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faisant souffrir sans motifs légitimes un être doué de sensibilité, en le mettant en pièces pour leur amusement.

A qui appartient donc le beau rôle dans la fable?

E. Au grillon. Car il profite de l'expérience, il cesse de désirer les biens dangereux qui le séduisaient, et instruit par le malheur du papillon, il trouve le bonheur dans son obscure retraite. C'est donc lui qui nous enseigne ce qu'il faut imiter, comme les autres personnages nous ont enseigné ce qu'il faut éviter.

M. Est-ce que vous penseriez que le grillon nous offre de tous points un modèle à suivre? Pour moi, je trouve de graves reproches à lui faire, et s'il nous instruit, c'est plutôt en nous montrant ce qu'il faut éviter que ce qu'il faut imiter.

Réfléchissez attentivement au caractère qu'il montre, et vous vous rangerez, j'en suis certain, à mon jugement.

Quels sont au fond la conduite et les sentiments du grillon? Où le voyons-nous d'abord? caché dans l'herbe fleurie, c'est àdire dans une retraite riante et douce où il peut vivre heureux. Mais il veut qu'on prenne garde à lui, il veut qu'on s'occupe de lui, ici-bas; c'est un vaniteux, plein de lui-même. Aussi porte-t-il envie au papillon, et l'envie, une fois entrée dans son cœur, le rend, comme nous l'avons vu, injuste et ingrat envers la Providence, mécontent et chagrin envers lui-même, et sans pitié pour les autres.

Ce n'est donc pas un modèle que l'auteur nous propose en lui. Sa fable a un autre but.

Elle nous montre qu'on peut trouver la joie et le bonheur dans une condition modeste et obscure, tandis que tout ce qui attire les yeux dans les conditions brillantes attire en même temps le danger et la ruine. Puis chaque personnage de cette scène nous donne pour son compte une leçon qui résulte de la part qu'il y prend, du rôle qu'il y joue.

Le papillon nous enseigne à ne pas exciter l'attention et l'envie par l'étalage des avantages que nous possédons, et à ne pas jouir sans précaution de la liberté qui est en notre pouvoir. Nous voyons par l'exemple des enfants, qu'en s'abandonnant à ses désirs et à sa passion on devient violent, cruel, et que la passion manque par son propre excès le but même qu'elle se propose.

Enfin le grillon nous montre comment la vanité peut conduire à l'envie et à la jalousie; comment de la jalousie naissent l'injustice, l'ingratitude, l'amertume, et comment cette même vanité, corrigée par l'expérience, va cependant encore aboutir à l'égoïsme.

Voilà, en effet, les sages leçons que nous offre cette fable. Avant de l'avoir étudiée avec réflexion, elle ne semblait vous présenter qu'un récit attachant et émouvant, propre seulement à piquer votre curiosité. Maintenant vous en comprenez mieux le sens et la portée, sans que cette étude plus sérieuse lui ait rien lait perdre de son agrément.

4. Prière du matin.

L'oiseau vigilant nous réveille,

Et ses chants redoublés semblent chasser la nuit :
Jésus se fait entendre à l'âme qui sommeille,
Et l'appelle à la vie' où son jour nous conduit.

Quittez, dit-il, la couche oisive

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Où vous ensevelit une molle langueur :

Sobres, chastes et purs, l'œil et l'âme attentive*,
Veillez; je suis tout proche, et frappe à votre cœur.

Ouvrons donc l'œil à sa lumière;

Levons vers ce Sauveur et nos mains et nos yeux;
Prions une ardente prière

Écarte le sommeil et pénètre les cieux.

RACINE.

2.

Comment n convient que les enfants prient.

Petits enfants, c'est par tendresse que je vous parle ainsi; car je n'adresserais pas mon discours à ceux qui, dans le berceau, ne m'écouteraient pas encore: je parle donc à vous, ô enfants qui commencez à avoir de la connaissance. Dès qu'elle commence à poindre, vous connaissez votre véritable père, qui est Dieu; honorez-le dans vos parents, qui sont les images de son

1. La vie de l'âme, la vie spirituelle.

2. Sa lumière, la lumière que ses enseignements font briller aux yeux de notre intelligence.

3. Oisive, c'est-à-dire où l'on reste oisif, qui favorise l'oisiveté.

4. Remarquer l'accord de l'adjectif avec le dernier nom seulement, et la construction de ce membre de phrase pour ayant l'œil et l'âme attentive.

5. S'ouvre un accès; notre Seigneur Jésus-Christ a dit: Demandez, et il vous

sera accordé ; frappez, et il vous sera ouvert.

6. A avoir de la connaissance, à connaître et à comprendre.

7. Pondre, commencer à paraître, le point du jour.

éternelle paternité', ayez sa crainte dans le cœur, et apprenez de bonne heure à vous laisser enseigner, corriger et conduire à sa sagesse. Dites-lui: «O Seigneur, de qui je tiens tout, je vous aimerai à jamais; je vous aimerai, ô Dieu qui êtes ma force. Allumez en moi cet amour; envoyez-moi du plus haut des cieux votre Saint-Esprit, ce Dieu qui ne fait qu'un cœur et qu'une âme de tous ceux que vous sanctifiez. »

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Tout l'univers est plein de sa magnificence:
Qu'on l'adore, ce Dieu, qu'on l'invoque à jamais!
Son empire a des temps précédé la naissance 2;
Chantons, publions ses bienfaits.

