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rouler vers le rivage ses ondes amoncelées; les souterrains profonds sont frappés à coups redoublés, la terre tremble sous leurs pas ils courent pleins d'effroi au milieu des ténèbres épaisses. Une montagne voisine, s'entr'ouvrant avec effort, lance au plus haut des airs une colonne ardente, qui répand au milieu de l'obscurité une lumière rougeâtre et lugubre; des rochers énormes volent de tous côtés; la foudre éclate et tombe; une mer ardente, s'avançant avec rapidité, inonde les campagnes: à son approche, les forêts s'embrasent, la terre n'offre plus que l'image d'un vaste incendie qu'entretiennent les amas énormes de matières enflammées et qu'animent des vents impétueux. Où fuyez-vous, mortels infortunés? de quelque côté que vous cherchiez un asile, comment éviterez-vous la mort imminente? De nouveaux gouffres s'ouvrent sous vos pas, de nouveaux tourbillons de flammes, de pierres, de cendres et de fumée, volent vers vous du sommet des montagnes, et la mer écumeuse, rougie par l'éclat des foudres, surmonte son rivage et s'avance pour vous engloutir.

Cependant ces phénomènes terribles s'apaisent peu à peu; les feux s'amortissent: la mer, à demi calmée, retire en murmurant ses ondes bouillonnantes, la terre se

raffermit, le bruit cesse et le jour paraît. Quel triste et lugubre tableau présente la campagne ravagée! Elle n'offre plus que des monceaux de cendres, que des rochers énormes entassés sans ordre, que des torrents de lave ardente, que des bois qui brûlent encore, que de tristes restes des infortunés qui ont péri au milieu de ces désastres. Un ciel couvert de nuages n'envoie sur tous ces objets lugubres qu'une clarté pâle et terne un calme sinistre règne dans l'air; des bruits lointains annoncent de nouveaux malheurs; et la mer répond par de lourds gémissements au bruit lugubre que font entendre les cavernes de la terre. Consternés, saisis d'effroi, pressés dans le seul espace où les flammes ne sont pas parvenues, les mains élevées vers le ciel qui seul peut les secourir, les hommes adressent alors leurs ardentes prières à Celui qui commande à la mer et à la foudre.

LACÉPÈDE.

Quarante-sixième Exercice.

(Suite.)

AGRÉMENTS DE LA CAMPAGNE.

Venez donc jouir des agréments qui ne sont goûtés que par le vrai sage. La douce lumière du soleil nous appelle dans les

champs : c'est là qu'une joie pure nous est réservée; c'est dans ce vallon fleuri que nous allons adresser un hymne au Créateur. Comme le souffle du zéphir agite doucement chaque rameau, chaque feuille de ces buissons! Tout ce qui paraît devant nos yeux saute, bondit et folâtre; tout semble rajeuni et animé d'une nouvelle vie.

Bois touffus, vallées charmantes, et vous, montagnes, que la nature pare de ses dons, votre aspect récrée nos sens et flatte notre cœur; vos attraits ne doivent rien à l'art, et ils effacent l'éclat des jardins élégants.

Le grain mûrit et bientôt il invitera le laboureur diligent à y porter la faux. Les arbres couronnés de feuilles ombragent les collines et les campagnes paisibles. Les oiseaux jouissent de leur existence : ils chantent leurs plaisirs; leurs accents sont tendres ou joyeux. Le paisible cultivateur voit renouveler ses trésors; dans ses regards sereins brillent la liberté et le sentiment du bonheur; l'odieuse calomnie, l'orgueil et les noirs soucis, dont l'habitant des villes est trop souvent dévoré, ne viennent point troubler le repos de ses matinées ni peser sur ses nuits.

Aucun bien ne peut empêcher le sage de venir goûter les douceurs innocentes et si pures qu'on trouve au sein des campagnes,

Là, de riches pacages, des prairies couvertes de rosée, et les riants objets qui s'offrent de toutes parts, remplissent son âme d'une douce joie et l'élèvent jusqu'à son Créateur.

Riches et tristes habitants des villes, que d'heures agréables s'écoulent en vain pour vous! Si, dans les beaux jours, où tout respire la gaîté, vous alliez visiter les champs et les jardins, quelles joies pures et innocentes inonderaient vos cœurs! N'abandonnerez-vous jamais vos demeures chagrines et les affaires qui vous y tiennent emprisonnés, pour aller contempler la magnifique campagne, pour vous livrer aux plus doux sentiments de gratitude, pour élever votre âme vers le Dieu Créateur?

Quarante-septième Exercice.

(Suite.)

LE CIEL ET LES ÉTOILES.

Quelle puissance a construit au-dessus de nos têtes une si vaste et si superbe voûte? Quelle étonnante variété d'admirables objets! Quelle multitude innombrable d'étoiles ! La profusion avec laquelle la main de Dieu les a répandues sur son ouvrage fait voir qu'elles ne coûtent rien à sa

puissance. Il en a semé les cieux, comme un prince magnifique répand l'argent à pleines mains, ou comme il met des pierreries sur un habit. Que quelqu'un dise, tant qu'il lui plaira, que ce sont autant de mondes semblables à la terre que nous habitons; je le suppose pour un moment. Combien doit être puissant et sage celui qui fait des mondes aussi innombrables que les grains de sable et qui conduit sans peine tous ces mondes errants, comme un berger conduit un troupeau! Si, au contraire, ce sont seulement des flambeaux allumés, pour luire à nos yeux dans ce petit globe qu'on nomme la terre, quelle puissance que rien ne lasse, et à qui rien ne coûte! Quelle profusion, pour donner à l'homme, dans ce petit coin de l'univers, un spectacle si étonnant!

Mais parmi ces astres j'aperçois la lune, qui semble partager avec le soleil le soin de nous éclairer. Elle se montre à point nommé, avec toutes les étoiles, quand le soleil est obligé de ramener le jour dans l'autre hémisphère. Ainsi la nuit même, malgré ses ténèbres, a une lumière, sombre à la vérité, mais douce et utile. Cette lumière est empruntée du soleil, quoique absent. Ainsi tout est ménagé dans l'univers avec un si bel art, qu'un globe voisin de la

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