Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

secrétaire de M. le comte d'Albon, maire de Lyon, en 1814; Blanc joua, dans les événements de 1814 et 1815, un rôle tout à fait royaliste, suivant la Biographie des hommes vivants » qui, dans son supplément, semble rétracter tout ce qu'elle avait dit à ce sujet. Nous croyons qu'il importe peu à nos lecteurs de savoir la vérité à cet égard. Au reste, Blanc est auteur de plusieurs pamphlets, entre autres : Questions à M. le colonel Fabvier [Lyon, 1818, in-8], et il passe aussi pour avoir coopéré à la rédaction du Mémoire justificatif en réponse à la brochure du même, intitulée : « Lyon en 1817 ». Blanc a publié depuis quelques ouvrages de législation, à savoir un Manuel des chasseurs [Paris,1822, in-8], et un Code des brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation [Paris, 1825, in-8]. En 1822, il prit part à la rédaction de deux journaux paraissant à Lyon: la «Gazette universelle, courrier du Midi », et le « Précurseur ». Sa collaboration ne se prolongea pas au-delà de cette année. L'année suivante, il publia les Sœurs de Sainte-Camille, etc. [Paris, 1823, in-12]. Depuis cette époque, ce jurisconsulte a partagé ses occupations entre Thémis et les Muses. On a dû retrouver à sa mort, arrivée le 28 décembre 1841, à Lyon, les manuscrits des cinq ouvrages suivants : De l'institution des juges et conseillers-auditeurs en France;· · Maria, nouvelle; — Marthe et Bélino,nouvelle;-Louise Venoni, ou la Belle Piemontaise; Histoire de deux frères. Tous ces ouvrages étaient déjà terminés en 1827. Depuis cette époque jusqu'à sa mort, il a pu en composer d'autres.

OUVRAGES IMPRIMÉS DE JOS.-MAR. BLANC.

[ocr errors]
[blocks in formation]

IV. Code des brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation. Paris, le même, 1823, in-8 [7 fr ].

V. Pétition sur la législation des brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation, présentée à MM. les députés des départements. Lyon, de l'impr. de L. Perrin, 1826, in-8.

VI. Tarif des oblations pour les curés et les desservants du diocèse de Lyon. Lyon, de l'impr. de Perrin, 1831, in-8 de 16 pag.

VII. Pétition à la chambre des députés sur la suppression des sous-préfets et secrétaires-généraux de préfecture. 25 septembre 1832. Lyon, de l'impr. de Brunet, 1832, in-8 de 16 pag.

VIII. Illégalité et abus administratifs. Préfecture du Rhône. Lyon, de l'impr. de Charvin, 1832, in 8 de s pag. Deuxième article, in-8 de 4 pag.

Extrait du « Précurseur ».

Si l'on a attribué au chevalier Blanc SaintBonnet : « Pétition Clavet [Lyon, 1829, in-8-de 24 pag.], c'est parce que son nom ne figurait pas dans ce pamphlet où sont signalés les usurpateurs de noms et de particules, inscrits sur les listes électorales du département du Rhône.

BLANC [Antoine], fils du précédent, jeune philosophe, disciple de l'abbé Noirot, et appartenant à l'école de M. Ballanche; né à Lyon, vers 1816.

[ocr errors]

De l'Union spirituelle, ou de la Société et de son but au-delà des temps. Paris, C. Bertrand, 1841, 3 vol. gr. in-8 [24 fr.].

:

L'auteur avait préludé à cette grave publication en en faisant imprimer, l'année précédente, un fragment qui a paru sous ce titre Notion de l'homme tirée de la notion de Dieu. Fragment du livre de l'Unité spirituelle, ou Démonstration philosophique de la théorie de la société, qui doit paraitre à Paris. Paris, Pitois-Levrault, 1840, in-8 de so pag.

BLANC [Édouard], éditeur des OEuvres choisies de Tronson Du Coudray, reine Marie-Antoinette, etc.; précédées avocat au parlement, défenseur de la d'une Notice biographique, par l'éditeur [Paris, Pélicier, 1829, in-8, avec un portrait.]

