plaisanterie, de traits sublimes, qui pourraient figurer dans le meilleur poëme épique. Nous ne parlons point de ses Poésies légè res. Il suffit de dire qu'elles sont plus variées, plus ingénieuses que celles de Voiture, son contemporain. Qu'on se rappelle, après cela, que Sarasin était l'homme du monde le plus agréable dans la société, et on aura une idée complète de son mérite. L'abbé d'Olivet dit que Pélisson, passant par Pézenas, où était mort Sarasin, se transporta sur sa tombe et l'arrosa de ses pleurs.

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Il lui fit faire un service, fon- | da en sa mémoire un anniversaire, tout protestant qu'il était alors, et lui consacra cette epitaphe :

« Pour écrire en style divers, » Ce rare esprit surpassa tous les

>> autres.

» Je n'en dis plus rien, car ses ver's >> Lui font plus d'honneur que les

» nôtres ».

Les Œuvres de Sarasin furent recueillies à Paris en 1656, in-4°, et 1685, 2 vol. in-12. Le Discours préliminaire est de Pélisson.

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il se distingua dans toutes ses classes: il sortit des mains de ses maîtres rempli de talens, et justifiant déjà une partie des espérances qu'il avait données, Destiné à la magistrature, il fit ses études de droit, et fut reçu à dix-huit ans conseiller au parlement, le 7 septem bre 1748. Ce fut alors que se voyant maître de lui-même, il crut pouvoir donner une partie de son tems à l'étude des mathématiques. Il avait déjà fait de tels progrés dans cette science, que dès sa première jeunesse, il avait acquis dans l'optique et dans la consSARAZIN a publié : Consi- truction des instrumens prodérations sur les causes géné-pres à l'observation, des conrales de l'anevrisme et de la naissances, dont on serait horupture spontanée des vais-noré dans un âge plus avancé. seaux sanguins-artériels, bro- Pendant une maladie qu'il fit, chure in-12. conçut le plan d'un nouveau télescope; et dès qu'il eut recouvre la santé, il l'exécuta avec succès. Il fondit et polit lui-même un miroir d'un pied de foyer, qui fut monté en cuivre. Cette machine, qui est parallactique, forma un excellent télescope. Bochart le confia à l'astronome Messier, quil'employa avec succès dans différentes observations: il était en 1795 entre les mains de Méchain. Bochart, encouragé par ce premier succès, ne tarda pas à s'élever plus haut. Il fondit et polit un miroir de métal plus considérable, auquel il donna 6 pouces de diamètre, et 30 pouces de foyer. Ce télescope, qui fut

SARON, Jean-Baptiste BOCHART de) issu de la famille qu'avaient illustrée le célèbre Samuel Bochart, et une foule d'autres individus chers aux savans et à l'Etat, naquit à Paris le 16 janvier 1730; il était fils unique, et il n'avait que quinze mois, lorsque la mort lui enleva son père. Sa mère le confia aux soins d'Elie Bochart, chanoine de Notre-Dame, et conseillerclerc à la grand-chambre du parlement. Après avoir reçu de cet oncle les premiers élémens d'une éducation soignée, le jeune Bochart passa au col lége de Louis-le-Grand, où

il

monté

monté en cuivre à la manière grégorienne, sur un pied de fer d'une grande solidité, fut regardé comme le meilleur de ceux qu'on eût encore coustruits en France, et servit à des observations importantes. Bochart de Saron n'avait pas trente ans, lorsqu'il attirait ainsi sur lui l'attention des savans. L'étude de l'astronomie devint enfin pour lui une véritable passion. En peu de tems, il posséda lui seul plus d'instrumens parfaits qu'aucun astronome; et lorsqu'on s'étonnait devant lui de la facilité de son travail, de la vérité de ses prédictions et de la justesse de ses observations, il répondait : Cela vient uniquement de ce que ma fortune me permet d'avoir de bons instrumens. Bochart avait des connaissances en physique, qui égalaient celles qu'il avait acquises en astronomie; il faisait les expériences les plus difficiles, avec une adresse et un succès qui étonnaient les plus habiles physiciens. Personneraire à l'acad. des sciences, et n'était plus riche que lui en le 7 juillet 1781, il occupa la bons instrumens; et comme il place que le marquis de Courcraignait qu'on ne s'apperçût tanvaux avait laissée vacante. de l'espèce d'inconvenance Malgré son goût décidé pour qu'il y avait à un magistrat de les sciences et les arts, Bochart s'occuper d'objets si étrangers sut l'allier avec les fonctions à la science des lois, son labo- de la magistrature. Il savait ratoire, qui tenait à sa biblio- toutes les anciennes coutumes thèque, était fermé par une de France; toutes les ordonporte qui semblait faire partie nances étaient classées dans sa de la boiserie, et ne s'ouvrait mémoire; il connaissait le que pour ses intimes amis. droit civil et le droit canoSon génie le portait à vouloir nique. Reçu, comme nous

