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Qui rend fon fiècle heureux veut vivre en la mémoire. Pour mériter Homère, Achille a combattu.

Si l'on dédaignait trop la gloire,

On chérirait peu la vertu.

(tous les acteurs bordent le théâtre, repréfentant les Mufes et les beaux arts.)

O vous qui lui rendez tant de divers hommages,
Vous qui le couronnez, et dont il eft l'appui,
N'efpérez pas pour vous avoir tous les fuffrages
Que vous réuniffez pour lui.

Je fais

que

de la cour la fcience profonde
Serait de plaire à tout le monde;

C'eft un art qu'on ignore ; et peut-être les dieux
En ont cédé l'honneur au maître de ces lieux.

Muses, contentez-vous de chercher à lui plaire,
Ne vantez point ici d'une voix téméraire

La douceur de fes lois, les efforts de fon bras,

Thémis, la Prudence et Bellone

Conduifant fon cœur et fes

pas,

La bonté généreufe affife fur fon trône;

Le Rhin libre par lui, l'Efcaut épouvanté,

Les Apennins fumans que fa foudre environne;
Laiffons ces entretiens à la poftérité,

Ces leçons à fon fils, cet exemple à la terre:
Vous graverez ailleurs dans les faftes des temps.
Tous ces terribles monumens,

Dreffés par les mains de la guerre.
Célébrez aujourd'hui l'hymen de ses enfans,
Déployez l'appareil de vos jeux innocens,

L'objet qu'on défirait, qu'on admire et qu'on aime, Jette déjà fur vous des regards bienfefans:

On est heureux fans vous; mais le bonheur fuprême Veut encor des amusemens.

Cueillez toutes les fleurs, et parez-en vos têtes;
Mêlez tous les plaifirs, uniffez tous les jeux,
Souffrez le plaifant même ; il faut de tout aux fêtes,
Et toujours les héros ne font pas férieux.

Enchantez un loifir, hélas! trop peu durable.
Ce peuple de guerriers, qui ne paraît qu'aimable,
Vous écoute un moment, et revole aux dangers.
Leur maître en tous les temps veille fur la patrie.
Les foins font éternels, ils confument la vie ;
Les plaifirs font trop paffagers.

Il n'en eft pas ainsi de la vertu solide;
Cet hymen l'éternife : il affure à jamais,
A cette race augufte, à ce peuple intrépide,
Des victoires et des bienfaits.

Mufes, que votre zèle à mes ordres réponde.

Le cœur plein des beautés dont cette cour abonde,

Et

que ce jour illuftre assemble autour de moi,

Je vais voler au ciel, à la fource féconde

De tous les charmes que je voi;

Je vais ainfi que votre roi

Recommencer mon cours pour le bonheur du monde.

Fin du Prologue.

PROLOGUE

DE LA PRINCESSE

DE NA VARRE,

ENVOYÉ A M. LE MARECHAL DUC DE

LE

RICHELIEU, POUR LA REPRESENTATION QU'IL FIT DONNER A BORDEAUX, 26 NOVEMBRE 1764.

Nous ofons retracer cette fète éclatante,

Que donna dans Verfaille au plus aimé des rois
Le héros qui le représente,

Et qui nous fait chérir fes lois.

Ses mains en d'autres lieux ont porté la victoire;
Il porte ici le goût, les beaux arts et les jeux,
Et c'est une nouvelle gloire.

Mars fait des conquérans, la paix fait des heureux.

Des Grecs et des Romains les fpectacles pompeux
De l'univers encore occupent la mémoire;
Auffi-bien que leurs camps, leurs cirques font fameux.
Melpomene, Thalie, Eutherpe et Terpficore
Ont enchanté les Grecs et favent plaire encore
A nos Français polis et qui penfent comme eux.

La guerre défend la patrie,

Le commerce peut l'enrichir ;

Les lois font fon repos, les arts la font fleurir. La valeur, les talens, les travaux, l'induftrie, Tout brille parmi vous ; que vos heureux remparts Soient le temple éternel de la paix et des arts.

Fin du nouveau Prologue.

PERSONNAGES CHANTANS

DANS TOUS LES CHOEUR S.

Quinze femmes et vingt-cinq hommes.

PERSONNAGES DE LA COMEDIE.

CONSTANCE, princeffe de Navarre.
LE DUC DE FOIX.

DON MORILLO, feigneur de campagne.
SANCHETTE, fille de Morillo.

LEONOR, l'une des femmes de la princeffe. HERNAND, écuyer du duc.

Un Officier des gardes.

Un Alcade.

Un Jardinier.

Suite.

La fcène eft dans les jardins de don Morillo, fur les confins de la Navarre.

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