Se trouva fort dépourvue Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,* Celui-ci, glorieux d'une charge si belle, Et faisait sonner sa sonnette : Le mulet, en se défendant, Se sent percer de coups; il gémit, il soupire :" Ami, lui dit son camarade, Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi; Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi, Tu ne serais pas si malade. LE CORBEAU ET LE RENARD. Maître corbeau, sur un arbre perché, Lui tint à peu près ce langage: Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. Une grenouille vit un boeuf, Qui lui sembla de belle taille; Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant Regardez bien, ma sœur, Est-assez? dites-moi; n'y suis-je point encore? -Nenni.-M'y voici donc?-Point du tout.-M'y voilà? - Vous n'en approchez point. La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages: Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ; Tout petit prince a des ambassadeurs; - Tout marquis veut avoir des pages. |