BLANC [Adolphe-Edmond], né à Paris, le 12 vendémiaire an VIII [3 octobre 1779], successivement avocat à la Cour royale, député par le collége électoral de Saint-Junien [Haute-Vienne] depuis novembre 1832 jusqu'en 1838 inclusivement, et secrétaire-général du

36

ministère de l'intérieur, en 1837, fonction qu'il ne remplit pas sans exciter la clameur publique qui l'accusa de honteux tripotages; enfin inspecteurgénéral de la liste civile, depuis 1840 jusqu'à ce jour.

Avec M. Vivien: Traité de la légis lation des théâtres, ou Exposé complet et méthodique des lois et de la jurisprudence relativement aux théâtres et aux spectacles publics. Paris, BrissotThivars; madame veuve Charles-Béchet, 1830, in-8 [7 fr. 50 c.].

BLANC [Jean-Pierre]. Notice sur la construction de l'hospice Saint-Louis de Bédarieux, à laquelle on a joint les dessins des plans, coupes et élévations dudit hospice. Montpellier, Seguin, 1830, in-4 de 4 pag., plus 4 pl.

BLANC [Basile-Michel-Augustin], adJoint à la mairie de Grenoble, et l'un des administrateurs de la bibliothèque de cette ville; mort à Grenoble, le 3 octobre 1839, à l'âge de 38 ans. Il a été l'un des rédacteurs du Catalogue de la bibliothèque publique de Grenoble [Grenoble, Baratier, 1851-59, 3 vol. in-8]. Peu de jours après sa mort, il fut publié à Grenoble, chez Baratier, une Notice biographique sur Blanc, petit in-4 de 3 pag. C. DE B..

BLANC [André], pasteur (*), président du consistoire de Mens [Isère], né le 14 mai 1790 aux Mourandes, hameau du Grand-Villar [Hautes-Alpes], fut consacré au ministère évangélique le 11 septembre 1810. Ayant obtenu une dispense d'âge, il fut, par décret impérial du 8 mars 1811, nommé pasteur de la Motte-Daigues [Vaucluse], où il resta jusqu'à ce qu'une ordonnance royale, en date du 14 mai 1817, le transporta à Mens. M. le pasteur Blanc adressa, en mars 1833, un mémoire sur l'instruction primaire au ministre de l'instruction publique. Par sa lettre du 8 avril suivant, le ministre lui fit l'honneur de lui dire « J'ai lu avec >> intérêt votre travail qui se recom>> mande par les vues les plus utiles et » par un amour sincère du bien pu

(1) Un autre pasteur de ce nom, M. Louis

BLANC, omis par la « France littéraire », est auteur d'un livre de religion, intitulé: la Sagesse du fils de Dieu, considérée dans les paraboles de l'Évangile. Lausanne, 1820, in-8.

»blic. Je tiendrai un compte tout par»ticulier des observations qu'il ren» ferme en faveur de l'éducation popu »laire. » Ce memoire, de huit pages, a été imprimé à Grenoble, en 1853. M. le pasteur Blanc a été créé chevalier de la Légion-d'Honneur, par ordonnance royale du 27 avril 1833. Nous connais→ sons de lui:

I. * Quelques observations d'un pasteur de campagne sur l'instruction primaire dans les communes rurales. Grenoble, Baratier, 1855, in-8 de 8 pag.

C'est le Mémoire dont nous venons de parler. II. De la prétendue primauté du Pape et du séjour de saint Pierre à Rome, en réponse à M. l'abbé Tabar del. Paris, Risler, 1858, in-8 de 44 p.

[ocr errors]

Précédemment le pasteur Blanc avait fait imprimer, en 1826, dans les Archives du Christianisme», un opuscule qui tend à prou ver que saint Pierre n'est jamais allé à Rome. Cet opuscule, intitulé: Da séjour de saint Pierre à Rome, dont il y a des exemplaires tirés à part (Paris, Servier, 1826, in-8 de 8 p.), amena une polémique qui donna naissance aux écrits suivants :

1o Réponse à M. Blanc, pasteur de l'Église protestante, sur son écrit intitulé: Du séjour de saint Pierre à Rome. [Par le vicomte de T......]. Paris, de l'impr. de Farcy, 1827, in-8 de 8 pag.

