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rempli ce qui nous restait de papier blanc. Le timbre est esquivé, sans que j'aie besoin pour lui échapper de passer en `Cochinchine ou au Mexique. Je m'arrête et je délivre le lecteur.

Mardi gras 1863.

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ARGUMENT

Une courte analyse du Fils de Giboyer est nécessaire pour l'intelligence du dialogue qui va suivre. La voici :

Le marquis d'Auberive, mauvais sujet plus que septuagénaire, l'un des chefs du parti légitimiste et catholique, s'occupe d'organiser le parti clérical, lequel est composé de légitimistes, d'orléanistes et d'impérialistes, « unis dans la haine ou la peur de la démocratie. » Il forme en même temps trois projets qui se rattachent à son plan politique. Premièrement, il veut donner un

mari à mademoiselle Fernande Maréchal, fille d'un député clérical-voltairien, imbécile et riche, dont il prétend avoir séduit la première femme, de qui cette Fernande est née. Deuxièmement, il veut donner un rédacteur en chef au principal journal clérical, son journal à lui, pour remplacer Déodat qui vient de mourir. Troisièmement, il veut donner au parti clérical un orateur éclatant, qui débutera par un discours sur la question romaine.

A mademoiselle Maréchal, il destine un parent pauvre, le jeune comte d'Outreville, qu'il tire exprès du Comtat et qui sera son héritier. Au journal, il destine l'illustre Giboyer, actuellement employé aux pompes funèbres et au théâtre de Lyon. A la tribune, il destine Maréchal, père imaginaire de Fernande. Giboyer lui fera ses discours, qui seront payés à part.

Le marquis septuagénaire se moque de tout, de ses amis vivants, de ses maîtresses défuntes, de son parti politique, de son parti religieux et

même du bonheur et de l'honneur de sa fille; car dès qu'il a vu le mari dont il prétend la munir, il le déclare sot et lâche, et ce détail ne l'empêche nullement de persévérer. Dans la pensée de l'auteur, le marquis d'Auberive est la personnification de la noblesse ancienne : c'est l'ombre qui fait resplendir la noblesse nouvelle, personnifiée en Giboyer, franc chenapan, mais plein d'aspirations sublimes, savant, éloquent, dévoué, en un mot, démocrate, et l'ancêtre de l'avenir.

Malheureusement pour les plans du marquis d'Auberive, Giboyer a un fils pseudonyme, un bâtard charmant et délicieux, né de ses libres amours avec une plieuse de journaux, et qui est aimé de la bâtarde Fernande Maréchal, aussi ravissante que lui. De plus, pour former et gouverner le parti clérical, le marquis se fait assister d'une intrigante nommée la baronne Sophie Pfeffers, et cette dame trouve le comte d'Outreville si précieusement niais qu'elle a résolu d'en faire son mari.

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