Tous leurs trônes sanguinaires
Seront brisés pour jamais ;
Nous bâtirons des chaumières
Des débris de leurs palais.

La liberté, la patrie,

Voilà les dieux de nos cœurs, Pour cette cause chérie

Nous jurons d'être vainqueurs. C'en est fait, le canon gronde, Nous ne voulons plus de paix, Que tous les tyrans du monde Ne soient aux pieds des Français.

Une invisible puissance
D'avance a compté nos jours;
Nul effort de la prudence
N'en peut prolonger le cours.
L'heure fatale est écrite,
Le lâche fuiroit en vain;
La mort l'atteint dans sa fuite
Et le frappe avec dédain.

Qu'a-t-il donc de si terrible
Le trépas pour un guerrier?

C'est un asyle paisible
Sous l'ombrage d'un laurier.
Sa mémoire s'associe

Au triomphe des vainqueurs ;
On n'a point perdu la vie

Quand on vit dans tous les cœurs.

DESMAREST.

NOEL

A LA FAÇON DU PÈRE DUCHÈNE. Air: Tous les Bourgeois de Chartres.

Pour aller voir Marie,

Et Jésus au berceau,

Dame aristocratie

Monte à bord d'un vaisseau.
Le temps n'est pas trop beau,
On craint même l'orage;
Mais la sainteté du projet,"
Vaut foutre bien que le trajet
Soit exempt de naufrage.

En prêtre d'importance,
Reniflant son tabac,

T

L'abbé Maury s'élance,
Tombe sur le tillac;
Son muffle est déchiré,
Il saigne en abondance.
Ah! foutre, dit-il, je suis né
Pour toujours me casser le né
Dans la maudite France.

On le panse, on l'arrange, On calme sa douleur:

Voilà le vent qui change.

La mer est en fureur;
Cazalès, à genoux,
Conjure la rafale.

Hélas! dit-il, c'est fait de nous,

Les élémens sont contre nous;

En voulant prendre un bénitier,
Fracasse la boussole.

Sautant sur l'équipage,
Les requins affammés,
Faisoient lire la rage

Dans leurs yeux enflamés; Mais l'un d'eux jette un cri: Amis, qu'allons-nous faire, Ces messieurs viennent de Paris; Voilà le cher abbé Maury: Mangerons-nous un frère?

Nous voulions, à la vierge,
Faire un très-beau discours,
Et, lui donnant un cierge,
Assurer son secours;

Puis conjurer Jésus

De rétablir en France

Tous nos blazons qui sont foutus, Nos biens que nous avons perdus, Et de changer la chance.

Bientôt, chose incroyable,
L'équipage entre au port.

ÉCOUTEZ

COUTEZ la plaisante histoire;

Car il s'agit d'un consistoire,

Qui, contre nous, est très-aigri:
Grace aux soins de l'abbé Maury.... bis.
Qui le croiroit, cet honnête homme,
Conduit d'ici les sots de Rome,,
Aussi bien que ceux de Paris:
Bravo, bravo, l'abbé Maury;
Bravo, bravo, l'abbé Maury.

Déja, de tous côtés s'assemblent,
Ces charlatans qui se ressemblent