Page images
PDF
EPUB

ture vers Dieu; et elle n'empêche pas que la dernière action de la créature ne soit la

mort.

action de Dieu vers la créature, que de la créa- | monté, et par sa propre force, et par la force de son Saint-Esprit, qui l'environnoit de toutes parts. Il a été enlevé comme la fumée des victimes, qui est la figure de Jésus-Christ, étoit portée en haut par l'air qui la soutenoit, qui est la figure du Saint-Esprit : et les Actes des apôtres nous marquent expressément qu'il fut reçu au ciel, pour nous assurer que ce saint sacrifice accompli en terre a été accepté et reçu dans le sein de Dieu.

Toutes ces choses ont été accomplies en JésusChrist. En entrant au monde, il s'est offert : Obtulit semetipsum per Spiritum sanctum. (Hebr., 9, 14.) Ingrediens mundum dixit : Hostiam et oblationem noluisti : corpus autem aptasti mihi. (Hebr., 10, 5, 7.) Tunc dixi: Ecce venio. In capite Libri scriptum est de me, ut facerem voluntatem tuam Deus meus, volui, et legem tuam in medio cordis mei (Psalm., 59): Il s'est offert lui-même par le Saint-Esprit. Entrant dans le monde, il a dit : Seigneur, les sacrifices ne vous sont point agréables; mais vous m'avez formé un corps. Alors j'ai dit: Me voici, je viens selon qu'il est écrit de moi dans le Livre, pour faire, mon Dieu, votre volonté : c'est aussi, mon Dieu, ce que j'ai voulu, et votre loi est dans le milieu de mon cœur. Voilà son oblation. Sa sanctification a suivi immédiatement son oblation. Ce sacrifice a duré toute sa vie, et a été accompli par sa mort. Il a fallu qu'il ait passé par les souffrances pour entrer en sa gloire. (Luc, 24, 26.) Aux jours de sa chair, ayant offert avec un grand cri et avec larmes ses prières et ses supplications à celui qui pouvoit le tirer de la mort, il a été exaucé selon son humble respect par son Père; et quoiqu'il fût le Fils de Dieu, il a appris l'obéissance par tout ce qu'il a souffert. (Hebr., 5, 7, 8.) Et Dieu l'a ressuscité, et lui a envoyé sa gloire, figurée autrefois par le feu du ciel qui tomboit sur les victimes, pour brûler et consumer son corps, et le faire vivre de la vie de la gloire. C'est ce que Jésus-Christ a obtenu, et qui a été accompli par sa résurrection.

Ainsi ce sacrifice étant parfait par la mort de Jésus-Christ, et consommé même en son corps par sa résurrection, où l'image de la chair du péché a été absorbée par la gloire, Jésus-Christ avoit tout achevé de sa part ; et il ne restoit plus sinon que le sacrifice fût accepté de Dieu, et que, comme la fumée s'élevoit, et porteit l'odeur au trône de Dieu, aussi Jésus-Christ fût, en cet état d'immolation parfaite, offert, porté, et reçu au trône de Dieu même : et c'est ce qui a été accompli en l'Ascension, en laquelle il est

Voilà l'état des choses en notre souverain Seigneur. Considérons-les en nous maintenant. Lorsque nous entrons dans l'Église, qui est le monde des fidèles, et particulièrement des élus, où Jésus-Christ entra dans le moment de son incarnation, par un privilége particulier au Fils unique de Dieu, nous sommes offerts et sanctifiés. Ce sacrifice se continue par la vie, et s'accomplit à la mort, dans laquelle l'ame, quittant véritablement tous les vices et l'amour de la terre, dont la contagion l'infecte toujours durant cette vie, elle achève son immolation, et est reçue dans le sein de Dieu.

Ne nous affligeons donc pas de la mort des fidèles, comme les païens qui n'ont point d'espérance. Nous ne les avons pas perdus au moment de leur mort. Nous les avions perdus, pour ainsi dire, dès qu'ils étoient entrés dans l'Église par le baptême. Dès-lors ils étoient à Dieu. Leur vie étoit vouée à Dieu; leurs actions ne regardoient le monde que pour Dieu. Dans leur mort, ils se sont entièrement détachés des péchés; et c'est en ce moment qu'ils ont été reçus de Dieu, et que leur sacrifice a reçu son accomplissement et son couronnement.