1 tout connaître, tout imiter et tout perfectionner; il faisait des ouvrages fort propres dans l'art du tourneur. Il dessinait et gravait en amateur plein de goût : il était bon imprimeur; et de tous les arts mécaniques, c'était celui auquel il s'exerçait avec le plus de plaisir. On lui doit la composition d'un Discours manuscrit, que le chancelier d'Aguesseau avait fait pour ses enfans, et qui a pour titre : Discours sur la vie et les mœurs de d'Aguesseau conseiller-d'Etat : c'est I vol. in-8o de 257 pag. On n'en tira que 7 exemplaires; aussi est-il fort rare et fort cher. L'édition est datée de Fresne, 1720; mais la vérité est qu'elle fut faite par Bochart et sa femme dans leur maison de Paris. Les arts de pur agrément étaient également familiers à Bochart. Il aimait la musique, et s'y était rendu assez habile pour composer des morceaux savans. En 1779, il fut proposé et reçu en qualité d'hono

Tome I.

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l'avons dit, conseiller à 18 ans, | sérénité. Au milieu de tant de sujets de douleur, il s'occupait encore de calculs, de

il quitta sa compagnie trois ans après, en 1751, pour passer parmi les maîtres des re-géométrie, d'astronomie. Le quêtes. Il rentra au parlement 18 avril 1794, on le transféra le 7 août 1753, en qualité à la Conciergerie. Comme il d'avocat général. Deux ans allait monter en voiture, il après, il fut reçu président-à- vit un de ses confrères qui mortier; et en 1758, il eut devait le suivre, se faire prédes lettres de maître-des-re- céder par des matelas et d'auquêtes honoraire. Bochart fut tres meubles : Que faites-vousappellé dans l'assemblée des là ? ( lui dit Bochart de Saron notables en 1787; et l'année avec beaucoup de tranquillité) suivante, il fut placé à la tête Pourquoi ces meubles? Croyezdu parlement, par la mort moi, laissez tout cela; vous de d'Ormesson, successeur de n'avez plus besoin de rien; ded'Aligre. C'est en cette quali- main, ni vous ni moi, ne serons té qu'il soutint les premiers en vie. L'événement ne justifia événemens de la révolution que trop cette prédiction. Le jusqu'à la suppression totale lendemain fut le jour où Bode l'ordre judiciaire. A cette chart fut ravi aux sciences et époque, il se renferma plus à sa famille. Son interrogaque jamais dans le sein de sa toire ne fut pas long : Je n'ai famille, s'y occupant de l'édu- que deux mots à vous dire ; cation de ses enfans et de l'é- (répondit-il à ses accusateurs) tude des sciences. Il était par- vous êtes juges. et je suis innovenu à se faire oublier, lors- cent. Bochart périt sur l'échaqu'une Protestation, signée faud avec trente infortunés de plusieurs membres du par- presque tous membres du par lement contre les décrets de lement de Paris, ou de celui l'assemblée nationale, et trou- de Toulouse. C'était un parfait vée chez le Pelletier de Ro- honnête homme: bon père, sambo, servit de prétexte à bon mari, et singulièrement son arrestation. On vint chez aimé de ses domestiques : lui le 18 décembre 1793, on l'ordre et le bonheur régnaient mit les scellés sur tous ses ef- dans l'intérieur de sa maison; fets, et on le conduisit à la le faste et la contrainte en prison de la Force. Dans cette étaient bannis. Au sein de sa situation, Bochart de Saron, famille, il avait une gaieté quoique privé de correspon- aimable et douce, qui annondre avec sa famille, et incer- çait une conscience pure. Il tain du sort que l'on préparait était indulgent et humain : à tout ce qu'il avait de plus les malheureux n'eurent jacher, ne perdit rien de sa mais à se plaindre de l'avoir

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