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<< Si en marchant il voit une chouette, il en est effrayé, et | che aux Romains de son temps de perdre par cette fète << n'ose continuer son chemin qu'après avoir prononcé ces juive la septième partie de leur vie.) Par un passage d'A<< mots, Que Minerve ait le dessus! » On attribuoit à l'in- thénée, liv. XII, chap. iv, il est à peu près certain que les fluence d'Hécate l'épilepsie et différentes autres maladies Perses avoient très anciennement un culte hebdomadaire; auxquelles bien des gens supposent encore aujourd'hui des et, selon Hérodote, 1, 150, ils avoient appris le culte rapports particuliers avec la lune, qui, dans la fable des d'Uranie des Arabes et des Assyriens, et avoient appelé Grecs, est représentée tantôt par Diane, tantôt par Hé- cette déesse Mitra ce qui semble prouver qu'ils l'ont ascate. Les purifications dont parle le texte consistoient en sociée à Mithras, leur divinité principale. fumigations. (Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. xxi.)

Mais notre texte peut aussi être altéré, et il peut y être question du sixième jour du mois ou de la décade, consacré à Vénus. (Voyez Jamblichus, dans la Vie de Pythagore, chap. xxvIII, sect. 152, où l'on cite une explication mystique que le philosophe de Samos a donnée de cet usage.) Dans ce cas, il est toujours très remarquable que les jours du Soleil, de Mercure et de Vénus occupent dans notre semaine le même rang que les jours consacrés par la religion des Grecs aux divinités qui répondent à ces corps célestes occupoient dans le mois d'Athènes, ou dans chacune des trois parties dans lesquelles il étoit divisé; c'est-à-dire que les uns et les autres tombent sur les premiers, quatrièmes et sixièmes jours de ces périodes. Ces superstitions grecques sont sans doute dérivées de l'usage égyptien de consacrer chaque jour à une divinité (voyez Hérodote, liv. II, chap. LXXXII); et c'est vraisemblablement à Alexandrie que cet antique usage s'est confondu successivement avec la semaine lunaire ou planétaire que paroissent avoir observée les autres nations de l'Orient, avec la consécration du sabbat chez les Juifs, et avec celle du dimanche chez les chrétiens.

(8) Le manuscrit du Vatican ajoute, « En disant qu'il « lui importe de ne pas se souiller; » et continue, « Les << quatrièmes et septièmes jours, il fait cuire du vin par << ses gens, sort lui-même pour acheter des branches de << myrte et des tablettes d'encens, et couronne en ren<< trant les Hermaphrodites pendant toute la journée. » Les quatrièmes jours du mois, ou peut-être de la décade, étoient consacrés à Mercure. (Voyez le scol. d'Aristoph., in Plut., v. 1127.) Le vin cuit est relatif à des libations ou à des sacrifices, et les branches de myrte appartiennent au culte de Vénus. Les Hermaphrodites sont des hermès à tête de Vénus, comme les hermérotes, les herméraclès, les hermathènes, étoient des hermès à tête de Cupidon, d'Hercule, et de Minerve. (Voyez Laur., de Sacris gent. Tr., de Gronov., tome VII, page 176; et Pausanias, livre XIX, II, où il parle d'une statue de Vénus en forme d'hermès.) Ils se trouvoient peut-être parmi ce grand nombre d'hermès votifs posés sur la place publique, entre te pœcile et le portique royal. (Voyez Harpocr., in Herm.) Le culte de Vénus étoit souvent joint à celui de Mercure. (Voyez Arnaud, de Diis synedris, chap. xxiv.) Quant au septième jour, si le chiffre est juste, ce ne peut pas être le septième du mois, qui étoit consacré, ainsi que le premier, au culte d'Apollon, et non à celui de Vénus. Il faut donc supposer que le sacrifice se fait tous les sept jours, et ce passage devient très important par la célèbre question sur l'antiquité d'un culte hebdomadaire chez les peuples dits profanes. J'observerai, à l'appui de cette opinion, qui est celle de M. Visconti, que, sur les premiers monuments païens de l'introduction de la semaine planétaire dans le calendrier romain, introduction qui paroît dater du deuxième siècle de l'ère chrétienne, Vénus occupe le septième rang parmi les divinités qui président au jour de cette période (voyez les Peintures d'Herculanum, tome III, planche 50); que le jour sacré des mahométans est le vendredi, et qu'il paroît que ce jour étoit fêté dans l'antiquité par les peuples ismaélites, en l'honneur de Vénus Uranie (voyez Selden, de Diis syris, segm. 11, chapitres 11 et iv); enfin, que la Vénus en forme d'hermès dont parle Pausanias étoit précisément une Vénus Uranie, déesse qui avoit à Athènes un culte solennel, et un temple situé près de la place publique, et par conséquent près des hermès dont j'ai parlé. Des cérémonies hebdomadaires en l'honneur de cette divinité pouvoient avoir passé en Grèce par les conquêtes d'Alexandre, comme l'observation du sabbat paroit s'être introduite à Rome par la conquête de la Palestine. (Voyez, outre les passages d'Ovide, d'Horace et de Tibulle, celui de Sénèque, que cite saint Augustin, de Cir. Dei, lib. VI, cap. x1, où le célèbre stoïcien repro