Ils ont fait ce qu'ils avoient voué : ils ont achevé l'œuvre que Dieu leur avoit donné à faire: ils ont accompli la seule chose pour laquelle ils avoient été créés. La volonté de Dieu s'est accomplie en eux, et leur volonté est absorbée en Dieu. Que notre volonté ne sépare donc pas ce que Dieu a uni; et étouffons ou modérons par l'intelligence de la vérité les sentiments de la nature corrompue et déçue, qui n'a que de fausses images, et qui trouble, par ses illusions, la sainteté des sentiments que la vérité de l'Évangile doit nous donner.

Ne considérons donc plus la mort comme des païens, mais comme des Chrétiens, c'est-à-dire

avec l'espérance, comme saint Paul l'ordonne, | pre s'est étendu et débordé dans le vide que puisque c'est le privilége spécial des Chrétiens. l'amour de Dieu a laissé; et ainsi il s'est aimé c'est-à-dire Ne considérons plus un corps comme une cha- seul, et toutes choses pour soi, rogne infecte, car la nature trompeuse nous le infiniment. représente de la sorte, mais comme le temple inviolable et éternel du Saint-Esprit, comme la foi l'apprend.

Car nous savons que les corps des saints sont habités par le Saint-Esprit jusques à la résurrection, qui se fera par la vertu de cet Esprit qui réside en eux pour cet effet. C'est le sentiment des Pères. C'est pour cette raison que nous honorons les reliques des morts, et c'est sur ce vrai principe que l'on donnoit autrefois l'Eucharistie dans la bouche des morts; parceque, comme on savoit qu'ils étoient le temple du Saint-Esprit, on croyoit qu'ils méritoient d'être aussi unis à ce saint sacrement. Mais l'Église a changé cette coutume; non pas qu'elle croie que ces corps ne soient pas saints, mais par cette raison, que l'Eucharistie étant le pain de vie et des vivants, il ne doit pas être donné aux morts.

Ne considérons plus les fidèles qui sont morts en la grace de Dieu comme ayant cessé de vivre, quoique la nature le suggère; mais comme commençant à vivre, comme la vérité l'assure. Ne considérons plus leurs ames comme péries et réduites au néant; mais comme vivifiées et unies au souverain vivant : et corrigeons ainsi, par l'attention à ces vérités, les sentiments d'erreur qui sont si empreints en nous-mêmes, et ces mouvements d'horreur qui sont si naturels à l'homme.

III.

Dieu a créé l'homme avec deux amours, l'un pour Dieu, l'autre pour soi-même; mais avec cette loi, que l'amour pour Dieu seroit infini, c'est-à-dire sans aucune autre fin que Dieu même, et que l'amour pour soi-même seroit fini et1 rapportant à Dieu.

L'homme en cet état, non seulement s'aimoit sans péché, mais il ne pouvoit pas ne point s'aimer sans péché.

Depuis, le péché étant arrivé, l'homme a perdu le premier de ces amours; et l'amour pour soi-même étant resté seul dans cette grande ame capable d'un amour infini, cet amour-pro⚫ faut sous-entendre se. (Note de l'édit. de 1822.)

Voilà l'origine de l'amour-propre. Il étoit naturel à Adam, et juste en son innocence; mais il est devenu et criminel et immodéré, ensuite de son péché. Voilà la source de cet amour, et la cause de sa défectuosité et de son excès.

Il en est de même du desir de dominer, de la paresse, et des autres vices. L'application en est aisée à faire au sujet de l'horreur que nous avons de la mort. Cette horreur étoit naturelle et juste dans Adam innocent, parceque sa vie étant très agréable à Dieu, elle devoit être agréable à l'homme et la mort eût été horrible, parcequ'elle eût fini une vie conforme à la volonté de Dieu. Depuis, l'homme ayant péché, sa vie est devenue corrompue, son corps et son ame ennemis l'un de l'autre, et tous deux de Dieu.

Ce changement ayant infecté une si sainte vie, l'amour de la vie est néanmoins demeuré; et l'horreur de la mort étant restée la même, ce qui étoit juste en Adam est injuste en nous.

Voilà l'origine de l'horreur de la mort, et la cause de sa défectuosité. Éclairons donc l'erreur de la nature par la lumière de la foi.

