SCENE VII. CONSTANCE, LEONOR, GUILLOT. CONSTANCE. Ou me réfugier? Hélas! qu'eft devenu ce guerrier intrépide, Dont l'ame généreuse et la valeur rapide Comme il me défendait! comme il a combattu! GUILLO T. J'ai vu, je n'ai rien vu; Je ne vois rien encore. Une semblable fête Trouble terriblement les yeux. LEON O R. Eh, va donc t'informer. GUILLO T. Où, Madame ? CONSTANC E. En tous lieux. Va, vole, réponds donc : que fait-il? cours, arrête : Aurait-il fuccombé? Que ne puis-je à mon tour Défendre ce héros et lui fauver le jour! LEONOR. Hélas, plus que jamais, le danger eft extrême; GUILLO T. Contre un ils étaient dix. LEONOR. Peut-être qu'on vous cherche, et qu'Alamir eft pris GUILLO T. Qui? lui! vous vous moquez; il aurait pris lui-même Allez, croyez fans vous méprendre, LEONOR. Je vous en vois frémir; Il le mérite bien; votre ame eft attendrie; Mais fur quoi jugez-vous qu'il ait perdu la vie? CONSTANCE. S'il vivait, Léonor, il ferait près de moi. LEON O R. Tremblez auffi pour vous, car tout vous eft contraire. En vain par-tout vous favez plaire, Par-tout on vous poursuit, on menace vos jours; Le maître du château, qui vous donne une fête, CONSTANCE. Que devient Alamir, et quel fera son sort? LEONOR. Songez au vôtre, hélas! quel transport vous anime! CONSTANCE. Léonor, ce n'eft point un aveugle transport, C'eft un fentiment légitime. Ce qu'il a fait pour moi.... SCENE VI I I. CONSTANCE, LEONOR, LE DUC DE FOIX. LE DUC DE FO I X. J'ai fait ce que j'ai dû. J'exécutais votre ordre, et vous avez vaincu. CONSTANCE. Vous n'êtes point blessé ? L E DUC DE FOIX. Le ciel, le ciel propice, De votre cause en tout feconda la juftice. Puisse un jour cette main, par de plus heureux coups, De tous vos ennemis vous faire un facrifice! Mais un de vos regards doit les défarmer tous. CONSTANCE. Hélas! du fort encor je reffens le courroux; LE DUC DE FOIX. Non, c'eft moi qui vous dois de la reconnaissance. Vos yeux me regardaient; je combattais pour vous: Quelle plus belle récompenfe! CONSTANCE. Ce que j'entends, ce que je vois, Votre fort et le mien, vos difcours, vos exploits, Eh, LE DUC DE FOI X. n'eft-ce pas affez que de vous avoir vue? CONSTANCE. Quoi, vous ne connaissez ni mon nom ni mon fort, Ni mes malheurs, ni ma naissance? LEDUC DE FOIX. Tout cela dans mon cœur eût-il été plus fort CONSTANC E. Alamir, je vous dois ma jufte confiance, Je fuis fille des rois et du fang de Navarre; Mon fort eft cruel et bizarre: Je fuyais ici deux tyrans : Mais vous de qui le bras protége l'innocence, LE DUC DE FOI X, Le fort jufte une fois me fit pour vous servir, Don Pèdre eft le premier? Je brave fa vengeance. Ce duc de Foix qu'on dit et fi jufte, et fi tendre! CONSTANCE. Alamir, contre tous vous ferez mon appui; Il cherche à m'enlever. L E DUC DE FOI X. Il cherche à vous défendre; On le dit, il le doit, et tout le prouve affez. CONSTANCE. Alamir! Et c'eft vous! c'eft vous qui l'excufez! L E DUC DE FOI X. Non, je dois le haïr fi vous le haïffez. Vous étant odieux, il doit l'être à lui-même; Mais comment condamner un mortel qui vous aime? On dit que la vertu l'a pu feule enflammer; S'il eft ainfi, grand Dieu, comme il doit vous aimer! |