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leur utilité, bien que nous ne puissions pas toujours le prouver d'une manière positive. -Soit, répartit le prince. Pour l'ensemble de la création, j'admets que les insectes peuvent être utiles; mais pour l'homme, ils sont un véritable tourment. A l'homme aussi, répliqua le précepteur, Dieu peut donner des témoignages de sa bonté au moyen de la plus infime de ses créatures, et lui sauver même la vie par elle. Cela me paraît tout à fait impossible, reprit le prince: comment voulez-vous que je puisse jamais devoir la conservation de mes jours à une mouche ou à une araignée ? »

Septième Exercice.

(Suite.)

Quelques années après, le prince, étant allé à la guerre, se vit un jour obligé de fuir devant l'ennemi.

Le soir, exténué de fatigue, il se coucha sous un arbre dans la forêt, et s'endormit. Un soldat ennemi, qui l'avait suivi de loin, entra dans la même forêt et arriva enfin jusqu'à lui. Déjà il se disposait à le frapper, lorsqu'une mouche s'étant posée sur la joue du prince, le piqua si vivement qu'il se réveilla en sursaut. Il aperçut son en

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nemi, tira son épée, et mit le soldat en fuite. Le danger passé, il alla se cacher dans une caverne de la forêt, et y passa la nuit. Une araignée tendit sa toile à l'entrée de la caverne. Au point du jour, elle avait fini, et deux soldats, qui cherchaient le fugitif, passèrent. Le prince les entendit converser entre eux : « Regarde, disait l'un, il se sera sans doute caché ici. Non, répondait l'autre, il n'est pas possible qu'il y soit. Il aurait enlevé cette toile d'araignée en y entrant. » Lorsque les soldats se furent éloignés, le prince s'écria avec émotion, en levant les mains vers le ciel : « 0 mon Dieu! combien je vous rends grâces: hier, vous m'avez sauvé la vie par le moyen d'une mouche; aujourd'hui, vous me la conservez par le moyen d'une araignée! Oh! oui, Seigneur, toutes les œuvres de votre main sont bien faites et nous devons les accepter avec humilité et reconnais

sance. >>

Huitième Exercice.

Souligner les noms communs.

DÉPART POUR LA CROISADE.

Dès que le printemps parut, rien ne put contenir l'impatience des croisés; ils se mirent en marche pour se rendre dans les

lieux où ils devaient se rassembler. Le plus grand nombre allait à pied : quelques cavaliers paraissaient au milieu de la multitude; plusieurs voyageaient montés sur des chars traînés par des bœufs ferrés; d'autres côtoyaient la mer, descendaient les fleuves dans des barques. Ils étaient vêtus diversement, armés de lances, d'épées, de javelots, de massues de fer, etc. La foule des croisés offrait un mélange bizarre et confus de toutes les conditions et de tous les rangs. On voyait la vieillesse à côté de l'enfance, l'opulence près de la misère; le casque était confondu avec le froc, la mitre avec l'épée, le seigneur avec le serf, le maître avec le serviteur. Près des villes, près des forteresses, dans les plaines, sur les montagnes s'élevaient des tentes, des pavillons pour les chevaliers et des autels dressés à la hâte pour le service divin; partout se déployait un appareil de guerre et de fête solennelle. D'un côté, un chef militaire exerçait ses soldats à la discipline; de l'autre, un prédicateur rappelait à ses auditeurs les vérités de l'Evangile. Ici, on entendait le bruit des clairons et des trompettes; plus loin, on chantait des psaumes et des cantiques. Depuis le Tibre jusqu'à l'Océan, et depuis le Rhin jusqu'au delà des Pyrénées, on ne rencontrait que

des troupes d'hommes revêtus de la croix, jurant d'exterminer les Sarrasins, et d'avance célébrant leurs conquêtes; de toutes parts retentissait le cri des croisés: Dieu le veut! Dieu le veut! MICHAUD.

Neuvième Exercice.

(Suite du précédent.)

PASSAGE DES ALPES PAR FRANÇOIS Ier.

On part: un détachement reste et se fait voir sur le mont Cenis et sur le mont Genèvre, pour inquiéter les Suisses et leur faire craindre une attaque. Le reste de l'armée passe à gué la Durance, et s'engage dans les montagnes, du côté de Guillestre. Trois mille pionniers la précèdent. Le fer et le feu lui ouvrent une route difficile et périlleuse à travers des rochers: on remplit des vides immenses avec des fascines et de grands arbres; on bâtit des ponts de communication; on traîne, à force d'épaules et de bras, l'artillerie dans quelques endroits inaccessibles aux bêtes de somme, les soldats aident les pionniers; les officiers aident les soldats; tous indistinctement manient la pioche et la cognée poussent aux roues, tirent les cordages: on

gravit les montagnes; on fait des efforts plus qu'humains; on brave la mort, qui semble ouvrir mille tombeaux dans

S

vallées profondes que l'Argentière arros et où des torrents de glaces et de neiges fondues par le soleil se précipitent avec un fracas épouvantable. On ose à peine les regarder de la cime des rochers, sur lesquels on marche en tremblant par des sentiers étroits, glissants et raboteux, où chaque faux pas entraîne une chute, et d'où l'on voit souvent rouler au fond des abîmes et les hommes et les bêtes avec toute leur charge. Le bruit des torrents, les cris des mourants, les hennissements des chevaux fatigués et effrayés, étaient horriblement répétés par tous les échos des bois et des montagnes, et venaient redoubler la terreur et le tumulte.

On arriva enfin à une dernière montagne, où l'on vit avec douleur tant de travaux et tant d'efforts prêts à échouer. La sape et la mine avaient renversé tous les rochers qu'on avait pu aborder et entamer; mais que pouvaient-elles contre une seule roche vive escarpée de tous côtés, impénétrable au fer, presque inaccessible aux hommes ? Navarre, qui l'avait plusieurs fois sondée, commençait à désespérer du succès, lorsque des recherches plus heureuses lui décou

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