L'horreur de la mort est naturelle; mais c'est dans l'état d'innocence, parcequ'elle n'eût pu entrer dans le paradis qu'en finissant une vie toute pure. Il étoit juste de la haïr, quand elle n'eût pu arriver qu'en séparant une ame sainte d'un corps saint: mais il est juste de l'aimer, quand elle sépare une ame sainte d'un corps impur. Il étoit juste de la fuir, quand elle eût rompu la paix entre l'ame et le corps; mais non pas quand elle en calme la dissension irréconciliable. Enfin, quand elle eût affligé un corps innocent, quand elle eût ôté au corps la liberté d'honorer Dieu, quand elle eût séparé de l'ame un corps soumis et coopérateur à ses volontés, quand elle eût fini tous les biens dont l'homme est capable, il étoit juste de l'abhorrer: mais quand elle finit une vie impure, quand elle ôte au corps la liberté de pécher, quand elle délivre l'ame d'un rebelle très puissant, et contredisant tous les motifs de son salut, il est très injuste d'en conserver les mêmes sentiments.

Ne quittons donc pas cet amour que la nature nous a donné pour la vie, puisque nous l'avons reçu de Dieu; mais que ce soit pour la même vie pour laquelle Dieu nous l'a donné, et non pas pour un objet contraire. Et en consentant à l'amour qu'Adam avoit pour sa vie innocente, et que Jésus-Christ même a eu pour la sienne, portons-nous à haïr une vie contraire à celle que Jésus-Christ a aimée, et à n'appréhender que la mort que Jésus-Christ a appréhendée, qui arrive à un corps agréable à Dieu; mais non pas à craindre une mort qui, punissant un corps coupable, et purgeant un corps vicieux, doit nous donner des sentiments tout contraires, si nous avons un peu de foi, d'espérance et de charité.

C'est un des grands principes du christianisme, que tout ce qui est arrivé à Jésus-Christ doit se passer et dans l'ame et dans le corps de chaque Chrétien; que comme Jésus-Christ a souffert durant sa vie mortelle, est mort à cette vie mortelle, et ressuscité d'une nouvelle vie, et est monté au ciel, où il est assis à la droite de Dieu son père, ainsi le corps et l'ame doivent souffrir, mourir, ressusciter, et monter au ciel.

'Toutes ces choses s'accomplissent dans l'ame durant cette vie, mais non dans le corps.

L'ame souffre et meurt au péché dans la pénitence et dans le baptême; l'ame ressuscite à une nouvelle vie dans ces sacrements; et enfin l'ame quitte la terre et monte au ciel en menant une vie céleste; ce qui fait dire à saint Paul: Nostra conversatio in cœlis est. (Philipp., 5, 20.) Aucune de ces choses n'arrive dans le corps durant cette vie, mais les mêmes choses s'y passent ensuite. Car à la mort, le corps meurt à sa vie mortelle : au jugement, il ressuscitera à une nouvelle vie : après le jugement, il montera au ciel, et y demeurera éternellement. Ainsi les mêmes choses arrivent au corps et à l'ame, mais en différents temps; et les changements du corps n'arrivent que quand ceux de l'ame sont accomplis, c'est-à-dire après la mort de sorte que la mort est le couronnement de la beatitude de l'ame, et le commencement de la beatitude du corps.

nous apprend, sur ce sujet, que Dieu en a disde posé de la sorte, peur que, si le corps de l'homme fût mort et ressuscité pour jamais dans le baptême, on ne fût entré dans l'obéissance de l'Evangile que par l'amour de la vie; au lieu que la grandeur de la foi éclate bien davantage lorsque l'on tend à l'immortalité par les ombres de la mort.

IV.

Il n'est pas juste que nous soyons sans ressentiment et sans douleur dans les afflictions et les accidents fâcheux qui nous arrivent, comme des anges qui n'ont aucun sentiment de la nature: il n'est pas juste aussi que nous soyons sans consolation, comme des païens qui n'ont aucun sentiment de la grace: mais il est juste que nous soyons affligés et consolés comme Chrétiens, et que la consolation de la grace l'emporte par-dessus les sentiments de la nature, afin que la grace soit non seulement en nous, mais victorieuse en nous; qu'ainsi en sanctifiant le nom de notre père, sa volonté devienne la nôtre; que sa grace règne et domine sur la nature, que nos afflictions soient comme la matière d'un sacrifice que sa grace consomme et anéantisse pour la gloire de Dieu, et que ces sacrifices particuliers honorent et préviennent le sacrifice universel où la nature entière doit être consommée par la puissance de Jésus-Christ.

et

Ainsi nous tirerons avantage de nos propres imperfections, puisqu'elles serviront de matière à cet holocauste : car c'est le but des vrais Chrétiens de profiter de leurs propres imperfections, parceque tout coopère en bien pour les élus.

