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Vingt-septième Exercice.

Souligner une fois les noms qui sont au singulier et deux fois ceux qui sont au pluriel.

LES ALPES.

Les Alpes forment une chaîne de montagnes qui s'étend sur un espace de trois cents lieues, depuis l'embouchure du Rhône, vers Marseille, jusqu'aux plaines de la Hon. grie. Les anneaux de cette chaîne s'abaissent aux deux extrémités, pour se confondre insensiblement avec la plaine; au milieu de leurs masses, elles s'élèvent à des hauteurs inaccessibles aux pas et presque aux regards de l'homme. Leurs sommets, qui sont dentelés comme les créneaux d'une forteresse naturelle, se dessinent en blancheur éblouissante le matin, rose à midi, violette le soir, sur l'azur foncé du ciel.

Quand on les aperçoit de soixante ou quatre-vingts lieues de distance, en face des plaines de l'Italie ou de la France, elles inspirent le même sentiment, tiré de l'infini en hauteur, que la mer ou le firmament inspirent de l'infini en étendue. C'est un spectacle qui écrase le spectateur, et qui, de terreur en terreur, d'admiration en

admiration, porte la pensée de l'homme jusqu'à Dieu, pour qui seul rien n'est haut, rien n'est vaste. Mais l'homme est anéanti sous l'architecture de ces montagnes, et il jette un cri. Ce cri est une confession de sa petitesse et un hymne à la grandeur de l'architecte.

Vingt-huitième Exercice.
(Suite du précédent.)

Il m'arrive souvent, par une de ces belles nuits que l'été nous donne, de faire dans la campagne de longues promenades qui se prolongent bien avant dans la nuit. Je longe les sentiers ombrageux où le clair de lune pénètre à peine, où l'obscurité règne, malgré la clarté du firmament. Là, mes regards sont attirés par de petites lumières éparses sous des touffes de verdure et étincelantes comme des diamants. J'admire ces jolies étoiles du gazon et j'ai de la peine à me persuader qu'elles sont formées par de petits animaux qui ont la forme d'un ver. Mais ce n'est pas seulement sur la terre que l'on remarque ces phénomènes; ils se produisent sur l'eau, bien loin au milieu de l'immensité de l'Océan. La nuit est obscure, le calme règne, les vaisseaux laissent à peine une trace qui marque leur passage;

tout à coup, la mer, unie comme une glace, s'illumine et brille d'un éclat que l'on ne peut définir... Partout mille parcelles éblouissantes se pressent les unes contre les autres, faisant jaillir la lumière : ce sont aussi de petits animaux qui produisent ces vives lueurs. Le marin considère ce spectacle. avec admiration et se souvient peut-être de son village et du vallon où il remarquait aussi ces lumières que nous appelons vers luisants.

Vingt-neuvième Exercice. Souligner les noms qui suivent la règle générale de la formation du pluriel.

UTILITÉ DE L'HISTOIRE.

Ce n'est pas sans raison que l'histoire a toujours été regardée comme la lumière des temps, le dépositaire des événements, le témoin fidèle de la vérité, la source des bons conseils et de la prudence, la règle de la conduite et des mœurs. Sans elle, renfermés dans les bornes du siècle et du pays où nous vivons, resserrés dans le cercle étroit de nos connaissances particulières et de nos propres réflexions, nous demeurons. toujours dans une espèce d'enfance, qui nous laisse étrangers à l'égard du reste de

l'univers, et dans une profonde ignorance de tout ce qui nous environne. Qu'est-ce que ce petit nombre d'années qui composent la vie la plus longue? Qu'est-ce que l'étendue du pays que nous pouvons occuper ou parcourir sur la terre, sinon un point imperceptible à l'égard de ces vastes régions de l'univers, et de cette longue suite de siècles qui se sont succédé les uns aux autres depuis l'origine du monde? Cependant c'est à ce point imperceptible que se bornent nos connaissances, si nous n'appelons à notre secours l'étude de l'histoire, qui nous ouvre tous les siècles et tous les pays; qui nous fait entrer en commerce avec tout ce qu'il y a eu de grands hommes dans l'antiquité; qui nous met sous les yeux toutes leurs actions, toutes leurs entreprises, toutes leurs vertus, tous leurs défauts; et qui, par les sages réflexions qu'elle nous fournit, ou qu'elle nous donne lieu de faire, nous procure en peu de temps une prudence anticipée, fort supérieure aux leçons des plus habiles maîtres.

Trentième Exercice.

(Suite.)

L'histoire, quand elle est bien enseignée, devient une école de morale pour tous les

hommes. Elle décrie les vices, elle démasque les fausses vertus, elle détrompe des erreurs et des préjugés populaires, elle dissipe le prestige enchanteur des richesses et de tout ce vain éclat qui éblouit les hommes, et démontre par mille exemples plus persuasifs que tous les raisonnements qu'il n'y a de grand et de louable dans l'homme que la probité. De l'estime et de l'admiration que les plus corrompus ne peuvent refuser aux grandes et belles actions qu'elle leur présente, elle fait conclure que la vertu est donc le véritable bien de l'homme, et qu'elle seule le rend véritablement grand et estimable. Elle apprend à respecter cette vertu, et à en démêler la beauté et l'éclat à travers les voiles de la pauvreté, de l'adversité, de l'obscurité, et même quelquefois du décri et de l'infamie: comme au contraire elle n'inspire que du mépris et de l'horreur pour le crime, fût-il revêtu de pourpre, tout brillant de lumière et placé sur le trône. ROLLIN.

Trente et unième Exercice.

(Suite des précédents.)

COMBAT DES HORACES ET DES CURIACES.

Le traité conclu, les frères, de chaque côté, prennent leurs armes, suivant les

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