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qu'il y en ait plusieurs. Tous ceux qui porteront le même caractère auront infailliblement la même vérité : il n'en seroit pas autrement quand notre vie ne seroit qu'un songe; tous les fantômes que notre imagination pourroit nous figurer dans le sommeil, ou n'auroient pas l'être, ou l'auroient tel qu'il nous paroît. S'il existe hors de notre imagination une société d'hommes foibles, telle que nos idées nous la représentent, tout ce qui est vrai de cette société imaginaire, le sera de la société réelle, et il y aura dans cette société des qualités nuisibles, d'autres estimables ou utiles, etc. ; et par conséquent des vices et des vertus. Qui, nous disent les pyrrhoniens: mais peut-être que cette société n'est pas; je réponds : Pourquoi ne seroit-elle pas, puisque nous sommes ? Je suppose qu'il y eût là-dessus quelque incertitude bien fondée, toujours serions-nous obligés d'agir comme s'il n'y en avoit pas. Que sera-ce si cette incertitude est sensiblement supposée? Nous ne nous donnons pas à nous-mêmes nos sensations; donc il y a quelque chose hors de nous qui nous les donne si elles sont fidèles ou trompeuses; si les objets qu'elles nous peignent sont des illusions ou des vérités, des réalités ou des apparences, je n'entreprendrai point de les démontrer. L'esprit de l'homme qui ne connoît qu'imparfaitement, ne sauroit prouver parfaitement; mais l'imperfection de ses connoissances n'est pas plus manifeste que leur réalité; et s'il leur manque quelque chose pour la conviction du côté du raisonnement, l'instinct le supplée avec usure. Ce que la réflexion trop foible n'ose décider, le sentiment nous force de le croire. S'il est quelque pyrrhonien réel et parfait parmi les hommes, c'est dans l'ordre des intelligences un monstre qu'il faut plaindre. Le Pyrrhonisme parfait est le délire de la raison, et la production la plus ridicule de l'esprit humain '.

:

II.

Sur la nature et la coutume.

Les hommes s'entretiennent volontiers de la force de la coutume, des effets de la nature ou

'S'Gravesande, dans son Traité des Syllogismes, réduit, à très peu de chose près, aux mêmes termes, ses arguments contre les pyrrhoniens. B.

de l'opinion: peu en parlent exactement. Les dispositions fondamentales et originelles de chaque être forment ce qu'on appelle sa nature. Une longue habitude peut modifier ees dispositions primitives; et telle est quelquefois sa force qu'elle leur en substitue de nouvelles plus constantes, quoique absolument opposées : de sorte qu'elle agit ensuite comme cause première, et fait le fondement d'un nouvel être; d'où est venue cette conclusion très littérale, qu'elle étoit une seconde nature; et cette autre pensée plus hardie de Pascal : que ce que nous prenons pour la nature n'est souvent qu'une première coutume; deux maximes très véritables. Toutefois, avant qu'il y eût une première coutume, notre ame existoit, et avoit ses inclinations qui fondoient sa nature; et ceux qui réduisent tout à l'opinion et à l'habitude, ne comprennent pas ce qu'ils disent : toute coutume suppose antérieurement une nature, toute erreur une vérité. Il est vrai qu'il est difficile de distinguer les principes de cette première nature de ceux de l'éducation; ces principes sont en si grand nombre et si compliqués, que l'esprit se perd à les suivre, et il n'est pas moins malaisé de démêler ce que l'éducation a épuré ou gâté dans le naturel. On peut remarquer seulement que ce qui nous reste de notre première nature est plus véhément et plus fort que ce qu'on acquiert par étude, par coutume ét par réflexion : parceque l'effet de l'art est d'affoiblir, lors même qu'il polit et qu'il corrige; de sorte que nos qualités acquises sont en même temps plus parfaites et plus défectueuses que nos qualités naturelles; et cette foiblesse de l'art ne procède pas seulement de la résistance trop forte que fait la nature, mais aussi de la propre imperfection de ses principes, ou insuffisants, ou mêlés d'erreur. Sur quoi cependant je remarque, qu'à l'égard des lettres, l'art est supérieur au génie de beaucoup d'artistes qui, ne pouvant atteindre la hauteur des règles et les mettre toutes en œuvre, ni rester dans leur caractère qu'ils trouvent trop bas, ni arriver au beau naturel, demeurent dans un milieu insupportable, qui est l'enflure et l'affectation, et ne suivent ni l'art ni la nature. La longue habitude leur rend propre ce caractère forcé; et à mesure qu'ils s'éloignent davantage de leur naturel, ils croient

