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en plein ruisseau. Tout le monde la vit, et le plaisir fut général. On riait au seuil des boutiques, on riait dans les fiacres, on riait dans l'intérieur et sur le faîte des omnibus. Les gamins huaient, les laquais jubilaient, le cocher qui avait donné le choc exultait; seuls, à peu près, les sergents de ville, enchaînés par le devoir, essayaient de contenir leur bonne humeur. La pauvre dame voulut cacher sa boue et son chagrin dans une boutique; la foule s'y amoncela en étouffant de rire. Je voyais une représentation de Giboyer. A quoi bon protester? Que dire à cette canaille divertie?

N'importe! Je n'ai rien à faire, et il ne manque pas en France de gens inoccupés comme moi. On nous donne Giboyer à regarder pour nous distraire entrons là dedans, et sifflons autant qu'il est permis.

Donnons-nous le passe-temps de voir si les cochers d'omnibus peuvent rougir.

LE FOND

DE GIBOYER

INTERLOCUTEURS

LE MARQUIS, ancien ambassadeur, 71 ans.
M. D'AIGREMONT, ancien pair de France, 60 ans.

M. COUTURIER, ancien député, 55 ans.

LE COMTE, soldat pontifical, 25 ans.

MAXIMILIEN, valet de pied du marquis.

Un salon à Paris.

LE FOND

DE GIBOYER

LE MARQUIS.

Calmez-vous, neveu. Je l'ai lu, ce foudroyant Giboyer. Cela manque de vertu dans tous les sens du mot, y compris « le sens courant. » Ce n'est nullement ce que la chanson de Roland appelle un coup de baron. Il y en a pour deux ou trois mois.

LE COMTE.

Deux ou trois mois de pilori pour les honnêtes gens, mon oncle.

LE MARQUIS.

En fussent-ils toujours quittes à si bon marché,

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