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la nôtre. Il n'est rien de cela aux exemples des païens nous n'avons point de liaison à eux; comme la richesse d'un étranger ne fait pas la nôtre, mais bien celle d'un père ou d'un mari.

XXV.

On ne se détache jamais sans douleur. On ne sent pas son lien, quand on suit volontairement celui qui entraîne, comme dit saint Augustin; mais quand on commence à résister et à marcher en s'éloignant, on souffre bien; le lien s'étend, et endure toute la violence; et ce lien est notre propre corps, qui ne se rompt qu'à la mort. Notre Seigneur a dit que, depuis la venue de Jean-Baptiste, c'est-à-dire depuis son avènement dans chaque fidèle, le royaume de Dieu souffre violence, et que les violents le ravissent. (MATTH., 11, 12.) Avant que l'on soit touché, on n'a que le poids de sa concupiscence, qui porte à la terre. Quand Dieu attire en haut, ces deux efforts contraires font cette violence que Dieu seul peut faire surmonter. Mais nous pouvons tout, dit saint Léon, avec celui sans lequel nous ne pouvons rien. Il faut donc se résoudre à souffrir cette guerre toute sa vie ; car il n'y a point ici de paix. Jésus-Christ est venu apporter le couteau, et non pas la paix. (MATTH., 10, 34.) Mais néanmoins il faut avouer que, comme l'Écriture dit que la sagesse des hommes n'est que folie devant Dieu (1 Cor., 3, 19), aussi on peut dire que cette guerre, qui paroît dure aux hommes, est une paix devant Dieu; car c'est cette paix que Jésus-Christ a aussi apportée. Elle ne sera néanmoins parfaite que quand le corps sera détruit; et c'est ce qui fait souhaiter la mort, en souffrant néanmoins de bon cœur la vie pour l'amour de celui qui a souffert pour nous et la vie et la mort, et qui peut nous donner plus de biens que nous ne pouvons ni en demander, ni imaginer, comme dit saint Paul. (Eph., 3, 20.)

XXVI.

Il faut tâcher de ne s'affliger de rien, et de prendre tout ce qui arrive pour le meilleur. Je crois que c'est un devoir, et qu'on pèche en ne le faisant pas. Car enfin, la raison pour laquelle

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Lorsque la vérité est abandonnée et persécutée, il semble que ce soit un temps où le service que l'on rend à Dieu en la défendant, lui est bien agréable. Il veut que nous jugions de la grace par la nature, et ainsi il permet de considérer que, comme un prince chassé de son pays par ses sujets à des tendresses extrêmes pour ceux qui lui demeurent fidèles dans la révolte publique, de même il semble que Dieu considère avec une bonté particulière ceux qui défendent la pureté de la religion, quand elle est combattue. Mais il y a cette différence entre les rois de la terre et le roi des rois, que les princes ne rendent pas leurs sujets fidèles, mais qu'ils les trouvent tels: au lieu que Dieu ne trouve jamais les hommes qu'infidèles sans sa grâce, et qu'il les rend fidèles quand ils le sont. De sorte qu'au lieu que les rois témoignent d'ordinaire avoir de l'obligation à ceux qui demeurent dans le devoir et dans leur obéissance, il arrive, au contraire, que ceux qui subsistent dans le service de Dieu lui en sont eux-mêmes infiniment redevables.

XXVIII.

Ce ne sont ni les austérités du corps, ni les agitations de l'esprit, mais les bons moutiennent les peines et du corps et de l'esprit. vements du cœur, qui méritent, et qui souCar enfin il faut ces deux choses pour sanctifier peines et plaisirs. Saint Paul a dit que ceux qui entreront dans la bonne voie trouveront des troubles et des inquiétudes en grand nombre. (Act., 14, 21.) Cela doit consoler ceux qui en sentent, puisque, étant avertis que le chemin du ciel qu'ils cherchent en est rempli, ils doivent se réjouir de rencon