élever la nature : don incomparable, qui n'ap- | au repos et à jouir d'eux-mêmes 1. Ils ignorent partient qu'à ceux que la nature même inspire que la jouissance est le fruit et la récompense avec le plus de force. Mais telle est l'erreur qui du travail; qu'elle est elle-même une action; les flatte; et malheureusement rien n'est plus qu'on ne sauroit jouir qu'autant que l'on agit, ordinaire que de voir les hommes se former par et que notre ame enfin ne se possède véritableétude et par coutume un instinct particulier, et ment que lorsqu'elle s'exerce tout entière. s'éloigner ainsi, autant qu'ils peuvent, des lois Ces faux philosophes s'empressent à détourner générales et originelles de leur être : comme si la l'homme de sa fin, et à justifier l'oisiveté; mais nature n'avoit pas mis entre eux assez de diffé- la nature vient à notre secours dans ce danger. rences, sans y en ajouter par l'opinion. De là L'oisiveté nous lasse plus promptement que le vient que leurs jugements se rencontrent si ra- travail, et nous rend à l'action, détrompés du rement. Les uns disent : Cela est dans la nature néant de ses promesses; c'est ce qui n'est pas ou hors de la nature, et les autres tout au con- échappé aux modérateurs de systèmes, qui se traire. Il y en a qui rejettent, en fait de style, piquent de balancer les opinions des philosoles transitions soudaines des Orientaux, et les phes et de prendre un juste milieu. Ceux-ci sublimes hardiesses de Bossuet'; l'enthousiasme nous permettent d'agir, sous condition néanmême de la poésie ne les émeut pas ; ni sa force moins de régler notre activité et de déterminer et son harmonie, qui charment avec tant de selon leurs vues la mesure et le choix de nos puissance ceux qui ont de l'oreille et du goût. occupations; en quoi ils sont peut-être plus inIls regardent ces dons de la nature, si peu ordi- conséquents que les premiers, car ils veulent naires, comme des inventions forcées et des nous faire trouver notre bonheur dans la sujéjeux d'imagination, tandis que d'autres admi- tion de notre esprit ; effet purement surnaturel, rent l'emphase comme le caractère et le modèle et qui n'appartient qu'à la religion, non à la d'un beau naturel. Parmi ces variétés inexpli- raison. Mais il est des erreurs que la prudence cables de la nature ou de l'opinion, je crois ne veut pas qu'on approfondisse. que la coutume dominante peut servir de guide à ceux qui se mêlent d'écrire ; parcequ'elle vient de la nature dominante des esprits, ou qu'elle la plie à ses règles, et forme le goût et les mœurs : de sorte qu'il est dangereux de s'en écarter, lors même qu'elle nous paroît manifestement vicieuse. Il n'appartient qu'aux hommes extraordinaires de ramener les autres au vrai, et de les assujettir à leur génie particulier; mais ceux qui conclueroient de là que tout est opinion, et qu'il n'y a ni nature ni coutume plus parfaite l'une que l'autre par son propre fonds, seroient les plus inconséquents de tous les hommes.

III.

IV.

Jacques Bénigne Bossuet, évêque de Condom. puis de Meaux, mourut en 1704. B.

De la certitude des principes.

