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SCAPIN.

Laissez-moi faire.

GÉRONTE, de même.

Qu'il me tire cinq cents écus contre toute sorte de droit.

Oui.

SCAPIN.

GÉRONTE, de même.

Que je ne les lui donne ni à la mort ni à la vie.

Fort bien.

SCAPIN.

GÉRONTE, de même.

Et que, si jamais je l'attrape, je saurai me venger de

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GÉRONTE, remettant sa bourse dans sa poche et s'en allant. Va, va vite requérir mon fils.

SCAPIN, courant après Géronte.

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Non, vraiment, vous l'avez remis dans votre poche.

GÉRONTE.

Ah! c'est la douleur qui me trouble l'esprit.

Je le vois bien.

SCAPIN.

GÉRONTE.

Que diable allait-il faire dans cette galère? Ah! maudite galère ! Traître de Turc! à tous les diables!

SCAPIN, seul.

Il ne peut digérer les cinq cents écus que je lui arrache; mais il n'est pas quitte envers moi, et je veux qu'il me paye en une autre monnaie l'imposture qu'il m'a faite auprès de son fils.

MOLIÈRE.

(Les Fourberies de Scapin Acte II, sc. xi.)

Monsieur de Pourceaugnac.

M. DE POURCEAUGNAC, gentilhomme provincial; ÉRASTE, et son complice SBRIGANI.

ÉRASTE. - Ah! qu'est ceci? Que vois-je? Quelle heureuse rencontre! Monsieur de Pourceaugnac! Que je suis ravi de vous voir! Comment! il semble que vous ayez peine à me reconnaître!

M. DE POURCEAUGNAC.

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Monsieur, je suis votre serviteur. ÉRASTE. Est-il possible que cinq ou six années m'aient ôté de votre mémoire, et que vous ne reconnaissiez pas le meilleur ami de toute la famille des Pourceaugnac?

M. DE POURCEAUGNAC.

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Pardonnez-moi. (Bas, à Sbrigani.) Ma foi, je ne sais qui il est.

ÉRASTE. Il n'y a pas un Pourceaugnac à Limoges que je ne connaisse, depuis le plus grand jusques au plus petit; je ne fréquentais qu'eux dans le temps que j'y étais, et j'avais l'honneur de vous voir presque tous les jours.

M. DE POURCEAUGNAC. sieur.

ÉRASTE.

C'est moi qui l'ai reçu, mon

Vous ne vous remettez point mon visage?

M. DE POURCEAUGNAC.

connais point.

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ÉRASTE. Vous ne vous ressouvenez pas que j'ai eu le bonheur de boire avec vous, je ne sais combien de fois? Excusez-moi. (A Sbrigani.) Je

M. DE POURCEAUGNAC.

ne sais ce que c'est.

ÉRASTE. Comment appelez-vous ce traiteur de Limoges qui fait si bonne chère?

M. DE POURCEAUGNAC. Petit-Jean?

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ÉRASTE. Le voilà. Nous allions le plus souvent ensemble chez lui nous réjouir. Comment est-ce que vous nommez, à Limoges, ce lieu où l'on se promène ?

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M. DE POURCEAUGNAC. Le cimetière des Arènes?
ÉRASTE.

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Justement. C'est où je passais de si douces heures à jouir de votre agréable conversation. Vous ne vous remettez pas tout cela?

M. DE POURCEAUGNAC. Excusez-moi; je me le remets. (A Sbrigani.) Diable emporte si je m'en souviens! SBRIGANI, bas, à M. de Pourceaugnac.

choses comme cela qui passent de la tête.

Il y a cent

ÉRASTE. Embrassez-moi donc, je vous prie, et resserrons les nœuds de notre ancienne amitié.

SBRIGANI, à M. de Pourceaugnac.

qui vous aime fort.

Voilà un homme

ÉRASTE. Dites-moi un peu des nouvelles de toute la parenté. Comment se porte monsieur votre... là... qui est si honnête homme?