Et si nous y prenons garde de près, nous trouverons de grands avantages pour notre édification, en considérant la chose dans la vérité; car puisqu'il est véritable que la mort du corps n'est que l'image de celle de l'ame, et que nous bâtissons sur ce principe, que nous avons sujet d'espérer du salut de ceux dont nous pleurons la mort, il est certain que, si nous ne pouvons arrêter le cours de notre tristesse et de notre déplaisir, nous devons en tirer ce profit, que, puisque la mort du corps est si terrible, qu'elle nous cause de tels mouvements, celle de l'ame Voilà les admirables conduites de la sagesse devroit nous en causer de plus inconsolables. de Dieu sur le salut des ames; et saint Augustin Dieu a envoyé la première à ceux que nous re

[ocr errors]

grettons; mais nous espérons qu'il a détourné soit vainqueur, et qu'il règne éternellement la seconde. Considérons donc la grandeur de en nous.

nos biens dans la grandeur de nos maux, et que l'excès de notre douleur soit la mesure de celle de notre joie.

Il n'y a rien qui puisse la modérer, sinon la crainte que leurs ames ne languissent pour quelque temps dans les peines qui sont destinées à purger le reste des péchés de cette vie : et c'est pour fléchir la colère de Dieu sur eux, que nous devons soigneusement nous employer.

La prière et les sacrifices sont un souverain remède à leurs peines. Mais une des plus solides et des plus utiles charités envers les morts, est de faire les choses qu'ils nous ordonneroient, s'ils étoient encore au monde, et de nous mettre pour eux en l'état auquel ils nous souhaitent à présent.

Par cette pratique, nous les faisons revivre en nous en quelque sorte, puisque ce sont leurs conseils qui sont encore vivants et agissants en nous; et comme les hérésiarques sont punis en l'autre vie des péchés auxquels ils ont engagé leurs sectateurs, dans lesquels leur venin vit encore; ainsi les morts sont récompensés, outre leur propre mérite, pour ceux auxquels ils ont donné suite par leurs conseils et leur exemple.

V.

L'homme est assurément trop infirme pour pouvoir juger sainement de la suite des choses futures. Espérons donc en Dieu, et ne nous fatiguons pas par des prévoyances indiscrètes et téméraires. Remettons-nous à Dieu pour la conduite de nos vies, et que le déplaisir ne soit pas dominant en nous.

Saint Augustin nous apprend qu'il y a dans chaque homme un serpent, une Eve et un Adam. Le serpent, sont les sens et notre nature; l'Ève est l'appétit concupiscible, et l'Adam est la

raison.

La nature nous tente continuellement; l'appétit concupiscible desire souvent; mais le péché n'est pas achevé, si la raison ne consent.

Laissons donc agir ce serpent et cette Ève, si nous ne pouvons l'empêcher: mais prions Dien que sa grace fortifie tellement notre Adam, qu'il demeure victorieux; que Jésus-Christ en

ARTICLE XIX.

Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies.

I.

Seigneur, dont l'esprit est si bon et si doux en toutes choses, et qui êtes tellement miséricordieux, que non seulement les prospérités, mais les disgraces mêmes qui arrivent à vos élus sont des effets de votre miséricorde; faites-moi la grace de ne pas agir en païen dans l'état où votre justice m'a réduit ; que, comme un vrai Chrétien, je vous reconnoisse pour mon me trouve, puisque le changement de ma conpère et pour mon Dieu, en quelque état que je dition n'en apporte pas à la vôtre; que vous êtes toujours le même, quoique je sois sujet au changement; et que vous n'êtes pas moins Dieu quand vous affligez et quand vous punissez, que quand vous consolez et que vous usez d'indulgence.

II.

Vous m'aviez donné la santé pour vous servir, et j'en ai fait un usage tout profane. Vous m'envoyez maintenant la maladie pour me corriger; ne permettez pas que j'en use pour vous irriter par mon impatience. J'ai mal usé de ma santé, et vous m'en avez justement puni. Ne souffrez pas que j'use mal de votre punition. Et puisque la corruption de ma nature est telle, qu'elle me rend vos faveurs pernicieuses, faites, ô mon Dieu! que votre grace toute-puissante me rende vos châtiments salutaires. Si j'ai eu le cœur plein de l'affection du monde pendant qu'il a eu quelque vigueur, anéantissez cette vigueur pour mon salut; et rendez-moi incapable de jouir du monde, soit par foiblesse de corps, soit par zèle de charité, pour ne jouir que de vous seul.

[ocr errors][merged small]

tre jugement. Faites donc, ô mon Dieu, que, comme vous avez prévenu ma mort, je prévienne la rigueur de votre sentence, et que je m'examine moi-même avant votre jugement, pour trouver miséricorde en votre présence.