(9) « Vous ne réfléchissez pas à ce que vous faites étant « éveillés, disoit Diogène à ses contemporains; mais vous << faites beaucoup de cas des visions que vous avez en dor

<< mant. >>

(10) Instruire de ses mystères. (La Bruyère.) On ne so faisoit pas initier tous les mois, mais une fois dans la vie, et puis on observoit certaines cérémonies prescrites par ces mystères. (Voyez les notes de Casaubon.) Le mot que tous les traducteurs de ce passage ont rendu par initier est pris souvent par les anciens dans un sens fort étendu (voyez Athénée, liv. II, chap. x); je crois qu'il faut le traduire ici par purifier. Il faut observer, au reste, que les mystères d'Orphée sont ceux de Bacchus, et ne pas les confondre avec les mystères de Cérès. Toute la Grèce célébroit ces derniers avec la plus grande solennité, au lieu que les prêtres d'Orphée étoient une espèce de charlatans ambulants, dont les gens sensés ne faisoient aucun cas, et qui n'ont acquis de l'importance que vers le temps de la décadence de l'empire romain. (Voyez Anacharsis, chap. xx1; et le savant mémoire de Fréret sur le culte de Bacchus.)

(11) Le manuscrit du Vatican ajoute ici une phrase défectueuse, que, d'après une explication de M. Coray, appuyée sur les usages actuels de la Grèce, il faut entendre: « Il va quelquefois s'asperger d'eau de mer; et si alors << quelqu'un le regarde avec envie, il attache un ail sur sa « tête, et va la laver, etc. » Cette cérémonie devoit détourner le mauvais effet que pourroit produire le coup

d'œil de l'envieux. On trouvera plusieurs passages anciens | pour ne rien oublier, sur ce que mon bien est sur l'influence maligne que l'on attribuoit à ce coup d'œil, dans les commentateurs de ce vers des Bucoliques de Virgile (ecl. in, v. 103):

diminué de la moitié (6). Un homme chagrin, après avoir eu de ses juges ce qu'il demandoit, et l'avoir emporté tout d'une voix sur son adversaire, se plaint encore de celui qui a écrit ou parlé pour lui, de ce qu'il n'a pas touché les meilleurs moyens de sa cause; ou, lorsque ses amis ont fait ensemble une certaine somme

pour le secourir dans un besoin pressant (7), si quelqu'un l'en félicite et le convie à mieux espérer de la fortune: Comment, lui répond-il, puis-je être sensible à la moindre joie, quand je pense que je dois rendre cet argent à chacun de ceux qui me l'ont prêté, et n'être pas encore quitte envers eux de la reconnoissance de leur bienfait?

Nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos.

L'eau de mer étoit regardée comme la plus convenable aux purifications. (Voyez Anacharsis, chap. xx1; et Duport, dans les notes du commencement de ce chapitre.)

(12) Espèce d'ognon marin. (La Bruyère.) Le traducteur a inséré dans le texte la manière dont il croyoit que cette expiation se faisoit; mais il paroit que le chien sacrifié n'étoit que porté autour de la personne qu'on vouloit purifier, et la squille étoit vraisemblablement brûlée.

(15) Le grec ajoute même dans l'ancien texte : « Ou un « homme dont l'esprit est aliéné. »

CHAPITRE XVII.

De l'esprit chagrin.

