Le prince y prend plaisir; car ils donnent toujours Quelque trait aux fripons, aux sots, aux ridicules. Un fol allait criant par tous les carrefours Puis on avait pour son argent, Avec un bon soufflet, un fil long de deux brasses. La plupart s'en fâchaient; mais que leur servait-il ? C'étaient les plus moqués : le mieux était de rire, Ou de s'en aller sans rien dire Avec son soufflet et son fil. De chercher du sens à la chose, On se fût fait siffler ainsi qu'un ignorant. De ce que fait un fou? Le hasard est la cause Lui dit Ce sont ici hiéroglyphes tout purs. De quelque semblable caresse. Vous n'êtes point trompé, ce fou vend la sagesse. Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent Ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent; L'un se baissait déjà pour ramasser la proie; Celui qui le premier a pu l'apercevoir Reprit son compagnon, j'ai l'œil bon, Dieu merci. - Je ne l'ai pas mauvais aussi, Dit l'autre, et je l'ai vue avant vous, sur ma vie. Nos deux messieurs le regardant. Ce repas fait, il dit d'un ton de président : Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui; Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles LE LOUP ET LE CHIEN MAIGRE. Autrefois Carpillon fretin Eut beau prêcher, il eut beau dire, Je fis voir que lâcher ce qu'on a dans la main, Est imprudence toute pure. Le pêcheur eut raison, Carpillon n'eut pas tort: Ce que j'avançai lors, de quelque trait encor. Certain loup, aussi sot que le pêcheur fut sage, Qu'étant de noce, il faut malgré moi que j'engraisse, |