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Il me reste encore quelques vides, je prierai

l'auteur de Giboyer de m'aider à les remplir. Il me permettra de citer ici les passages de sa pièce qui regardent Déodat, et de donner à mes lecteurs sa préface tout entière.

EXTRAITS DU FILS De giboyeR.

(ACTE Ier, SCÈNE II)

LE MARQUIS.'

La goutte ne m'a pas empêché de lire notre journal. Savez-vous que la mort de ce pauvre Déodat s'y fait cruellement sentir?

LA BARONNE.

Ah! quelle perte! quel désastre pour notre cause!

Je l'ai pleuré.

LE MARQUIS.

LA BARONNE.

Quel talent! quelle verve! quel sarcasme!

LE MARQUIS.

C'était le hussard de l'orthodoxie... Il restera dans nos fastes sous le nom du pamphlétáire angélique... Conviciator angelicus. Et maintenant que nous sommes en règle avec sa grande ombre...

LA BARONNE.

Vous en parlez bien légèrement, Marquis.

LE MARQUIS.

Puisque je l'ai pleuré !.. Occupons-nous de son rem

plaçant.

LA BARONNE.

Dites son successeur. Le ciel ne suscite pas deux hommes pareils coup sur coup.

LE MARQUIS.

Et si je vous disais que j'ai mis la main sur un second exemplaire? Oui, Baronne, j'ai déterré une plume endiablée, cynique, virulente, qui crache et éclabousse; un gas qui larderait son propre père d'épigrammes moyennant une modique rétribution, et le mangerait à la croque-au-sel pour cinq francs de plus.

LA BARONNE.

Permettez, Déodat était de bonne foi.

LE MARQUIS.

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Parbleu! c'est l'effet du combat il n'y a plus de mercenaires dans la mêlée; les coups qu'ils reçoivent leur font une conviction...

(ACTE Ier, SCÈNE VIII)

GIBOYER.

Je veux le même traitement que Déodat... A quoi donc puis-je vous servir sinon à remplacer votre vir

tuose? Vous avez pensé que la mauvaise honte ne m'arrêterait pas et vous avez eu raison. Ma conscience n'a pas le droit de faire la prude. Mais si vous avez cru m'avoir pour un morceau de pain, vous vous êtes trompé. Vous avez plus besoin de moi que je n'ai besoin de vous.

LE MARQUIS.

Oh! oh! voilà de la fatuité.

GIBOYER.

Non, monsieur le Marquis, vous trouveriez peut-être un garnement de lettres aussi capable que moi de vider sur quiconque une écritoire empoisonnée mais l'inconvénient de ces auxiliaires-là, c'est qu'on n'est jamais sûr de les tenir. Or, moi, vous me tenez. C'est ce qui me met en posture de faire des conditions.

LE MARQUIS.

Ce raisonnement cornu me paraît sans réplique. Déodat avait mille francs par mois; le comité voulait opérer une réduction sur ce chapitre; mais je lui ferai valoir vos raisons.

GIBOYER.

Il ne voudra peut-être se décider que sur échantillon. Si je vous brochais d'ici à ce soir une tartine de Déodat?

LE MARQUIS.

Possédez-vous assez sa manière ?...

GIBOYER.

Parbleu! pour m'en servir en la définissant, elle consiste à rouler le libre penseur, à tomber le philosophe, en un mot à tirer la canne et le bâton devant l'arche. Un mélange de Bourdaloue et de Turlupin; la facétie appliquée à la défense des choses saintes : le Dies iræ sur le mirliton...

LE MARQUIS.

Bravo! tournez ces griffes-là contre nos adversaires, et tout ira bien.

Voici maintenant la Préface de la comédie:

PRÉFACE DU FILS DE GIBOYER.

<«< Quoi qu'on en ait dit, cette comédie n'est pas une « pièce politique, dans le sens courant du mot : c'est « une pièce sociale. Elle n'attaque et ne défend que

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