trer des marques qu'ils sont dans le véritable
chemin. Mais ces peines-là ne sont pas sans
plaisirs, et ne sont jamais surmontées que par
le plaisir. Car de même que ceux qui quittent
Dieu pour retourner au monde ne le font que
parcequ'ils trouvent plus de douceurs dans les
plaisirs de la terre que dans ceux de l'union
avec Dieu, et que ce charme victorieux les
entraîne, et, les faisant repentir de leur
premier choix, les rend des pénitents du diable,
selon la parole de Tertullien: de même on ne
quitteroit jamais les plaisirs du monde pour
embrasser la croix de Jésus-Christ, si on ne
trouvoit plus de douceur dans le mépris, dans
la pauvreté, dans le dénuement et dans le
rebut des hommes, que dans les délices du pé-
ché. Et ainsi, comme dit Tertullien, il ne faut
la vie des Chrétiens soit une vie
pas
croire que
de tristesse. On ne quitte les plaisirs que pour
d'autres plus grands. Priez toujours, dit saint
Paul, rendez graces toujours, réjouissez-vous
toujours. (I Thess., 5, 16, 17, 18.) C'est la
joie d'avoir trouvé Dieu, qui est le principe de
la tristesse de l'avoir offensé, et de tout le
changement de vie. Celui qui a trouvé un trésor
dans un champ en a une telle joie, selon Jésus-
Christ, qu'elle lui fait vendre tout ce qu'il a
pour l'acheter. (MATTH., 15, 44.) Les gens du
monde ont leur tristesse; mais ils n'ont point
cette joie que le monde ne peut donner, ni
ôter, dit Jésus-Christ même. (JoAN., 14, 27 et
16, 22.) Les bienheureux ont cette joie sans
aucune tristesse ; et les Chrétiens ont cette joie

mêlée de la tristesse d'avoir suivi d'autres
plaisirs, et de la crainte de la perdre par
l'attrait de ces autres plaisirs qui nous tentent
sans relâche. Ainsi nous devons travailler sans
cesse à nous conserver cette crainte, qui con-
serve et modère notre joie; et, selon qu'on se
sent trop emporter vers l'un, se pencher vers
l'autre pour demeurer debout. Souvenez-vous
des biens dans les jours d'affliction, et souvenez-
vous de l'affliction dans les jours de réjouis-
sance, dit l'Écriture (Eccl., 11, 27.), jusqu'à
ce que la promesse que Jésus-Christ nous a
faite de rendre sa joie pleine en nous, soit
accomplie. Ne nous laissons donc pas abattre à
la tristesse, et ne croyons pas que la piété ne
consiste qu'en une amertume sans consolation.

La véritable piété, qui ne se trouve parfaite
que dans le ciel, est si pleine de satisfactions,
qu'elle en remplit et l'entrée, et le progrès, et
le couronnement. C'est une lumière si écla-
tout ce qui lui
tante, qu'elle rejaillit sur
appartient. S'il y a quelque tristesse mêlée, et
sur-tout à l'entrée, c'est de nous qu'elle vient,
et non pas de la vertu; car ce n'est pas l'effet
de la piété qui commence d'être en nous,
de l'impiété qui y est encore. Otons l'impiété,
et la joie sera sans mélange. Ne nous en
prenons donc pas à la dévotion, mais à nous-
mêmes, et n'y cherchons du soulagement que
par notre correction.

XXIX.

mais

Le passé ne doit point nous embarrasser, puisque nous n'avons qu'à avoir regret de nos fautes; mais l'avenir doit encore moins nous toucher, puisqu'il n'est point du tout à notre gard, et que nous n'y arriverons peut-être jamais. Le présent est le seul temps qui est

véritablement à nous, et dont nous devons user selon Dieu. C'est là où nos pensées doivent être principalement rapportées. Cependant le monde est si inquiet, qu'on ne pense presque jamais à la vie présente et à l'instant où l'on vit, mais à celui où l'on vivra. De sorte qu'on est toujours en état de vivre à l'avenir, et jamais de vivre maintenant. Notre Seigneur n'a pas voulu que notre prévoyance s'étendît plus loin que le jour où nous sommes. Ce sont les bornes qu'il nous fait garder, et pour notre salut, et pour notre propre repos.

XXX.