IV.

Faites, ô mon Dieu! que j'adore en silence l'ordre de votre providence adorable sur la conduite de ma vie ; que votre fléau me console; et qu'ayant vécu dans l'amertume de mes péchés pendant la paix, je goûte les douceurs célestes de votre grace durant les maux salutaires dont vous m'affligez! Mais je reconnois, mon Dieu, que mon cœur est tellement endurci et plein des idées, des soins, des inquiétudes et des attachements du monde, que la maladie non plus que la santé, ni les discours, ni les livres, ni vos Écritures sacrées, ni votre Évan

mônes, ni les jeunes, ni les mortifications, ni les miracles, ni l'usage des sacrements, ni le sacrifice de votre corps, ni tous vos efforts, ni ceux de tout le monde ensemble, ne peuvent rien du tout pour commencer ma conversion, si vous n'accompagnez toutes ces choses d'une assistance tout extraordinaire de votre grace. C'est pourquoi, mon Dieu, je m'adresse à

sez subsister le monde et toutes les choses du monde que pour exercer vos élus, ou pour punir les pécheurs! ô Dieu, qui laissez les pécheurs endurcis dans l'usage délicieux et criminel du monde! ô Dieu, qui faites mourir nos corps, et qui, à l'heure de la mort, détachez notre ame de tout ce qu'elle aimoit au monde! ô Dieu, qui m'arrachez, à ce dernier moment de ma vie, de toutes les choses auxquelles je me suis attaché, et où j'ai mis mon cœur! Dieu, qui devez consumer, au dernier jour, le ciel et la terre, et toutes les créatures qu'ils contiennent, pour montrer à tous les hommes que rien ne subsiste que vous, et qu'ainsi rien n'est digne d'amour que vous, puisque rien n'est durable que vous! ô Dieu, qui devez détruire toutes ces vaines idoles et tous ces funestes objets de nos passions! je vous loue, mon Dieu, et je vous bénirai tous les jours de ma vie, de ce qu'il vous a plu pré-gile, ni vos mystères les plus saints, ni les auvenir en ma faveur ce jour épouvantable, en détruisant à mon égard toutes choses, dans l'affoiblissement où vous m'avez réduit. Je vous loue, mon Dieu, et je vous bénirai tous les jours de ma vie, de ce qu'il vous a plu me réduire dans l'incapacité de jouir des douceurs de la santé et des plaisirs du monde ; et de ce que vous avez anéanti en quelque sorte, pour mon avantage, les idoles trompeuses que vous anéan-vous, Dieu tout-puissant, pour vous demander tirez effectivement pour la confusion des méchants au jour de votre colère. Faites, Seigneur, que je me juge moi-même ensuite de cette destruction que vous avez faite à mon égard, afin que vous ne me jugiez pas vous-même ensuite de l'entière destruction que vous ferez de ma vie et du monde. Car, Seigneur, comme à l'instant de ma mort je me trouverai séparé du monde, dénué de toutes choses, seul en votre présence, pour répondre à votre justice de tous les mouvements de mon cœur; faites que je me considère en cette maladie comme en une espèce de mort, séparé du monde, dénué de tous les objets de mes attachements, seul en votre présence, pour implorer de votre miséricorde la conversion de mon cœur; et qu'ainsi j'aie une extrême consolation de ce que vous m'envoyez maintenant une espèce de mort pour exercer votre miséricorde, avant que vous m'envoyiez effectivement la mort pour exercer vo

un don que toutes les créatures ensemble ne peuvent m'accorder. Je n'aurois pas la hardiesse de vous adresser mes cris, si quelque autre pouvoit les exaucer. Mais, mon Dieu, comme la conversion de mon cœur que je vous demande est un ouvrage qui passe tous les efforts de la nature, je ne puis m'adresser qu'à l'auteur et au maître tout-puissant de la nature et de mon cœur. A qui crierai-je, Seigneur, à qui aurai-je recours, si ce n'est à vous? Tout ce qui n'est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente. C'est Dieu même que je demande et que je cherche; et c'est à vous seul, mon Dieu, que je m'adresse pour vous obtenir. Ouvrez mon cœur, Seigneur, entrez dans cette place rebelle que les vices ont occupée. Ils la tiennent sujette. Entrez-y comme dans la maison du fort; mais liez auparavant le fort et puissant ennemi qui la maîtrise, et prenez ensuite les trésors qui y sont. Seigneur, prenez mes af

« PreviousContinue »