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devant le Seigneur, et retournèrent à Ramatha. Quelque temps après, elle mit au monde un enfant, qu'elle nomma Samuel', parce qu'elle l'avait obtenu du Seigneur. La naissance de cet enfant les combla de joie. Elcana monta à Silo avec toute sa maison, pour offrir à Dieu un sacrifice solennel en témoignage de sa reconnaissance; Anne ne l'accompagna point, pour ne pas se séparer de son enfant, qu'elle voulut allaiter elle-même.

Mais dès que l'enfant fut sevré, et qu'il fut devenu assez grand pour l'accompagner, ils remontèrent tous à Silo, emportant avec eux trois veaux, trois mesures de froment et une amphore 2 de vin. Quand ils eurent offert leur sacrifice, Anne présenta son enfant à Héli et lui dit : « Mon seigneur, comme il est vrai que vous vivez, je suis cette femme que vous avez vue ici il y a quelques années, prosternée et priant le Seigneur. Je lui demandais cet enfant qu'il m'a accordé. C'est pourquoi je viens le lui consacrer aujourd'hui, pour accomplir le vœu que je lui ai fait alors.»> En disant ces mots, ils se prosternèrent, et Anne adressa au Seigneur un cantique d'actions de grâces. Puis ils laissèrent leur fils à Héli et revinrent chez eux 3.

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Au temps où les Israélites étaient gouvernés par des juges il survint une famine dans le pays. Il y avait alors à Bethleem dans la tribu de Juda, un homme appelé Élimélech. Pressé par la disette, il quitta la contrée avec Noémi son épouse et ses deux fills, et tous ensemble, ils gagnèrent la terre de Moab où ils établirent leur demeure.

6

Élimélech y mourut. Noémi continua d'y demeurer avec ses enfants qui y épousèrent deux femmes moabites, dont l'une se nommait Orpha et l'autre Ruth. Au bout de dix ans tous deux

1. Samuel. Signifie qui est établi de Dieu.

2. Amphore. Vase contenant une mesure déterminée.

3. Cet enfant élevé par Héli lui succéda comme grand prêtre et comme juge du peuple hébreu.

4. Les juges étaient des hommes suscités par Dieu pour délivrer les Hébreux de la servitude étrangère. Ils conduisaient les armées pendant la guerre et rerdaient la justice pendant la paix. La période des juges s'étend de 1580 à 1080 avant Jésus-Christ.

5. Bethleem. Ville que la naissance de notre Sauveur a rendue un lieu sacré tous les chrétiens.

pour

6. Terre de Moab. C'est-à-dire le pays des Moabites, situé au sud-est de la Palestine.

moururent aussi, et Noémi restait à la fois veuve de ses fils et de son mari.

Apprenant alors que Dieu avait eu pitié de son peuple et lui avait rendu l'abondance, il lui vint le désir de retourner dans sa patrie. Elle quitta donc la terre d'exil pour revenir en Juda. Ses deux belles-filles l'accompagnaient. Quand elle fut arrivée aux limites du pays de Moab, elle s'arrêta et leur dit : « Retournez chacune dans la maison de votre mère. Que Dieu vous traite avec autant de bonté que vous avez traité ceux qui ne sont plus, et que vous m'avez traitée moi-même. Qu'il vous fasse vivre heureuses et paisibles dans la maison du nouvel époux que vous retrouverez. » En disant ces paroles elle les embrassa. Toutes deux se prirent à pleurer et lui dirent: « Nous irons avec vous vers votre peuple ». Noémi répondit : « Mes filles, pourquoi voudriezvous m'accompagner? déjà la vieillesse m'accable; je n'ai plus de fils à vous donner pour époux et qui vous protége. Je vous en prie, ne venez pas plus loin; en vous voyant partager ma misère, elle me devient plus pénible, car la main de Dieu s'est appesantie sur moi. » Ces mots redoublant leur chagrin, elles se remirent à pleurer. Cependant Orpha embrassa sa belle-mère, et s'en retourna. Ruth persista à s'attacher à elle. Noémi lui disait : « Voilà que votre sœur s'en retourne auprès de son peuple et des dieux de son pays, allez avec elle. Je vous en conjure, répondait Ruth, ne me contraignez pas de vous quitter et de m'éloigner. Partout où vous irez, j'irai avec vous, et je m'arrêterai cù vous vous arrêterez. Votre peuple sera mon peuple, votre Dieu sera mon Dieu. La terre où vous mourrez, je veux y mourir et y être ensevelie près de vous. Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si jamais rien me sépare de vous que la mort. »>

Noémi se laissa toucher en voyant la résolution de Ruth, et cessa de s'opposer à ses désirs.

Traduit de LA BIBLE.

57.- Athalie et Joas 1.

ATHALIE, s'adressant à l'enfant.

Comment vous nommez-vous?

JOAS.

J'ai nom Éliacin.