On se corrige quelquefois mieux par la vue du mal que par l'exemple du bien; et il est bon de s'accoutumer à profiter du mal, puisqu'il est si ordinaire, au lieu que le bien est si rare.

XXXI.

Dans le treizième chapitre de saint Marc, Jésus-Christ fait un grand discours à ses apôtres sur son dernier avènement : et comme tout ce qui arrive à l'Église arrive aussi à chaque chrétien en particulier, il est certain que tout ce chapitre prédit aussi bien l'état de

chaque personne qui, en se convertissant, détruit le vieil homme en elle, que l'état de l'univers entier qui sera détruit pour faire place à de nouveaux cieux et à une nouvelle terre, comme dit l'Écriture. (II PIER., 5, 15.) La prédiction qui y est contenue de la ruine du temple réprouvé, qui figure la ruine de l'homme réprouvé qui est en chacun de nous, et dont il est dit qu'il ne sera laissé pierre sur pierre, marque qu'il ne doit être laissé aucune passion du vieil homme; et ces effroyables guerres civiles et domestiques représentent si bien le trouble intérieur que sentent ceux qui se donnent à Dieu, qu'il n'y a rien de mieux peint, etc.

XXXII.

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rien. Ses sentiments sur l'homicide volontaire et sur la mort sont horribles. Il inspire une nonchalance du salut, sans crainte et sans repentir. Son livre n'étant point fait pour porter à la piété, il n'y étoit pas obligé mais on est toujours obligé de ne pas en détourner. Quoi qu'on puisse dire pour excuser ses sentiments trop libres sur plusieurs choses, on ne sauroit excuser en aucune sorte ses sentiments tout païens sur la mort; car il faut renoncer à toute piété, si on ne veut au moins mourir chrétiennement: or, il ne pense qu'à mourir lâchement et mollement par tout son livre.

XXXV.

cela

Ce qui nous trompe, en comparant ce qui Le Saint-Esprit repose invisiblement dans les s'est passé autrefois dans l'Église à ce qui s'v voit maintenant, c'est qu'ordinairement on rereliques de ceux qui sont morts dans la grace de Dieu, jusqu'à ce qu'il y paroisse visiblement garde saint Athanase, sainte Thérèse et les audans la résurrection; et c'est ce qui rend les retres saints, comme couronnés de gloire. Présentement que le éclairci les choses, temps liques des saints si dignes de vénération. Car paroit véritablement ainsi. Mais au temps que Dieu n'abandonne jamais les siens, non pas l'on persécutoit ce grand saint, c'étoit un homme même dans le sépulcre, où leurs corps, quoique morts aux yeux des hommes, sont plus vivants qui s'appeloit Athanase; et sainte Thérèse, dans devant Dieu, à cause que le péché n'y est plus: Élie étoit un homme comme nous, et sujet aux le sien, étoit une religieuse comme les autres. au lieu qu'il y réside toujours durant cette vie, au moins quant à sa racine: car les fruits du mêmes passions que nous, dit l'apôtre saint Jacpéché n'y sont pas toujours; et cette malheu-ques (JACQ., 5, 17), pour désabuser les Chrétiens reuse racine, qui en est inséparable pendant la vie, fait qu'il n'est pas permis de les honorer alors, puisqu'ils sont plutôt dignes d'être hais. C'est pour cela que la mort est nécessaire pour mortifier entièrement cette malheureuse racine; et c'est ce qui la rend souhaitable.

XXXIII.

Les élus ignoreront leurs vertus, et les réprouvés leurs crimes. Seigneur, diront les uns et les autres, quand vous avons-nous vu avoir faim? etc. (MATTH., 25, 57, 44.)

Jésus-Christ n'a point voulu du témoignage des démons, ni de ceux qui n'avoient pas vocation; mais de Dieu et de Jean-Baptiste.

XXXIV.

Les défauts de Montaigne sont grands. Il est plein de mots sales et déshonnêtes. Cela ne vaut

de cette fausse idée qui nous fait rejeter l'exemple des saints, comme disproportionné à notre état : c'étoient des saints, disons-nous, ce n'est

pas comme nous.

XXXVI.