M. DE POURCEAUGNAC.

ÉRASTE. . Oui.

M. DE POURCEAUGNAC.

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Mon frère le consul?

Il se porte le mieux du monde.

ÉRASTE. Certes, j'en suis ravi. Et celui qui est de si bonne humeur? Là... monsieur votre...

M. DE POURCEAUGNAC. Mon cousin l'assesseur?
ÉRASTE. Justement.

M. DE POURCEAUGNAC.

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ÉRASTE. Ma foi, j'en ai beaucoup de joie. Et monsieur votre oncle?Le...

M. DE POURCEAUGNAC.

Je n'ai point d'oncle.

ÉRASTE. — Vous aviez pourtant en ce temps-là... M. DE POURCEAUGNAC. Non, rien qu'une tante. ÉRASTE. C'est ce que je voulais dire, madame votre tante. Comment se porte-t-elle ?

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M. DE POURCEAUGNAC. Elle est morte depuis six mois. Hélas! la pauvre femme! Elle était si bonne

ÉRASTE. personne!

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M. DE POURCEAUGNAC.

Nous avons aussi mon neveu le

chanoine, qui a pensé mourir de la petite vérole. ÉRASTE. Quel dommage ç'aurait été !

M. DE POURCEAUGNAC. Le connaissez-vous aussi ? ERASTE. Vraiment, si je le connais! Un grand garçon bien fait.

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Pas des plus grands.

ÉRASTE. Non; mais de taille bien prise.

M. DE POURCEAUGNAC. Hé! oui.

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ÉRASTE. Qui est votre neveu?

M. DE POURCEAUGNAC. Oui.

ÉRASTE. Fils de votre frère ou de votre sœur?

M. DE POURCEAUGNAC. Justement.

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ÉRASTE. Chanoine de l'église de... Comment l'appelez-vous?

M. DE POURCEAUGNAC.

De Saint-Étienne.

ÉRASTE. Le voilà; je ne connais autre.

M. DE POURCEAUGNAC, à Sbrigani. Il dit toute la pa

renté.

SBRIGANI. Il vous connaît plus que vous ne croyez. M. DE POURCEAUGNAC. A ce que je vois, vous avez demeuré longtemps dans notre ville?

ÉRASTE. Deux ans entiers.

M. DE POURCEAUGNAC.

1

Vous étiez donc là quand mon

cousin l'élu fit tenir1 son enfant à monsieur notre gouverneur?

ÉRASTE.

Vraiment,oui; j'y fus convié des premiers.

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Cela fut galant.

1. Tenir... sur les fonts baptismaux. Le gouverneur avait accepté d'être parrain de l'enfant.

RASTE. Très galant.

M. DE POURCEAUGNAC. – C'était un repas bien troussé. ÉRASTE.

Sans doute.

M. DE POURCEAUGNAC. Vous vîtes donc aussi la querelle que j'eus avec ce gentilhomme périgourdin?

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M. DE POURCEAUGNAC.

je lui dis bien son fait.

Parbleu! il trouva à qui parler.

Il me donna un soufflet; mais

ÉRASTE. Assurément. Au reste, je ne prétends pas que vous preniez d'autre logis que le mien.

M. DE POURCEAUGNAC.

ÉRASTE.

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Je n'ai garde de...

Vous moquez-vous? Je ne souffrirai point du tout que mon meilleur ami soit autre part que dans

ma maison.

MOLIÈRE.

(Monsieur de Pourceaugnac.- Acte I, sc. vI.)

Les Femmes savantes.

CHRYSALE, bon bourgeois; BÉLISE, sa sœur; PHILAMINTE, sa femme; MARTINE, servante.

PHILAMINTE, apercevant Martine.

Quoi! je vous vois, maraude: Vite, sortez, friponne; allons, quittez ces lieux; El ne vous présentez jamais devant mes yeux.

Tout doux.

CHRYSALE.

PHILAMINTE.

Non, c'en est fait.

CHRYSALE.

Hé!

PHILAMINTE.

Je veux qu'elle sorte.

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