L'esprit chagrin fait que l'on n'est jamais content de personne, et que l'on fait aux autres mille plaintes sans fondement (1). Si quelqu'un fait un festin, et qu'il se souvienne d'envoyer un plat (2) à un homme de cette humeur, il ne reçoit de lui pour tout remerciment que le reproche d'avoir été oublié Je n'étois pas digne, dit cet esprit querelleur, de boire de son vin, ni de manger à sa table. Tout lui est suspect, jusqu'aux caresses que lui fait sa maîtresse: Je doute fort, lui dit-il, que vous soyez sincère, et que toutes ces démonstrations d'amitié partent du cœur (3). Après une grande sécheresse, venant à pleuvoir (4), comme il ne peut se plaindre de la pluie, il s'en prend au Ciel de ce qu'elle n'a pas commencé plus tôt. Si le hasard lui fait voir une bourse dans son chemin, il s'incline: Il y a des gens, ajoute-t-il, qui ont du bonheur; pour moi, je n'ai jamais eu celui de trouver un trésor. Une autre fois, ayant envie d'un esclave, il prie instamment celui à qui il appartient d'y mettre le prix; et dès que celui-ci, vaincu par ses importunités, le lui a vendu (5), il se repent de l'avoir acheté. Ne suis-je pas trompé? demande-t-il; et exigeroit-on si peu d'une chose qui seroit sans défaut? A ceux qui lui font les compliments ordinaires sur la naissance d'un fils et sur l'augmentation de sa famille: Ajoutez, leur dit-il,

NOTES.

(1) Si l'on vouloit traduire littéralement le texte corrigé par Casaubon, cette définition seroit, « L'esprit chagrin « est un blâme injuste de ce que l'on reçoit; » et, d'après le manuscrit du Vatican corrigé par Schneider, « Une << disposition à blâmer ce qui vous est donné avec bonté. »

(2) C'a été la coutume des Juifs et d'autres peuples orientaux, des Grecs et des Romains. (La Bruyère. ) Il falloit ajouter, « Dans les repas donnés après des sacrifi«ces. » (Voyez chapitre x11, note 5.) Au lieu d'un plat, il y a dans le texte, « Une portion de la victime. »

(3) Littéralement : « Comblé de caresses par sa mai<< tresse, il lui dit : Je serois fort étonné si tu me chérissois « aussi de cœur.»

(4) Il auroit fallu dire : « Si après une grande séche«<resse il vient à pleuvoir. » Le lecteur attentif aura déja remarqué dans cette traduction beaucoup de négligences de style qu'on ne pardonneroit pas de nos jours.

(5) Au lieu de ces mots, et dès que celui-ci, etc., le texte dit, « Et s'il a eu un bon marché. » M. Barthélemy, qui a inséré quelques traits de ce caractère dans son chapitre xxvIII, rend celui-ci de la manière suivante : « Un de « mes amis, après les plus tendres sollicitations, consent « à me céder le meilleur de ses esclaves. Je m'en rapporte << à son estimation; savez-vous ce qu'il fait? il me le donne << à un prix fort au-dessous de la mienne. Sans doute cet │« esclave a quelque vice caché. Je ne sais quel poison se«<cret se mêle toujours à mon bonheur.»

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CHAPITRE XVIII.

De la défiance.

L'esprit de défiance nous fait croire que tout le monde est capable de nous tromper. Un homme défiant, par exemple, s'il envoie au marché l'un de ses domestiques pour y acheter des provisions, il le fait suivre par un autre, qui doit lui rapporter fidèlement combien elles ont coûté. Si quelquefois il porte de l'argent sur soi dans un voyage, il le calcule à chaque stade (1) qu'il fait pour voir s'il a son compte. Une autre fois, étant couché avec sa femme, il lui demande si elle a remarqué que son coffre-fort fût bien fermé, si sa cassette est toujours scellée (2), et si on a eu soin de bien fermer la porte du vestibuble; et, bien qu'elle assure que tout est en bon état, l'inquiétude le prend, il se lève du lit, va en chemise et les pieds nus, avec la lampe qui brûle dans sa chambre, visiter lui-même tous les endroits de sa maison; et ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'il s'endort après cette recherche. Il mène avec lui des témoins quand il va demander ses arrérages (3), afin qu'il ne prenne pas un jour envie à ses débiteurs de lui dénier sa dette. Ce n'est pas chez le foulon qui passe pour le meilleur ouvrier qu'il envoie teindre sa robe, mais chez celui qui consent de ne point la recevoir sans donner caution (4). Si quelqu'un se hasarde de lui emprunter quelques vases (5), il les lui refuse souvent; ou, s'il les accorde, [il ne les laisse pas enlever qu'ils ne soient pesés : il fait suivre celui qui les emporte, et envoie dès le lendemain prier qu'on les lui envoie. ] (6) A-t-il un esclave qu'il affectionne et qui l'accompagne dans la ville (7), il le fait marcher devant lui, de peur que, s'il le perdoit de vue, il ne lui échappât et ne prît la fuite. A un homme qui, emportant de chez lui quelque chose que ce soit, lui diroit: Estimez cela, et mettez-le sur mon compte, il répondroit qu'il faut le laisser où on l'a pris, et qu'il a d'autres affaires que celle de courir après son argent (8).