A ceux qui ont de la répugnance pour la religion, il faut commencer par leur montrer qu'elle n'est point contraire à la raison; ensuite, qu'elle est vénérable, et en donner du respect; après, la rendre aimable, et faire souhaiter qu'elle fût vraie; et puis, montrer par les preuves incontestables qu'elle est vraie; faire voir son antiquité et sa sainteté par sa grandeur et par son élévation, et enfin qu'elle est aimable, parcequ'elle promet le vrai bien.

Un mot de David, ou de Moïse, comme celui-ci, Dieu circoncira les cours (Deut., 50, 6), fait juger de leur esprit. Que tous les autres discours soient équivoques, et qu'il soit. incer

tain s'ils sont de philosophes ou de chrétiens, un mot de cette nature détermine tout le reste. Jusque-là l'ambiguité dure, mais non pas après. De se tromper en croyant vraie la religion chrétienne, il n'y a pas grand'chose à perdre. Mais quel malheur de se tromper en la croyant fausse!

XXXVII.

Les conditions les plus aisées à vivre selon le monde sont les plus difficiles à vivre selon Dieu: et, au contraire, rien n'est si difficile selon le monde que la vie religieuse; rien n'est plus facile que de la passer selon Dieu : rien n'est plus aisé que d'être dans une grande charge et dans de grands biens selon le monde ; rien n'est plus difficile que d'y vivre selon Dieu, et sans y prendre de part et de goût.

XXXVIII.

L'ancien Testament contenoit les figures de la joie future, et le nouveau contient les moyens d'y arriver. Les figures étoient de joie, les moyens sont de pénitence; et néanmoins l'agneau pascal étoit mangé avec des laitues sauvages, cum amaritudinibus (Exod., 12, 8, ex Hebr.), pour marquer toujours qu'on ne pouvoit trouver la joie que par l'amertume.

XXXIX.

l'orage, lorsqu'on est assuré qu'il ne périra point. Les persécutions qui travaillent l'Église sont de cette nature.

L'histoire de l'Église doit être proprement appelée l'histoire de la vérité.

XLII.

Comme les deux sources de nos péchés sont l'orgueil et la paresse, Dieu nous a découvert en lui deux qualités pour les guérir: sa miséricorde et sa justice. Le propre de la justice est d'abattre l'orgueil; et le propre de la miséricorde est de combattre la paresse en invitant aux bonnes œuvres, selon ce passage : La miséricorde de Dieu invite à la pénitence (Rom., 2, 4); et cet autre des Ninivites: Faisons pénitence pour voir s'il n'auroit point pitié de nous. (JON., 3, 9.) Ainsi, tant s'en faut que la miséricorde de Dieu autorise le relâchement, qu'il n'y a rien, au contraire, qui le combatte davantage; et qu'au lieu de dire: S'il n'y avoit point en Dieu de miséricorde, il faudroit faire toutes sortes d'efforts pour accomplir ses préceptes; il faut dire, au contraire, que c'est parcequ'il y a en Dieu de la miséricorde, qu'il faut faire tout ce qu'on peut pour les accomplir.

XLIII.

Tout ce qui est au monde est concupiscence Le mot de Galilée, prononcé comme par ha- de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orsard par la foule des Juifs, en accusant Jésus-gueil de la vie (I JOAN., 2, 16), libido sentiendi, Christ devant Pilate (Luc, 25, 5), donna sujet libido sciendi, libido dominandi. Malheureuse la à Pilate d'envoyer Jésus-Christ à Hérode, en terre de malédiction que ces trois fleuves de feu quoi fut accompli le mystère, qu'il devoit être embrasent plutôt qu'ils n'arrosent! Heureux jugé par les Juifs et les Gentils. Le hasard en ceux qui, étant sur ces fleuves, non pas plonapparence fut la cause de l'accomplissement du gés, non pas entraînés, mais immobilement affermis; non pas debout, mais assis dans une mystère. assiette basse et sûre, dont ils ne se relèvent jamais avant la lumière, mais, après s'y être reposés en paix, teudent la main à celui qui doit les relever, pour les faire tenir debout et fermes dans les porches de la sainte Jérusalem, où ils n'auront plus à craindre les attaques de l'orgueil; et qui pleurent cependant, non pas de voir écouler toutes les choses périssables, mais dans le souvenir de leur chère patrie, de la Jérusalem céleste, après laquelle ils soupirent sans

XL.

