Je fais que d'un tendre retour Je fais qui vous aimiez, et même avant ce jour ; Ne partez point; je vais en parler à sa mère. Dans vos enfans je chérirai leur père; C'eft trop peu pour mon cœur, et rien pour vos fervices. Je ne ferai jamais d'affez grands facrifices ; Après ce que je dois à vos heureux fecours, Cherchant à m'acquitter je vous devrai toujours. LE DUC DE FO I X. Je ne m'attendais pas à cette récompenfe. Sur votre renommée, à vous seule asservi, Je me crus fortuné pourvu que je vous visse; Je crus que mon bonheur était dans vos beaux yeux; D'avoir vu de trop près leur chef-d'œuvre adorable: Le ciel eft fans clarté, le monde eft fans douceurs : CONSTANCE. Quoi, je ferais la cause et l'objet de vos peines! Ne vous tenait pas dans fes chaînes ! Vous ofez! LE DUC DE FOIX. Cet aveu plein de timidité, Cet aveu de l'amour le plus involontaire, CONSTANCE. Alamir, vous m'aimez ! LE DUC DE FOIX, Oui, dès long-temps ce cœur D'un feu toujours caché brûlait avec fureur; Jaloux d'un prince et d'un vainqueur, Va vous donner un roi des mains de la victoire. Contre fon nom, fa gloire, et furtout fa conftance? CONSTANCE. A quoi fuis-je réduite! Alamir, écoutez: Vos malheurs font moins grands que mes calamités ; Jugez-en; concevez mon défespoir extrême ; Sachez que mon devoir eft de ne voir jamais Ni le duc de Foix ni vous-même. Je vous ai déjà dit à quel point je le hais, Ce crime jufqu'ici le fit feul haïssable, Et je crains à préfent de le haïr pour vous. Après un tel difcours, il faut que je vous quitte. L E DUC DE FOIX. Non, Madame, arrêtez; il faut que je mérite Même au milieu des fiens je puis percer fon flanc, CONSTANCE. Ah! demeurez; quel projet effroyable ! Ah! respectez vos jours à qui je dois les miens; Vos jours me font plus chers que je ne hais les fiens. LE DUC DE FOI X. Mais eft-il en effet fi sûr de votre haine? CONSTANC E. Hélas! plus je vous vois, plus il m'eft odieux. Puniffez donc fon crime en terminant fa peine, LE DU C DE FOI X, Je fuis celui qui vous adore; Je n'ofe prononcer encore Ce nom haï long temps, et toujours dangereux; Faudra-t-il qu'avec moi ma mort l'enfeveliffe, Ne vous connaissant pas, je croyais vous haïr; Quoi! ce jour a donc fait ma gloire et mon bonheur ! CONSTANCE. De don Pèdre et de moi vous êtes le vainqueur. SCENE V I. MORILLO, SANCHETTE, HERNAND et les Acteurs de la fcène précédente, Suite. ALLONS, MORILLO. ALLONS, une princeffe eft bonne à quelque chofe; Puifqu'elle veut te marier, Et que ton bon cœur s'y difpofe, Je vais au plus vîte, et pour caufe, Et conclure à l'inftant la chofe. |