M. Blanc répliqua par un

2o Deuxième article sur le même sujet, qui parut dans les « Archives du Christianisme», en juillet 1827.

Qui valut à son auteur:

3o Réponse à M. André Blanc..... [par l'abbé TABARDEL, Vicaire à Mens]. Grenoble, Baratier, 1838, in-12 de 24 pag.

A laquelle M. Blanc répliqua par l'écrit intitulé:

4° De la prétendue primauté du Pape, etc. [Voy. le n° il].

5° Prétendue [la] réforme convaincue de s'être révoltée contre le vicaire de JésusChrist, ou Réplique à M. André Blanc, ministre, président du consistoire de mens; par l'abbé Tabardel, vicaire à Mens. Grenoble, Carus, 1839, in-18 de 232 pages.

La polémique n'a pas été plus loin.

Dans ses polémiques avec MM. les abbés Tabardel, Guyon, Desmoulins, etc. M. A. Blanc a trouvé un excellent auxiliaire dans le pasteur

Bonifas, qui lui-même avait été controversé par les adversaires de son collègue.

III. Lettre à M. l'abbé Desmoulins, faisant suite à la lettre de M. l'abbé dirigées contre les réformateurs et conGuyon, et en réponse aux calomnies tre quelques principes de la religion chrétienne réformée. Grenoble, de l'impr. de Prudhomme, 1858, in-8 de

72 pag.

Réimprimée dans la même année.
Cette Lettre donna lieu à une polémique

entre l'auteur et l'abbé Desmoulins; celui-ci publia :

1o Rome et Genève, ou Réponse à M. André Blanc; par l'abbé DESMOULINS. Grenoble, Baratier, 1839, in-8 de 76 pag.

M. Blanc répliqua par son ouvrage intitulé: 2o Un ministre protestant, etc. [Voy. plus bas].

Auquel M. l'abbé Desmoulins répondit par sa brochure intitulée :

3o Age ['] du protestantisme, extraft des registres de l'Ecriture sainte et de la Tradition, ou Réponse à la dernière brochure de M. le pasteur Blanc. Grenoble, Baratier; Carus, 1840, in-8 de 84 pag.

M. Blanc continua la polémique par des traités séparés : la Confession auriculaire est une dangereuse folie, le Culte des saints, et Du Purgatoire.

IV. Un ministre protestant aux prises avec un prêtre catholique-romain, ou Réponse à la brochure de M. l'abbé Desmoulius, intitulée : Rome et Genève, etc. Grenoble, de l'impr, d'Allier, 1839, in-8 de 116 pages.

V. Confession [la] auriculaire est une dangereuse folie. Grenoble, Allier, 1840, in-8 de 40 pag. Sec. édition. Lyon, Denis, 1841, in-8.

M. Henri, curé à la Mure [Isère], et M. Guillois, curé au Mans [Sarthe], ayant répondu à cet ouvrage, M. Blanc les réfuta dans des notes placées à la fin de la seconde édition de son livre.

VI. Culte des saints. Grenoble, Allier, 1841, in-8 de 42 pag.

VII. Du Purgatoire. Grenoble, Allier, 1842, broch. in-8.

M. A. Blanc a, en outre, fourni quelques articles aux «Archives du Christianisme » sur divers sujets de théologie, ou de controverse avec l'Église romaine.

BLANC [Eugène], officier de santé.

I. Guérison radicale des maladies cutanées. Châlon sur Saône, de l'impr. de Duchesne, 1835, in-8 de 32 pag.

II. Mémoire sur une découverte reconnue propre à opérer promptement et radicalement la guérison de toutes sortes de maladies cutanées ou autres affections morbides de la peau, et à rétablir la chevelure dans les cas de teignes.Paris, de l'impr. de Boudon, 1835, in-8 de 36 p.