Nous nous étonnons de la bizarrerie de certaines modes, et de la barbarie des duels ; nous triomphons encore sur le ridicule de quelques coutumes, et nous en faisons voir la force. Nous nous épuisons sur ces choses comme sur des abus uniques, et nous sommes environnés de préjugés sur lesquels nous nous reposons avec une entière assurance. Ceux qui portent plus loin leurs vues remarquent cet aveuglement ; et entrant là-dessus en défiance des plus grands principes, concluent que tout est opinion; mais

Nulle jouissance sans action.

Le P. Charles Le Gobien, dans sa Préface de l'Histoire de l'Édit de l'empereur de la Chine, donne cette morale aux

ré-brachmanes, qu'il appelle bramènes. Ils poussent si loin, dit-il,

l'apathie ou l'indifférence, à laquelle ils rapportent toute la sain

Ceux qui considèrent sans beaucoup de flexion les agitations et les misères de la vie teté, qu'il faut devenir pierre ou statue pour en acquérir la perhumaine, en accusent notre activité trop empressée, et ne cessent de rappeler les hommes

fection. Non seulement ils enseignent que le sage ne doit avoir aucune passion, mais qu'il ne lui est pas permis d'avoir meme un desir; de sorte qu'il doit continuellement s'appliquer à ne vouloir rien, à ne sentir rien, à bannir si loin de son esprit toute idée de vertu et de sainteté, qu'il n'y ait rien en lui de contraire à la parfaite quiétude de l'ame. F.

ils montrent à leur tour par là les limites de leur esprit. L'être et la vérité n'étant, de leur aveu, qu'une même chose sous deux expressions, il faut tout réduire au néant ou admettre des vérités indépendantes de nos conjectures et de nos frivoles discours. Or, s'il y a des vérités réelles, comme il me paroît hors de doute, il s'ensuit qu'il y a des principes qui ne peuvent être arbitraires; la difficulté, je l'avoue, est à les connoître 1. Mais pourquoi la même raison qui nous fait discerner le faux, ne pourroit-elle nous conduire jusqu'au vrai? L'ombre est-elle plus sensible que le corps, l'apparence que la réalité? Que connoissons-nous d'obscur par sa nature, sinon l'erreur? Que connoissons-nous d'évident, sinon la vérité? N'est-ce pas l'évidence de la vérité qui nous fait discerner le faux, comme le jour marque les ombres? Et qu'est ce en un mot que la connoissance d'une erreur, sinon la découverte d'une vérité? Toute privation suppose nécessairement une réalité; ainsi la certitude est démontrée par le doute, la science par l'ignorance, et la vérité par l'erreur.

V.

Du défaut de la plupart des choses.

Le défaut de la plupart des choses dans la poésie, la peinture, l'éloquence, le raisonnement, etc., c'est de n'être pas à leur place. De là le mauvais enthousiasme ou l'emphase dans le discours, les dissonances dans la musique 2, la confusion dans les tableaux, la fausse politesse dans le monde, ou la froide plaisanterie. Qu'on examine la morale même, la profusion n'est-elle pas aussi le plus souvent une générosité hors de sa place; la vanité, une hauteur hors de sa place 3; l'avarice, une prévoyance hors de sa place? la témérité, une valeur hors de sa place, etc.? La plupart des choses ne sont fortes ou foibles, vicieuses ou vertueuses, dans la nature ou hors de la nature, que par cet endroit on ne laisseroit rien à la plupart des

Il faut, je crois, de les connoître. S.

2 Les dissonances dans la musique ne sont pas un défaut, et font souvent beauté. Il faudroit ici discordances.

3 Ce n'est pas, je crois, une hauteur, mais un orgueil hors de sa place. La hauteur n'est jamais bien placée; au lieu qu'on dit un orgueil bien placé ̧ un juste ou noble orgueil. S.

hommes, si l'on retranchoit de leur vie tout ce qui n'est pas à sa place, et ce n'est pas en tous défaut de jugement, mais impuissance d'assortir les choses.