NOTES.

et demie. Le manuscrit du Vatican porte : « Et s'assied à << chaque stade pour le compter. »

(1) Six cents pas. (La Bruyère.) Le stade olympique, avoit, selon M. Barthélemy, quatre-vingt-quatorze toises

(2) Les anciens employoient souvent la cire et le cachet en place des serrures et des clefs. Ils cachetoient même quelquefois les portes, et sur-tout celles du gynécée. (Voyez entre autres les Thesmoph. d'Aristoph., v. 422.)

(3) « Quand il demande les intérêts de son argent, afin << que ses débiteurs ne puissent pas nier la dette. » Il faut supposer peut-être que c'est avec les mêmes témoins qui étoient présents lorsque l'argent a été remis.

(4) Le grec dit : «Mais chez celui qui a un bon répondant.»> (5) D'or ou d'argent. (La Bruyère. )

tre précédents. Voilà comme le manuscrit du Vatican res

(6) Ce qui se lit entre les deux [ ] n'est pas dans le grec, où le sens est interrompu; mais il est suppléé par quelques interprètes. ( La Bruyère. ) C'est Casaubon qui avoit suppléé à cette phrase défectueuse, non seulement par les mots que La Bruyère a désignés, mais encore par les quatitue ce passage, dans lequel on reconnoîtra avec plaisir un trait que Casaubon avoit deviné : « 11 les refuse la plu<< part du temps; mais, s'ils sont demandés par un ami << ou par un parent, il est tenté de les essayer et de les veut les essayer aux yeux de celui à qui il les confie, « peser, et exige presque une caution avant de les prêter. » pour lui prouver que c'est de l'or ou de l'argent fin. Ce sens du verbe grec, restitué dans cette phrase par M. Coray, est justifié par l'explication que donne Hésychius du substantif qui en dérive.

(7) La Bruyère a ajouté les mots, « Qu'il affectionne. » M. Coray a joint ce trait au précédent, en l'appliquant à l'esclave qui porte les vases.

(8) Dans les additions du manuscrit du Vatican, à cette phrase difficile et elliptique, il faut, je crois, mettre le dernier verbe à l'optatif attique de l'aoriste, et traduire : « Il répond à ceux qui, ayant acheté quelque chose chez << lui, lui disent de faire le compte, et de mettre l'objet « en note, parcequ'ils n'ont pas en ce moment le temps « de lui envoyer de l'argent : Oh! ne vous en mettez pas << en peine; car, quand même vous en auriez le temps, je << ne vous en suivrois pas moins; » c'est-à-dire, quand même vous me diriez que vous m'enverrez de l'argent

sur-le-champ, je préfèrerois pourtant de vous accompagner chez vous ou chez votre banquier pour le toucher moi-même.

CHAPITRE XIX.

D'un vilain homme.

Ce caractère suppose toujours dans un homme une extrême malpropreté, et une négligence

our sa personne qui passe dans l'excès et qui blesse ceux qui s'en aperçoivent. Vous le verrez

quelquefois tout couvert de lèpre, avec des ongles longs et malpropres, ne pas laisser de se mêler parmi le monde, et croire en être quitte pour dire que c'est une maladie de famille, et que son père et son aïeul y étoient sujets (1). Il a aux jambes des ulcères. On lui voit aux mains des poireaux et d'autres saletés qu'il néglige de faire guérir; ou, s'il pense à y remédier, c'est lorsque le mal, aigri par le temps, est devenu incurable. Il est hérissé de poil sous les aisselles et par tout le corps, comme une bête fauve : il a les dents noires, rongées, et telles que son abord ne se peut souffrir. Ce n'est pas tout (2): il crache ou il se mouche en mangeant, il parle la bouche pleine (3), fait en buvant des choses contre la bienséance (4), ne se sert jamais au bain que d'une huile qui sent mauvais (5), et ne paroît guère dans une assemblée publique qu'avec une vieille robe (6) et toute tachée. S'il est obligé d'accompagner sa mère chez les devins, il n'ouvre la bouche que pour dire des choses de mauvais augure (7). Une autre fois, dans le temple et en faisant des libations (8), il lui échappera des mains une coupe ou quelque autre vase; et il rira ensuite de cette aventure, comme s'il avoit fait quelque chose de merveilleux. Un homme si extraordinaire ne sait point écouter un concert ou d'excellents joueurs de flûte; il bat des mains avec violence comme pour leur applaudir, ou bien il suit d'une voix désagréable le même air qu'ils jouent il s'ennuie de la symphonie, et demande si elle ne doit pas bientôt finir. Enfin si, étant assis à table, il veut cracher, c'est justement sur celui qui est derrière lui pour lui donner à boire (9).