III. Travail, loyauté, persévérance. Mémoire adressé à l'Académie de médecine sur la découverte de moyens très-prompts pour guérir radicalement les maladies cutanées, telles que dartres, teignes, etc., et les affections scrofuleuses. Paris, de l'impr. de Mme Delacombe, 1837, in-8 de 40 p.

M. Blanc est le réviseur du « Manuel portatif des officiers de santé des hôpitaux militaires et

des corps de troupe » par A. DORAT. [Paris, Rosier, 1833, in-32 de 192 pag., plus 4 tabl.]

BLANC [Jean-Joseph-Louis], publiciste, appartient à une famille honorable du Rouergue. A l'époque où la fortune et le mérite étaient de suffisants motifs pour faire peser la proscription sur les têtes, les grand-père et père de M. Louis Blanc furent les objets d'une terrible distinction, et, par suite, jetés en prison comme suspects. Cette époque de terreur eut aussi ses moments bouffons, dont les victimes désignées purent quelquefois tirer parti. Dans le messieurs, M. Monseignat, avocat du temps de l'incarcération de ces deux pays, fut assez heureux pour faire acquit ter devant les tribunaux un véritable bravo. La reconnaissance de celui-ci fut très-grande, et il vint offrir à son défenseur de le débarrasser de ceux qui pourraient lui déplaire. M. MonSeignat dirigea les dispositions de cet homme vers un but honorable, et lui demanda de débarrasser la prison de de MM. Blanc père et fils. M. Géraldy, père d'un de nos grands artistes d'aujourd'hui, et ami de MM. Blanc, amena cet homme sous les murs de la prison, et lui fit dresser des échelles de corde, de manière à ce que le père et le fils pussent fuir; mais le fils profita seul de ce secours inattendu : le père refusa, disant que leur arrestation n'étant que la suite d'une méprise, on les relaxerait sitôt qu'elle serait reconnue; il trouva plus sage de rester prisonnier malheureusement ses prévisions ne se réalisèrent pas le grand père de M. Louis Blanc fut transféré à Paris, parut devant le tribunal révolutionnaire, et finit par porter sa tête sur l'échafand. Le père de l'écrivain à qui cette notice est consacrée, plus heureux que son père, traversa ces temps d'horreurs sans avoir d'autres démêlés avec les révolutionnaires: homme de mérite (*), il fut attaché à l'administration, et y fit son chemin. Le père de M. Louis Blanc, de Saint-Afrique [Aveyron], était dans les dernières années du gouvernement impérial, inspecteur-général des finances près la cour. du roi Joseph Bonaparte; sa femme, née

(*) Il a composé, par délassements, une grande quantité de vers, sans avoir jamais voulu en laisser imprimer un seul.

Pozzo di Borgo, de Corse, l'avait accompagné à Madrid, et c'est là que naquit M. Louis Blanc, le 28 octobre 1813. Lorsque croulèrent les trônes que Napoléon avait élevés pour ses frères, M. Blanc père revint en France avec sa famille et se fixa à Paris. Son fils Louis fit ses études au collége royal de Rodez en même temps qu'un jeune homme que la Bibliothèque royale a compté pendant quelques années au nombre de ses employés les plus intelligents, M. Foisy [voy. ce nom.]. De très bonne heure les idées généreuses de M. Blanc le portèrent à s'occuper de la question d'amélioration sociale. Il vint à Paris en 1830. M. J.-F. Dupont, avocat, auquel il avait été recommandé, le présenta aux journalistes et aux éditeurs, et, quoique à peine âgé de dix-neuf ans, M. Blanc ne tarda pas à essayer ses premières armes d'écrivain radical dans les colonnes des journaux quotidiens. A la mème époque, il adressa à l'Académie d'Arras pour les concours qu'elle avait proposés, trois pièces dans lesquelles le talent se trouve uni au patriotisme : elles furent couronnées et imprimées dans le recueil de cette académie; la première est une pièce en vers sur l'Hôtel des Invalides; la seconde, Mirabeau, poëme en quatre cent vingt- trois vers libres; et la troisième, l'Éloge de Manuel, en prose : les deux dernières ont été imprimnées dans le volume qui renferme la séance publique du 25 octobre 1834 et qui a paru en mars 1835. Les succès qu'obtinrent ces trois pièces facilitèrent encore à M. Louis Blanc son accès près des journaux démocratiques. Indépendamment du «< National », auquel il fournissait toujours quelques articles, en 1834 il prit part à la rédaction de la « Revue républicaine, journal des doctrines et des intérêts démocratiques», recueil dont le premier numéro parut le 10 avril, et que tuèrent les lois de septembre 1835. La collection de cette Revue forme cinq volumes. Les articles principaux que M. Louis Blanc y a fournis sont: l'Influence de la société sur la littérature [t. Ier]; de la Vertu considérée comme moyen de gouvernement [t. II]; une appréciation de Mirabeau, à l'occasion des mémoires de cet hom

