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«< ce ridicule, pour le mieux faire apercevoir dans ceux qui « ont l'esprit de le dissimuler. Cette espèce d'exagération « demande une grande justesse de raison et de goût. Le << théâtre a son optique, et le tableau est manqué dès que le spectateur s'aperçoit qu'on a outré la nature. »

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La Cérémonie turque qui termine cet acte est absolument dans le genre de la farce, comme Molière l'a annoncé.

Lulli, déjà célèbre, en avoit composé la musique, et fit plus pour le succès de Molière et les plaisirs de Louis: il se chargea à Chambord du rôle du Muphti. Le nom de Chiaccherone qu'on trouve dans la liste des acteurs pour le personnage en question, n'étoit qu'un nom supposé, sous lequel l'habile pantomime Lulli s'étoit caché. Sa gaité donna à ce rôle tout le piquant dont il étoit susceptible, et l'on sait que quelques années après Lulli reparut encore à Versailles sous ce masque, malgré les avis qu'il avoit reçus que les secrétaires du roi, au nombre desquels il devoit être admis, se préparoient à lui faire, de cette complaisance pour les amusemens de son maître, une raison d'être rejeté. On trouve un détail de cette affaire où M. de Louvois se compromit, dans la Vie de Quinault, à la tête de ses ouvrages, et dans le parallèle de la musique des anciens avec la musique nouvelle, par M. de Freneuze.

ACTE V.

'7 LE cinquième acte, très court, est dénoué avec la même gaité des précédens, et les principaux acteurs de la pièce y sont ramenés avec assez de vraisemblance, quoique cela fût fort difficile; beaucoup de dénouemens modernes ont emprunté de celui-ci différentes situations. Cette pièce, qu'on voit toujours avec le même plaisir, étoit alors terminée par un ballet et des chants, dont les paroles sont en différentes langues.

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Molière avoit fait sa cour à la reine, en faisant paroître des Espagnols chantans et dansans, tirés de la troupe qu'elle entretenoit à Paris, et qu'elle garda jusqu'en 1673.

A l'égard des paroles françoises chantées, on est convenu plus d'une fois, dans ce Commentaire, que Molière n'y étoit pas heureux; cependant on peut y voir un duo dont plus d'un de nos écrivains lyriques se sont approprié l'image : Vois, ma Climène,

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Ces bagatelles coûtoient peut-être à Molière plus qu'une scène excellente; c'est ainsi qu'on ne retrouve plus La Fontaine, lorsqu'il traduit l'Eunuque de Térence. Remarquons aussi, puisque nous parlons de La Fontaine, qu'il n'écrivit pas mieux la scène lyrique que Molière. Despréaux n'eût jamais pu' l'écrire, M. de Voltaire essaya vainement ce genre. Le vrai génie sans doute descend difficilement à la mesure de talent que demande cette espèce de poésie.

FIN DU CINQUIÈME VOLUME.

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