VI.
De l'ame.

Il sert peu d'avoir de l'esprit lorsqu'on n'a point d'ame. C'est l'ame qui forme l'esprit et qui lui donne l'essor; c'est elle qui domine dans les sociétés, qui fait les orateurs, les négociateurs, les ministres, les grands hommes, les conquérants. Voyez comme on vit dans le monde. Qui prime chez les jeunes gens, chez les femmes, chez les vieillards, chez les hommes de tous les états, dans les cabales et dans les partis? Qui nous gouverne nous-mêmes, est-ce l'esprit ou le cœur? Faute de faire cette réflexion, nous nous étonnons de l'élévation de quelques hommes, ou de l'obscurité de quelques autres, et nous attribuons à la fatalité ce dont nous trouverions plus aisément la cause dans leur caractère; mais nous ne pensons qu'à l'esprit, et point aux qualités de l'ame. Cependant c'est d'elle avant tout que dépend notre destinée: on nous vante en vain les lumières d'une belle imagination; je ne puis ni estimer, ni aimer, ni haïr, ni craindre ceux qui n'ont que de l'esprit.

VII.

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J'excepte les gens d'une imagination frivole et déréglée, qui trouvent dans ces sortes de lectures l'histoire de leurs pensées et de leurs chimères. Ceux-ci, s'ils s'attachent à écrire dans ce genre, travaillent avec une facilité rien que n'égale car ils portent la matière de l'ouvrage dans leur fonds; mais de semblables puérilités n'ont pas leur place dans un esprit sain; il ne peut les écrire, ni les lire.

Lors donc que les premiers s'attachent aux fantômes qu'on leur reproche, c'est parcequ'ils y trouvent une image des illusions de leur esprit, et par conséquent quelque chose qui tient à la vérité, à leur égard; et les autres qui les rejettent, c'est parcequ'ils n'y reconnoissent pas le caractère de leurs sentiments: tant il est manifeste de tous les côtés que le faux connu nous dégoûte, et que nous ne cherchons tous ensemble que la vérité et la nature 1.

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en nous.

Enfin, de même qu'on ne peut jouir d'une grande fortune avec une ame basse et un petit génie, on ne sauroit jouir d'un grand génie ni

d'une grande ame, dans une fortune médiocre.

et de Virgile, dont les fictions sont bien plus éloignées de la vérité que les romans de l'immortel Richardson. F.

• Expression impropre pour ni les uns ni les autres. S.

IX.

Sur la noblesse.

La noblesse est un héritage, comme l'or et les diamants. Ceux qui regrettent que la considération des grands emplois et des services passe au sang des hommes illustres, accordent davantage aux hommes riches, puisqu'ils ne contestent pas à leurs neveux la possession de leur fortune bien ou mal acquise. Mais le peuple en juge autrement; car au lieu que la fortune des gens riches se détruit par la dissipation de leurs enfants, la considération de la noblesse se conserve après que la mollesse en a souillé la source. Sage institution qui, pendant que le prix de l'intérêt se consume et s'appauvrit, rend la récompense de la vertu éternelle et ineffaçable!

Qu'on ne nous dise donc plus que la mémoire d'un mérite doit céder à des vertus vivantes. Qui mettra le prix au mérite? C'est sans doute à cause de cette difficulté, que les grands, qui ont de la hauteur, ne se fondent que sur leur naissance, quelque opinion qu'ils aient de leur génie. Tout cela est très raisonnable, si l'on excepte de la loi commune de certains talents qui sont trop au-dessus des règles.

X.
Sur la fortune.

Ni le bonheur ni le mérite seul ne font l'élévation des hommes. La fortune suit l'occasion qu'ils ont d'employer leurs talents. Mais il n'y a peut-être point d'exemple d'un homme à qui le mérite n'ait servi pour sa fortune ou contre l'adversité; cependant la chose à laquelle un homme ambitieux pense le moins, c'est à mériter sa fortune. Un enfant veut être évêque, veut être roi, conquérant, et à peine il connoît l'étendue de ces noms. Voilà la plupart des hommes; ils accusent continuellement la fortune de caprice, et ils sont si foibles, qu'ils lui abandonnent la conduite de leurs prétentions, et qu'ils se reposent sur elle du succès de leur ambition.