"

D

me fameux, qui venaient de paraitre [t. III]; Ugo Foscolo, la première notice écrite en France sur la vie et les ouvrages de ce poète [t. IV], et de la Démocratie en Amérique, à l'occasion du livre de M. A. de Tocqueville, qui porte ce titre [t. V]. L'année suivante, en 1855, M. Louis Blanc donna aussi des articles à la « Nouvelle Minerve », qui venaitd'ètre fondée, et que rédigeait en chef M. Sarrans jeune. Il a fourni à ce recueil, entre autres articles, un compte-rendu du « Voyage en Orient de M. de Lamartine, et un morceau trèsremarquable sur A. Carrel, à l'occasion d'un écrit lui-même très-remarquable de ce dernier, intitulé: « Extrait du dossier d'un prévenu de complicité morale dans l'attentat du 28 juillet », écrit publié en août 1835, et formant 66 pages. A la fin de 1835, il donna au «National à l'occasion du livre de ", M. Claudon, intitulé le Baron d'Holbach » un autre article fort remarquable: c'est une appréciation du XVIIIe siècle. L'auteur y a établi que les doctrines philosophiques de Voltaire ne sont point démocratiques; qu'elles sont au contraire, favorables à la bourgeoisie. Le « National » avant jusqu'alors suivi la ligne philosophique de Voltaire, l'article de M. Louis Blanc ne tendait à rien moins qu'à pousser le « National » à en adopter une autre plus en harmonie avec les besoins de notre temps. A cette époque, M. Louis Blanc avait déjà donné assez de preuves de connaissances et de talents pour prétendre devenir journaliste en chef; il n'attendit pas long-temps: il n'avait pas encore vingt-trois ans accomplis quand la rédaction en chef du « Bon Sens >> lui fut confiée le 1er janvier 1836, rédaction qu'il conserva jusqu'au 10 août 1838, pour s'occuper de l'organisation d'un recueil politique et littéraire radical, dont le premier numéro parut le 15 jan vier suivant nous voulons parler de la Revue du progrès politique, social et littéraire, recueil qu'il faut bien se garder de confondre avec une autre «Revue du progrès social », rédigée par d'autres hommes et dans un autre esprit, et qui, du reste, est née et morte dans la même année, 1834. M. Louis Blanc fut le rédacteur en chef de la Revue qu'il avait fondée, et l'est en

core aujourd'hui. Dans une série d'une trentaine d'écrits qu'il y a déjà fournis, et qui formeraient plusieurs volumes à eux seuls, il est peu de questions présentant de l'intérêt pour notre société actuelle, qu'il n'ait abordées, et toujours avec talent. On se rappelle qu'en 1839, un de ses articles, son compte-rendu des «Idées napoléoniennes », du prince Napoléon-Louis Bonaparte, fit une grande sensation.Quelques jours après l'apparition de cet article dans le n° du 15 août, article dont les journaux avaient reproduit des fraginents, M. Louis Blanc, en rentrant un soir à son domicile, rue Louis-le-Grand, fut accosté par un individu qui le guettait. Assommé et laissé pour mort, l'écrivain, par suite

