Les poëtes français, recueil de poésies françaises

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Weidmann, 1875
 

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Popular passages

Page 8 - La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; On a beau la prier, La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N'en défend point nos Rois. De murmurer contre elle et perdre patience II est mal à propos ; Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos.
Page 7 - Le malheur de ta fille au tombeau descendue, Par un commun trépas, Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue Ne se retrouve pas ? Je sais de quels appas son enfance était pleine, Et n'ai pas entrepris. Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rosé elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin.
Page 25 - C'est qu'on fut malheureux de ne pouvoir vous plaire VADIUS. Il faut qu'en écoutant j'aie eu l'esprit distrait , Ou bien que le lecteur m'ait gâté le sonnet. Mais laissons ce discours, et voyons ma ballade. TRISSOTIN. La ballade , à mon goût, est une chose fade : Ce, n'en est plus la mode; elle sent son vieux temps.
Page 107 - Mon beau voyage encore est si loin de sa fin! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J'ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encore pleine.
Page 31 - Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos; Mais attendons la fin.» Comme il disait ces mots. Du bout de l'horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs. L'arbre tient bon. le roseau plie; Le vent redouble ses efforts. Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
Page 244 - J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois, Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille, Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.
Page 48 - Enfin Malherbe vint, et, le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir. Par ce sage écrivain la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.
Page 41 - LE SAVETIER ET LE FINANCIER. Un savetier chantait du matin jusqu'au soir: C'était merveille de le voir, Merveille de l'ouïr; il faisait des passages, Plus content qu'aucun des sept sages. Son voisin, au contraire, étant tout cousu d'or, Chantait peu, dormait moins encor: C'était un homme de finance.
Page 42 - Le financier, riant de sa naïveté, Lui dit: "Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône. Prenez ces cent écus; gardez-les avec soin, Pour vous en servir au besoin." — Le savetier crut voir tout l'argent que la terre Avait, depuis plus de cent ans, Produit pour l'usage des gens. Il retourne chez lui: dans sa cave il enserre L'argent et sa joie à la fois. Plus de chant: il perdit la voix PU moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Page 43 - J'entends déjà partout les charrettes courir, Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir : Tandis que dans les airs mille cloches émues D'un funèbre concert font retentir les nues ; Et, se mêlant au bruit de la grêle et des vents, Pour honorer les morts font mourir les vivants.

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