(2) Le grec porte ici la formule dont j'ai parlé au chapitre xi, note 9, et au chapitre xvi, note 1.

(3) Le grec ajoute : « Et laisse tomber ce qu'il mange. » (4) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Il est couché à <«< table sous la même couverture que sa femme, et prend << avec elle des libertés déplacées. »

en piyes0x, dans le sens de se serrer dans ses habits

signification que l'on peut donner à ce verbe avec d'autant tif qui en dérive par tunique. Cet homme malpropre n'atplus de vraisemblance, qu'Hésychius explique le substantend pas seulement que sa mauvaise huile soit sèche, mais s'enveloppe sur-le-champ dans ses habits. L'usage ordinaire exigeoit de laisser sécher l'huile au soleil : ce que les Ro:nains appeloient insolatio.

(5) Le manuscrit du Vatican fait ici un léger changement, et ajoute un mot qui, tel qu'il est, ne présente aucun sens convenable; M. Visconti propose de le corriger

(6) Le manuscrit du Vatican dit, « tout usée, » et parle aussi d'une tunique grossière.

(7) Les anciens avoient un grand égard pour les paroles qui étoient proférées, même par hasard, par ceux qui ve

noient consulter les devins et les augures, prier ou sacrifier dans les temples. ( La Bruyère. )

CHAPITRE XX.

D'un homme incommode.

Ce qu'on appelle un fâcheux est celui qui, sans faire à quelqu'un un fort grand tort, ne laisse pas de l'embarrasser beaucoup (1); qui, entrant dans la chambre de son ami qui commence à s'endormir, le réveille pour l'entretenir de vains discours (2); qui, se trouvant sur le bord de la mer, sur le point qu'un homme est près de partir et de monter dans son vaisseau,

NOTES.

(1) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Et qu'elle pré- l'arrête sans nul besoin et l'engage insensible

<< serve sa race d'un mélange étranger. »

(8) Cérémonies où l'on répandoit du vin ou du lait dans les sacrifices. (La Bruyère.)

(9) Le grec dit : «Il crache par-dessus la table sur celui « qui lui donne à boire. » Les anciens n'occupoient qu'un côté de la table, ou des tables, qu'on plaçoit devant eux, et les esclaves qui les servoient se tenoient de l'autre côté. partiennent peut-être au chapitre suivant. La transposiAu reste, les quatre derniers traits de ce caractère aption manifeste de plusieurs traits du caractère xxx au caractère x1 doit inspirer naturellement l'idée d'attribuer à

une cause semblable toutes les incohérences de cet ouvrage, plutôt que de les mettre sur le compte de l'auteur.

ment à se promener avec lui sur le rivage (3); qui, arrachant un petit enfant du sein de sa nourrice pendant qu'il tette, lui fait avaler quelque chose qu'il a mâché (4), bat des mains devant lui, le caresse, et lui parle d'une voix contrefaite; qui choisit le temps du repas, et que le potage est sur la table, pour dire qu'ayant pris médecine depuis deux jours, il est allé par étoit mêlée dans ses déjections (5); qui, devant haut et par bas, et qu'une bile noire et recuite toute une assemblée, s'avise de demander à sa

NOTES.

|

chapitre XIII ou au chapitre x1 : « Quand il donne un re<< pas, il fait connoître son parasite à ses convives; et, les « provoquant à boire, il dit que celle qui doit amuser la << compagnie est toute prête, et que, dès qu'on voudra, << il la fera chercher chez l'entrepreneur, pour faire de la « musique et pour égayer tout le monde. » (Voyez chap. ix, note 4, et chap. xi, note 5.) Ces nombreuses transposiàtions favorisent l'opinion de ceux qui croient que l'ouvrage

de Théophraste, d'où ces caractères sont extraits, avoit une forme toute différente de celle de ces fragments.

mère quel jour elle a accouché de lui (6); qui, ne sachant que dire (7), apprend que l'eau de sa citerne est fraîche, qu'il croît dans son jardin de bons légumes, ou que sa maison est ouverte à tout le monde comme une hôtellerie; qui s'empresse de faire connoître à ses hôtes un parasite (8) qu'il a chez lui; qui l'invite, table, à se mettre en bonne humeur et à réjouir la compagnie.

