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doublement affecté, et par le désir dominant de la passion fondamentale, et par la cause modifiante toute extérieure, se dispersent en mille jets, tous partis d'un centre commun, qui est l'organe affecté d'une double action, l'une intérieure et l'autre extérieure.

L'on voit que les passions primitives sont les sources primitives du torrent de la sensibilité, qui grossi ensuite par tous les ruisseaux, qui, dans l'état de société arrivent de toutes parts des passions secondaires, fuit et se précipite par dessus mille obstacles divers où l'onde bout et fermente, s'élance ou bondit contre les corps étrangers qui s'opposent à son passage.

Une bonne théorie des sentimens (1) s'appliqueroit à démêler les effets divers de tant

(1) La théorie des sentimens, semblable à une chimie intellectuelle, s'appliqueroit surtout à connoître l'attraction et lá répulsion de ce que j'appelle idées d'imagination, ou idées liées à leur sentiment moteur.

Je ne me suis appliqué dans cet ouvrage qu'à développer les rapports qui se trouvent entre les sentimens et les idées. Si mes principes étoient justes, il faudroit dans l'analise de l'intelligence développer les rapports des idées entr'elles ; et dans l'analise de la sensibilité les rapports qu'il y a entre les sentimens: alors seulement on pourroit faire une théorie complète de l'imagination.

de

de causes et de tant de combinaisons variées; elle chercheroit à connoître les produits singuliers de tant d'élémens opposés, et s'appliqueroit surtout à déterminer leurs rapports avec le bonheur et la vertu, c'est-à-dire avec le bien de l'individu et la félicité publique.

LOA

1

SECOND DÉVELOPPEMENT.

LE BONHEUR.

J'AI

AVANT-PROPOS.

'AI fait voir, dans tout le cours de cet ouvrage, la distinction qu'il y a entre sentiment et idée; distinction qui ne se fait pas seulement sentir dans l'âme, mais qui se remarque encore dans l'automate, puisque les sentimens sont des sensations d'un sens, distinct des sens qui donnent les idées. Nous avons vu, que tout ce qui donne le mouvement aux idées, a sa source dans la sensibilité ; et que tout ce qui s'appelle connoissance, et tout ce qui présente l'idée d'un objet extérieur, ne peut naître que des cinq sens. Nous avons vu que les mouvemens du sixième sens étoient représentés dans l'âme par les sensations appelées plaisir ou douleur, destinées à donner le mouvement aux idées. Nous avons retrouvé dans l'intelligence quelque chose de semblable au mouvement; mais le mouvement, attribué à l'intelligence, a des caractères différens du mouvement de sensibilité.

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La direction du mouvement de l'intelligence est toujours différente et souvent opposée à celle de la sensibilité; elle tend par sa nature au développement de la faculté de connoître, tandis que l'imagination tend au développement de la faculté de sentir. Enfin, on a vu la liberté de l'homme dans la faculté d'agir par l'un ou par l'autre de ces mouvemens, en suivant à son gré, les directions de l'intelligence, ou les mouvemens de l'imagination.

Je vais dans la dernière partie de cet ouvrage, développer les grands résultats de l'action et de la réaction réciproques des sentimens et des idées. Ces résultats sont le bonheur ou le malheur de l'homme, dont les idées et les sentimens sont les intrumens nécessaires. L'un de ces instrumens, la sensibilité, donne le mouvement et règle les intensités et les vitesses de ce mouvement, l'autre instrument, les idées, donne les sons qui expriment ces vitesses et ces intensités. Nous allons voir, que des rapports entre les mouvemens de la sensibilité avec les idées mues par la sensibilité, résulte l'harmonie ou la discordance de notre être, dont le sentiment est ce que nous exprimons par les termes de bonheur ou de malheur.

tandis

que

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