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LES Exemplaires exigés par le Décret du 5 février 1810 ont été déposés.

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Reprenez sans aigreur. LES'paroles dures et les mauvaises façons n'ont jamais corrigé personne elles ne font qu'indisposer et irriter contre le remède. Souvent c'est moins la vérité qui blesse, que la manière de la dire. Ne reprenez jamais que vous ne soyez bien assuré qu'on est en faute: dans le doute, il vaut mieux faire semblant d'ignorer. On fait injure et l'on offense, lorsqu'on reprend à tort: on s'expose à perdre le fruit des réprimandes les plus justes. Il faut

faire celles-ci mêmes avec tous les ménagemens que vous voudriez en pareil cas qu'on eût pour vous.

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Adoucissez donc, le plus qu'il vous est possible, les réprimandes que vous êtes obligés de faire. Les meilleures sont celles qui sont assaisonnées d'éloges, ou qui sont données indirectement. Henri IV étoit bon et familier. Un gentilhomme de province, parlant un jour à ce monarque abusoit de la facilité du prince, et oublioit, dans sa familiarité, les égards respectueux qu'il devoit. Le roi, pour lui faire adroitement sentir sa faute, fit venir un de ses favoris, et lui parla avec beaucoup de liberté. Mais celui-ci ne s'oublia point; et plus le prince lui témoignoit de familiarité, plus il étoit attentif et respectueux. Le gentilhomme sentit la faute qu'il avoit faite; il se jeta aux pieds du roi, et lui dit : Sire, je demande pardon à votre majesté ; je suis aussi confus de ma faute, que sensible à la bonté avec laquelle vous avez bien voulu me la faire connoître.

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Cette manière douce et polie de reprendre, sans que la personne même puisse s'en offendoit vous servir de modèle. Si vous êtes obligé de reprendre, faites-le; car il ne faut pas donner dans la molle indolence de certaines gens qui ne veulent faire de peine à personne, de peur de se faire la moindre peine à eux-mêmes : mais reprenez toujours, autant qu'il vous sera possible, avec douceur et sans emportement. Que vos remontrances soient

moins des leçons que des conseils ; qu'elles paroissent dictées par l'amitié, et inspirées par l'intérêt que vous prenez à la personne qui en est le sujet. La raison peut éclairer, mais c'est le sentiment qui persuade; et lorsque c'est le cœur qui parle, il est toujours sûr de toucher le cœur qui l'écoute. Il faut blâmer le vice sans irriter le vicieux.

On ne corrige point l'orgueil qu'on humilie.
Sous le pied qui l'écrase un serpent se replie.

Il y a des personnes qui ne devroient jamais se mêler de reprendre et de corriger, parce qu'elles le font toujours mal. Les gens vifs ne se possèdent pas assez : les esprits durs ne ménagent rien. Un confesseur de ce caractère vit, dit-on, un jour approcher de son tribunal un sergent d'infanterie, qui avoit sa hallebarde et qui la posa à côté de lui. Ce pénitent débuta par lui dire, qu'il s'accusoit de s'être donné au diable. Reprenez votre hallebarde, reprit brusquement le confesseur, et allez-vous-en servir votre maître. Le sergent se retira plein de honte et de colère, et ne manqua pas d'y envoyer aussi le confesseur. Il y avoit beaucoup d'humeur et de dureté, pour ne rien dire de plus, dans une pareille conduite. Ce n'est point par les excès d'une indignation déplacée, c'est par les attraits d'une piété douce et compatissante que les coeurs se gagnent à la vertu. Un zěle amer est plus propre à les aigrir qu'à les attirer.

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Celui de St. François de Sales étoit bien différent. Ce fut par sa grande douceur qu'il

ramena un si grand nombre d'hérétiques dans le sein de l'Eglise. Les auteurs de sa vie attestent qu'il en a converti plus de soixante et dix mille, parmi lesquels il y en avoit plusieurs de distingués par leur noblesse ou par leur science. Ce qui faisoit dire au savant cardinal du Perron : Qu'il n'y avoit point d'hérétiques qu'il ne pût convaincre; mais qu'il falloit s'adresser à M. de Genève, pour les convertir.

Il savoit néanmoins animer quelquefois son zèle d'une juste indignation, lorsqu'il le falloit. Il ne vouloit pas que, sous prétexte de bonté et de douceur, on laissât le crime impuni, - ou qu'on donnât occasion de le commettre avec plus de hardiesse. Il faut, disoit-il, savoir mêler à propos la douceur et la sévérité. Un jour qu'il prêchoit, il aperçut un jeune libertin, qui faisoit à une fille des gestes trop libres et trop indécens. Cette insolente impiété le toucha vivement. Comment! s'écria-t-il en interrompant son sermon, ferat-on de l'église de Dieu une caverne de voleurs et d'impudiques? si vous ne cessez de faire ces insolences, je vous montrerai au doigt, et je vous nommerai devant tout le monde. Ce qui regarde ma propre personne, disoit-il souvent, ne me touche point; mais tout ce qui regarde Dieu, me touche si puisafin samment, qu'il n'est rien que je ne fasse, que chacun se range à son devoir,

Nous devons de même, quand il s'agit des intérêts et de la gloire divine, nous livrer, s'il le faut, à une sainte colère. Lorsqu'on

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