Un homme me disoit un jour qu'il avoit grande joie et confiance en sortant de confession; un autre me disoit qu'il étoit en crainte. Je pensai sur cela que de ces deux on en feroit un bon, et que chacun manquoit en ce qu'il n'avoit pas le sentiment de l'autre.

XLI.

Il y a plaisir d'être dans un vaisseau battu de cesse dans la longueur de leur exil!

XLIV.

Un miracle, dit-on, affermiroit ma croyance. On parle ainsi quand on ne le voit pas. Les raisons qui, étant vues de loin, semblent borner notre vue, ne la bornent plus quand on y est arrivé. On commence à voir au-delà. Rien n'arrête la volubilité de notre esprit. Il n'y a point, dit-on, de règle qui n'ait quelque exception, ni de vérité si générale qui n'ait quelque face par où elle manque. Il suffit qu'elle ne soit pas absolument universelle pour nous donner prétexte d'appliquer l'exception au sujet présent, et de dire: Cela n'est pas toujours vrai; donc il y a des cas où cela n'est pas. Il ne reste plus qu'à montrer que celui-ci en est ; et il faut être bien maladroit, si on n'y trouve quelque jour.

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jamais (car les capitaines et les princes mêmes sont toujours esclaves et dépendants); mais il espère toujours l'indépendance, et travaille toujours à y venir; au lieu que le chartreux fait rent pas dans la servitude perpétuelle que tous vœu de ne jamais être indépendant. Ils ne diffèdeux ont toujours, mais dans l'espérance que l'un a toujours, et que l'autre n'a pas.

XLIX.

La propre volonté ne se satisferoit jamais quand elle auroit tout ce qu'elle souhaite ; mais on est satisfait dès l'instant qu'on y renonce. Avec elle, on ne peut être que malcontent; sans elle, on ne peut être que content.

La vraie et unique vertu est de se haïr, car on est haïssable par sa concupiscence; et de chercher un être véritablement aimable, pour l'aimer. Mais comme nous ne pouvons aimer ce qui est hors de nous, il faut aimer un être qui soit en nous, et qui ne soit pas nous. Or, il n'y a que l'Etre universel qui soit tel. Le royaume de Dieu est en nous (Luc, 17, 21); le bien universel est en nous, et n'est pas nous.

Il est injuste qu'on s'attache à nous, quoiqu'on le fasse avec plaisir et volontairement. Nous tromperons ceux à qui nous en ferons naître le desir; car nous ne sommes la fin de personne, et nous n'avons pas de quoi les satisfaire. Ne sommes-nous pas prêts à mourir1? Et ainsi l'objet de leur attachement mourroit. Comme nous serions coupables de faire croire une fausseté, quoique nous la persuadassions doucement, et qu'on la crût avec plaisir, et qu'en cela on nous fit plaisir : de même nous sommes coupables, si nous nous faisons aimer, et si nous attirons les gens à s'attacher à nous. Nous devons avertir ceux qui seroient prêts à consentir au mensonge qu'ils ne doivent pas le croire, quelque avantage qui nous en revînt. De même nous devons les avertir qu'ils ne doivent pas s'attacher à nous; car il faut qu'ils passent leur vie à plaire à Dieu, ou à le chercher.

Tout en suivant scrupuleusement le texte, je crois devoir relever cette faute d'expression. Prêts à mourir signifie préparés, disposés à la mort. La pensée même de l'auteur indique que ce n'est pas là ce qu'il a voulu dire. Il faudroit donc lire ici: Ne sommes-nous pas près de mourir? Ce qui signifie, en

Quelle différence entre un soldat et un chartreux, quant à l'obéissance? Car ils sont également obéissants et dépendants, et dans des exercices également pénibles. Mais le soldat espère toujours devenir maître, et ne le devient fort éloignée.

d'autres termes : Notre vie est si courte, et sujette à tant d'accidents, que nous ne pouvons jamais regarder la mort comme (Note de l'édit. de 1822.)

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