Chantez, oiseaux, chantez; votre ramage tendre Chantez; Vénus doit vous entendre; Les filles de Flore S'empreffent d'éclore Des plaifirs du bel âge, Du charmant amour. SAMSON. Je n'y réfifte plus : le charme qui m'obsède Venez vous vous troublez..... DALIL A. Ciel! que vais je lui dire? SAMSON. D'où vient que votre cœur soupire ? DALIL A. Je crains de vous déplaire, et je dois vous parler. SAMSON. Ah! devant vous c'eft à moi de trembler. Parlez, que voulez-vous ? DALIL A. Cet amour qui m'engage Fait ma gloire et mon bonheur; SAMSON. Prononcez; tout fera poffible A ce cœur amoureux. DALIL A. Dites-moi, par quel charme heureux Par quel pouvoir fecret cette force invincible?... SAMS O N. Que me demandez-vous ? C'est un secret terrible DALIL A. Ainfi vous doutez de ma foi? Vous doutez et m'aimez !... SAMS O N. Mon cœur eft trop sensible; Mais ne m'impofez point cette funefte loi. DALIL A. Un cœur fans confiance eft un cœur fans tendreffe. SAMSON. N'abusez point de ma faiblesse. DALIL A. Cruel! quel injufte refus! Notre hymen en dépend; nos nœuds feraient rompus. Que dites-vous?... SAMSON. DALIL A. Parlez, c'eft l'amour qui vous prie. SAMSON. Ah! ceffez d'écouter cette funefte envie. DALIL A. Ceffez de m'accabler de refus outrageans. SAMSON. Eh bien, vous le voulez; l'amour me juftifie: Ils font à lui; ma gloire eft fon ouvrage. DALIL A. Ces cheveux, dites vous?... SAMSON. Qu'ai-je dit? malheureux! Ma raison revient; je friffonne De l'abyme où j'entraîne avec moi les Hébreux. Le temple difparaît, l'aftre du jour s'enfuit, L'horreur épaifse de la nuit De fon voile affreux m'environne. SAMS O N. J'ai trahi de mon Dieu le fecret formidable. Amour! fatale volupté ! C'eft toi qui m'as précipité Dans un piége effroyable, SCENE V. LES PHILISTINS, SAMSON, DALILA. LE GRAND-PRETRE DES PHILISTINS. VENEZ; ce bruit affreux, ces cris de la nature, Ce tonnerre, tout nous affure Que du Dieu des combats il eft abandonné. SAMS O N. Tombez, tyrans.... LES PHILISTINS, combattant. Cédez, efclave. SAMSO N. Ah! quelle mortelle langueur! Ma main ne peut porter cette fatale épée. Dieu retire fon bras vainqueur. Frappons l'ennemi qui nous brave: SAMSON, entre leurs mains. Non, lâches! non, ce bras n'eft point vaincu par vous; C'eft Dieu qui me livre à vos coups. (on l'emmène.) SCENE V I. DALILA feule. Défefpoir! ô tourmens! ô tendreffe! Roi cruel! Peuples inhumains! Vous abufiez de ma faibleffe. Vous avez préparé, par mes fatales mains, Vous m'avez fait aimer le plus grand des humains |