XI.

Contre la vanité.

La chose du monde la plus ridicule et la plus inutile, c'est de vouloir prouver qu'on est aimable, ou que l'on a de l'esprit. Les hommes sont fort pénétrants sur les petites adresses qu'on emploie pour se louer ; et soit qu'on leur demande leur suffrage avec hauteur, soit qu'on tâche de les surprendre, ils se croient ordinairement en droit de refuser ce qu'il semble qu'on ait besoin de tenir d'eux. Heureux ceux qui sont nés modestes, et que la nature a remplis d'une noble et sage confiance! Rien ne présente les hommes si petits à l'imagination, rien ne les fait paroître si foibles que la vanité. Il semble qu'elle soit le sceau de la médiocrité; ce qui n'empêche pas qu'on n'ait vu d'assez grands génies accusés de cette foiblesse, le cardinal de Retz, Montaigne, Cicéron, etc. Aussi leur at-on disputé le titre de grands hommes, et non sans beaucoup de raison.

XII.

Ne point sortir de son caractère.

Lorsqu'on veut se mettre à la portée des autres hommes, il faut prendre garde d'abord à ne pas sortir de la sienne : car c'est un ridicule insupportable, et qu'ils ne nous pardonnent point; c'est aussi une vanité mal entendue de croire que l'on peut jouer toute sorte de personnages, et d'être toujours travesti. Tout homme qui n'est pas dans son véritable caractère n'est pas dans sa force: il inspire la défiance, et blesse par l'affectation de cette supériorité. Si vous le pouvez, soyez simple, naturel, modeste, uniforme; ne parlez jamais aux hommes que de choses qui les intéressent, et qu'ils puissent aisément entendre. Ne les primez point avec faste. Ayez de l'indulgence pour tous leurs défauts, de la pénétration pour leurs talents, des égards pour leurs délicatesses et leurs préjugés, etc. Voilà peut-être comme un homme supérieur se monte naturellement et sans effort à la portée de chacun. Ce n'est pas la marque d'une grande habileté d'employer beau

Se monte. Il faut se met. M.

coup de finesse, c'est l'imperfection de la nature, qui est l'origine de l'art.

XIII.

Du pouvoir de l'activité.

Qui considérera d'où sont partis la plupart des ministres verra ce que peut le génie, l'ambition et l'activité. Il faut laisser parler le monde, et souffrir qu'il donne au hasard l'honneur de toutes les fortunes, pour autoriser sa mollesse. La nature a marqué à tous les hommes, dans leur caractère, la route naturelle de leur vie, et personne n'est ni tranquille, ni sage, ni bon, ni heureux, qu'autant qu'il connoît son instinct et le suit bien fidèlement. Que ceux qui sont nés pour l'action suivent donc hardiment le leur; l'essentiel est de faire bien; s'il arrive qu'après cela le mérite soit méconnu et le bonheur seul honoré, il faut pardonner à l'erreur. Les hommes ne sentent les choses qu'au degré de leur esprit, et ne peuvent aller plus loin. Ceux qui sont nés médiocres n'ont point de mesure pour les qualités supérieures ; la réputation leur impose plus que le génie, la gloire plus que la vertu; au moins ont-ils besoin que le nom des choses les avertisse et réveille leur attention.

XIV.
Sur la dispute.

Où vous ne voyez pas le fond des choses, ne parlez jamais qu'en doutant et en proposant vos idées. C'est le propre d'un raisonneur de prendre feu sur les affaires politiques, ou sur tel autre sujet dont on ne sait pas les principes ; c'est son triomphe, parce qu'il n'y peut être confondu.

Il y a des hommes avec qui j'ai fait vœu de n'avoir jamais de dispute: ceux qui ne parlent que pour parler ou décider, les sophistes, les ignorants, les dévots et les politiques. Cependant tout peut être utile, il ne faut que se posséder.

XV.

Sujétion de l'esprit de l'homme. Quand on est au cours des grandes affaires,

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