En vain l'injuste violence

Au peuple qui le loue imposerait silence :
Son nom ne périra jamais.

Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance;
Tout l'univers est plein de sa magnificence
Chantons, publions ses bienfaits.

Il donne aux fleurs leur aimable peinture 3,
Il fait naître et mûrir les fruits;

4

Il leur dispense avec mesure

Et la chaleur du jour et la fraîcheur des nuits.
Le champ qui les reçut les rend avec usure',

Il commande au soleil d'animer la nature,
Et la lumière est un don de ses mains;
Mais sa loi sainte, sa loi pure

Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains.

RACINE.

1. Père a formé l'adjectif paternel, d'où le nom palernité signifiant la qualité, l'essence du père.

2. Inversion à remarquer. L'empire, le règne de Dieu a précédé la naissance des temps; il régnait avant que le monde existât.

3. Couleur. Les couleurs dont la nature les peint.

4. Distribue, répartit. Avec mesure, avec propertion, selon leur besoin.

5. Avec usure, avec abondance, en ajoutant beaucoup à ce qu'il a reçu. L'usure est le droit que celui qui empreinte paie à celui qui prête pour l'usure on l'usage de la chose prêtée. Le champ paie l'usure du grain qui lui a été prêté, confié par l'homme.

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5.

O mont de Sinaï! conserve la mémoire
De ce jour à jamais auguste et renommé,
Quand, sur ton sommet enflammé,

Dans un nuage épais le Seigneur enfermé

Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire.
Dis-nous pourquoi ces feux et ces éclairs,
Ces torrents de fumée, et ce bruit dans les airs,
Ces trompettes et ce tonnerre:

3

Venait-il renverser l'ordre des éléments?

Sur ses antiques fondements

3

Venait-il ébranler la terre?

Il venait révéler aux enfants des Hébreux 4
De ses préceptes saints la lumière immortelle;
Il venait à ce peuple heureux

Ordonner de l'aimer d'une amour éternelle ".
O divine! ô charmante loi !

O justice bonté suprême!
Que de raisons, quelle douceur extrême
D'engager à ce Dieu son amour et sa foi!

RACINE.

La providence de Dieu manifestée dans la conservation et l'alimentation des animaux.

La Providence a mis, au midi ", des arbres toujours verts, et leur a donné un large feuillage pour abriter les animaux de la chaleur. Elle y est encore venue au secours des animaux en les couvrant de robes à poil ras, afin de les vêtir à la légère; et elle a tapissé la terre qu'ils habitent de fougères et de lianes vertes,

8

1. Mont de Sinai. Montagne d'Asie, près la mer Rouge, sur laquelle Dieu a donné sa loi aux Hébreux.

2. Aux yeux mortels, aux yeux des hommes; non toute sa gloire, mais un seul rayon. Trait lumineux qui part d'un corps enflammé.

3. Il. Dieu.

4. Remarquer les inversions de cette phrase et de la suivante.

5. Amour, qui est ordinairement féminin au pluriel, est masculin au singulier. Cette licence n'est pas à imiter.

6. Au midi, dans les régions méridionales.

7. Les fougères, plantes très-communes dans nos bois, remarquables par la forme très-découpée de leurs feuilles dont les lobes sont garnis en dessous de points gris ou jaunes; elles tapissent les clairières des forêts. Il y en a plusieurs espèces, de taille et de forme très-diverses.

8. Lianes. Espèces de plantes grimpantes communes dans les pays chauds, qui s'étendent d'un arbre à un autre et forment des rideaux de verdure.

afin de les tenir fraîchement. Elle n'a pas oublié les besoins des animaux du nord : elle a donné à ceux-ci pour toits les sapins toujours verts, dont les pyramides hautes et touffues écartent les neiges de leurs pieds, et dont les branches sont si garnies de longues mousses grises, qu'à peine on en aperçoit le tronc; pour litières, les mousses mêmes de la terre, qui y ont en plusieurs endroits plus d'un pied d'épaisseur, et les feuilles molles et sèches de beaucoup d'arbres, qui tombent précisément à l'entrée de la mauvaise saison; enfin, pour provisions, les fruits de ces mêmes arbres, qui sont alors en pleine maturité. Elle y ajoute çà et là les grappes rouges des sorbiers, qui, brillant au loin sur la blancheur des neiges, invitent les oiseaux à recourir à ces asiles; en sorte que les perdrix, les coqs de bruyère, les oiseaux de neige, les lièvres, les écureuils, trouvent souvent, à l'abri du même sapin, de quoi se loger, se nourrir et se tenir fort chaudement.

7.

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Instinct des oiseaux dans la construction de leurs nids.

On voit dans plusieurs animaux une imitation de la raison qui

1. Pyramides. Les sapins dont les branches inférieures sont larges, et dont le commet va en se rétrécissant, offrent aux yeux la forme pyramidale.

2. Arbre très-répandu en France, et connu sous le nom de sorbier des oiseleurs.

3. Qui vivent dans les pays toujours couverts de neige.

4. La séve est une humeur intérieure qui circule dans les arbres et les plantes, particulièrement au printemps, pour les entretenir et les nourrir, comme le fait le sang dans le corps des animaux.

5. Le cèdre est un arbre toujours vert, comme le pin et le sapin, auxquels il ressemble encore par l'aspect, de ses feuilles en forme d'aiguilles. Les cèdres du mont Liban, en Asie, étaient fort renommés; on les a naturalisés en France. Ila sont communs dans les montagnes de l'Algérie.

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