1. Athalie a rencontré dans le temple le jeune Joas, élevé par le grand prêtre Joad, et a été frappée de sa ressemblance avec un autre enfant qu'elle avait vu en songe, armé contre elle d'un poignard. Elle veut savoir quel est cet enfant et se le fait amener par l'épouse de Joad, Josabeth, qui a sauvé Joas de la mort à laquelle Athalie l'avait condamné, et lui a servi de mère.

ATHALIE.

Votre père 1?

JOAS.

Je suis, dit-on, un orphelin
Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance,

Et qui de mes parents n'eus jamais connaissance.

ATHALIE.

Vous êtes sans parents?

JOAS.

Ils m'ont abandonné.

ATHALIE.

Comment? et depuis quand?

JOAS.

Depuis que je suis ró.

ATHALIE.

Ne sait-on pas au moins quel pays est le vôtre?

JOAS.

Ce temple est mon pays: je n'en connais point d'autro.

ATHALIE.

Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer?

JOAS.

Parmi des loups cruels, prêts à me dévorer.

ATHALIE.

Qui vous mit dans ce temple?

JOAS.

Une femme inconnue,

Qui ne dit point son nom, et qu'on n'a point revue.

ATHALIE.

Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin?

JOAS.

Dieu laissa-t-11 jamais ses enfants au besoin2?
Aux petits des oiseaux il donne leur pâture,
Et sa bonté s'étend sur toute la nature.

Tous les jours je l'invoque; et d'un soin paternel
Il me nourrit des dons offerts sur son autel.
ATHALIE, à part.

Quel prodige nouveau me trouble et m'embarrasse?
La douceur de sa voix, son enfance, sa grâce,

"

1. Votre père? Phrase elliptique et tour vif pour « quel est votre père?

2. Au besoin. On dit plutôt « dans le besoin. "

3. D'un soin. On dirait plutôt aujourd'hui " avec un soin. » Remarquer cette liberté de nos bons écrivains dans l'emploi et la signification des prépositions.

Font insensiblement à mon inimitié
Succéder 1... Je serais sensible à la pitié !
ABNER 2.

Madame, voilà donc cet ennemi terrible?
De vos songes menteurs l'imposture est visible;
A moins que la pitié qui semble vous troubler
Ne soit ce coup fatal qui vous faisait trembler.
ATHALIE, à Joas et à Josabeth.

Vous sortez?

JOSABETH.

Vous avez entendu sa fortune
Sa présence à la fin pourrait être importune.

3

:

Non revenez.
(A Joas.)

ATHALIE.

Quel est tous les jours votre emploi?

JOAS

J'adore le Seigneur; on m'explique sa loi ;
Dans son livre divin on m'apprend à la lire,
Et déjà de ma main je commence à l'écrire.

ATHALIE.

Que vous dit cette loi?

JOAS.

Que Dieu veut être aimé;
Qu'il venge tôt ou tard son saint nom blasphémé;
Qu'il est le défenseur de l'orphelin timide;

Qu'il résiste au superbe, et punit l'homicide.

ATHALIE.

J'entends. Mais tout ce peuple enfermé dans ce lieu,
A quoi s'occupe-t-il?

JOAS.

Il loue, il bénit Dieu.

ATHALIE.

Dieu veut-il qu'à toute heure on prie, on le contemple?

JOAS

Tout profane exercice est banni de son temple.

1. Succéder... La phrase n'est pas achevée. Le sens anènerait la compassion, l'attachement. Cette forme d'ellipse se nomme suspension. Elle est motivée ici par le sentiment d'étonnement qu'éprouve Athalie de se trouver sensible à la pitié, 2. Abner. Un des principaux officiers des rois de Juda, resté fidèle à la succession légitime et à la religion du vrai Dieu.

3. Sa fortune. Son sort, sa position, ce qui lui est arrivé.

ATHALIE.

Quels sont donc vos plaisirs?

JOAS.

Quelquefois à l'autel,

Je présente au grand prêtre ou l'encens ou le sel':
J'entends chanter de Dieu les grandeurs infinies;
Je vois l'ordre pompeux de ses cérémonies.

ATHALJE.

Eh quoi! vous n'avez point de passe-temps plus doux?
Je plains le triste sort d'un enfant tel que vous.
Venez dans mon palais, vous y verrez ma gloire.

JOAS.

Moi! des bienfaits de Dieu je perdrais la mémoire!

ATHALIE.

Non, je ne vous veux pas contraindre à l'oublier.

Vous ne le priez point.

JOAS.

ATHALIE.

Vous pourrez le prier.

JOAS.

Je verrais cependant en invoquer un autre.

ATHALIE.

J'ai mon Dieu que je sers; vous servirez le vôtre:
Ce sont deux puissants Dieux.

JOAS.

Il faut craindre le mien: Lui seul est Dieu, madame, et le vôtre n'est rien.

ATHALIE.

Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule.

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J'aime à voir comme vous l'instruisez.

Enfin, Éliacin, vous avez su me plaire;

Vous n'êtes point sans doute un enfant ordinaire.

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1. Ou le sel. Le sel que le grand prêtre jetait dans le feu ou sur la chair des victimes pendant les sacrifices.

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