des

་་

graves blessures qu'il avait reçues, fut obligé de garder le lit une vingtaine de jours. Les journaux cherchèrent à rejeter le blâme de cet ignoble attentat sur un parti qui ne procède point ainsi ; la vérité est restée inconnue jusqu'à ce jour. Un des écrits de la « Revue du progrès», l'Organisation du travail, a été réimprimé à part. [Paris, 1840, in-32], et a obtenu une seconde édition qui contient 10 le développement de la première; 2a son application au problème de la propriété littéraire; 3o une réfutation des objections diverses soulevées dans les journaux. Mais l'ouvrage le plus important de M. Louis Blanc, et qui, comme le disait il y a peu de jours une feuille quotidienne, obtient un succès scandaleux, est l'Histoire de Dix ans, 1830-40, dont deux volumes, sur quatre ou cinq, ont déjà vu le jour. Les journaux de toutes les nuances de l'opposition se sont empressés d'en reproduire de longs fragments aussitôt l'apparition de chaque nouveau volume, comme le meilleur éloge qu'ils en pussent faire (*). « Un peuple déchat»nė, victorieux et maître de lui; trois » générations de rois fuyant sur les »mers; la bourgeoisie apaisant la fou»le, l'éconduisant, se donnant un chef; » les nations qui s'agitent trompées » dans leur espoir et regardant du côté

(*) Presque aussitôt l'apparition du premier volume, un compte-rendu, signé Cuvillier-Fleury, parut dans le Journal des Débats! et, le plus singulier, c'est que l'auteur de cet article y fait un grand éloge de M. Louis Blanc et de son livre...; ses opinions seulement y sont controversées,

[ocr errors]

» de la France, immobile sous un roi » nouveau; l'esprit révolutionnaire » flatté d'abord, comprimé ensuite, et » finissant par éclater en efforts prodi»gieux ou en scènes terribles; des >> complots, des conspirations, des égor»gements; trois cents républicains » livrant bataille dans Paris à toute une » armée; la propriété attaquée par de >> hardis sectaires; Lyon soulevé deux >> fois et inondé de sang; la duchesse » de Berri ressuscitant le fanatisme de » la Vendée, et flétrie par ceux de sa >> famille; des procès inouïs; le choléra » décimant la nation; au dehors, la » paix incertaine, quoique poursuivie » avec une obstination ruineuse; l'Afrique dévastée au hasard, l'Orient » abandonné; au dedans, nulle sécu>> rité; des révoltes fameuses par leur » audace; l'anarchie industrielle à son >> comble, le scandale des spéculations >> aboutissant à la ruine; le pouvoir dé» crié, cinq tentatives de régicide; le » peuple sourdement poussé à de vastes » désirs; des sociétés secrètes; les ri»ches inquiets, irrités, et à l'impa» tience du mal joignant la peur d'en » sortir. » Tel est le tableau que M. Louis Blanc trace lui-même au commencement du second volume de « l'Histoire de dix ans », pour en indiquer le sujet. Ce livre intéressant a été fait avec bonne foi et courage; l'auteur n'ignorait pas qu'en l'écrivant il allait soulever contre lui des inimitiés sans nombre. Il n'a point hésité cependant; M. Louis Blanc avait prévu toutes les difficultés de son sujet, aussi a-t-il mis le plus grand soin à les surmonter. Placé dans une position qui le mettait naturellement en rapport avec les personnages influents de tous les partis, il n'a négligé aucun témoignage. Républicains, légitimistes, constitutionnels, ouvriers, bourgeois, grands-seigneurs, il a interrogé tous ceux qui ont pris une part active aux événements, soit dans une humble sphère, soit dans une sphère élevée. Il a recueilli des confidences précieuses, et s'est mis à même de bien comprendre le sens des faits qu'il devait publier. Ce livre est donc le fruit de longues et laborieuses recherches. Car les témoignages étaient nombreux, ils étaient confus, ils étaient divers sur

« PreviousContinue »