(1) Littéralement : « La malice innocente est une con<< duite qui incommode sans nuire. »

(2) Le grec dit : « Ce mauvais plaisant est capable de « réveiller un homme qui vient de s'endormir, en entrant « chez lui pour causer. »

«

(3) Ou, d'après M. Coray : « Prêt à s'embarquer pour << quelque voyage, il se promène sur le rivage, et empêa che qu'on ne mette à la voile, en priant ceux qui doi« vent partir avec lui d'attendre qu'il ait fini sa pro

<< menade. >

(4) Casaubon a prouvé que c'étoit là la manière ordinaire de donner à manger aux enfants; mais par cette raison même, et d'après le sens littéral du grec, je crois

qu'il faut traduire : « Il mâche quelque chose comme « pour le lui donner, et l'avale lui-même. » Le manuscrit du Vatican ajoute, « et l'appelle plus malin que son grand< père. »

(5) Théophraste lui fait dire « que la bile qu'il a rendue << étoit plus noire que la sauce qui est sur la table.» Ce trait et le suivant me paroissent appartenir au caractère précédent, à la place de ceux que je crois avoir été distraits de celui-ci. (Voyez la note 9 du chapitre précédent.)

(6) Le manuscrit du Vatican ajoute ici une phrase très obscure, et vraisemblablement altérée par les copistes. II me paroit que Théophraste fait dire à ce mauvais plaisant, au sujet des douleurs de sa mère : « Un moment bien doux « a dû précéder celui-là; et sans ces deux choses il est

« impossible de produire un homme. »

(7) Cette transition est de La Bruyère : les traits qui suivent me paroissent appartenir au caractère suivant ou au chap. xxIII. D'après les additions du manuscrit du Vatican, il faut les traduire : « Il se vante d'avoir chez lui

• d'excellente eau de citerne, et de posséder un jardin qui lui < donne les légumes les plus tendres en grande abondance. « Il dit aussi qu'il a un cuisinier d'un rare talent, et que sa < maison est comme une hôtellerie, parcequ'elle est tou« jours pleine d'étrangers, et que ses amis ressemblent au

⚫ tonneau percé de la fable, puisqu'il ne peut les satisfaire « en les comblant de bienfaits. » Les traits suivants sont encore d'un genre différent, et conviendroient mieux au

(8) Mot grec qui signifie celui qui ne mange que chez autrui. (La Bruyère.)

CHAPITRE XXI.

De la sotte vanité (1).

La sotte vanité semble être une passion inquiète de se faire valoir par les plus petites choses, ou de chercher dans les sujets les plus frivoles du nom et de la distinction. Ainsi un homme vain, s'il se trouve à un repas, affecte toujours de s'asseoir proche de celui qui l'a convié ; il consacre à Apollon la chevelure d'un fils qui lui vient de naître ; et, dès qu'il est parvenu à l'âge de puberté, il le conduit lui-même à Delphes, lui coupe les cheveux, et les dépose dans le temple comme un monument d'un vou solennel qu'il a accompli (2). Il aime à se faire suivre par un More (5). S'il fait un paiement, il affecte que ce soit dans une monnoie toute neuve, et qui ne vienne que d'être frappée (4). Après qu'il a immolé un bœuf devant quelque autel, il se fait réserver la peau du front de cet animal, il l'orne de rubans et de fleurs, et l'attache à l'endroit de sa maison le plus exposé à la vue de ceux qui passent (5), afin que personne du peuple n'ignore qu'il a sacrifié un boeuf. Une autre fois, au retour d'une cavalcade (6) qu'il aura faite avec d'autres citoyens, il renvoie chez soi par un valet tout son équipage, et ne garde qu'une riche robe dont il est habillé, et qu'il traîne le reste du jour dans la place publique. S'il lui meurt un petit chien, il l'enterre, lui dresse une épitaphe avec ces mots : Il étoit de race de Malte (7). Il consacre un anneau à Esculape, qu'il use à force d'y pendre des couronnes de fleurs. Il se parfume tous les jours (8). Il remplit avec un grand faste tout le temps de sa magistrature (9); et, sortant de charge, il rend compte au peuple avec ostenta

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