Le fablier du premier âge, ou: Choix de fables á la portée des enfans : avec des explications morales et des notes tirées de l'histoire, de la mythologie et de l'histoire naturelle, et orné d'une gravure pour chaque fable

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Girardet, frères et soeurs, 1808 - Fables, French - 199 pages

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Page 8 - Dont ses rugissements ne le purent défaire. Sire rat accourut, et fit tant par ses dents Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage.
Page 47 - Coulaient en paix leurs jours dans le simple ermitage Où , paisibles comme eux , vécurent leurs parents. Ces époux, partageant les doux soins du ménage , Cultivaient leur jardin, recueillaient leurs moissons; Et le soir, dans l'été soupant sous le feuillage , Dans l'hiver devant leurs tisons , Ils prêchaient à leurs fils la vertu, la sagesse; Leur parlaient du bonheur qu'ils procurent toujours. Le père par un conte égayait ses discours , La mère par une caresse.
Page 180 - Je ne te quitte point, lui répondait l'oiseau ; Nous séparer serait la mort la plus cruelle. Ah ! si tu pouvais passer l'eau ! Pourquoi pas? Attends-moi... La sarcelle le quitte, Et revient traînant un vieux nid Laissé par des canards : elle l'emplit bien vite De feuilles de roseau, les presse, les unit Des pieds, du bec, en forme un batelet capable De supporter un lourd fardeau : Puis elle attache à ce vaisseau Un brin de jonc qui servira de câble.
Page 115 - J'ai des jambes, et vous des yeux. Moi , je vais vous porter ; vous, vous serez mon guide : Vos yeux dirigeront mes pas mal assurés ; Mes jambes, à leur tour, iront où vous voudrez.
Page 8 - Entre les pattes d'un Lion Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie. Le Roi des animaux, en cette occasion, Montra ce qu'il était, et lui donna la vie.
Page 115 - L'aveugle, à qui tout pouvait nuire, Était sans guide, sans soutien, Sans avoir même un pauvre chien Pour l'aimer et pour le conduire. Un certain jour il arriva Que l'aveugle à tâtons, au détour d'une rue, Près du malade se trouva; II entendit ses cris, son âme en fut émue. Il n'eSt tels que les malheureux Pour se plaindre les uns les autres. J'ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres : Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux.
Page 180 - Cela fait, et le bâtiment Mis à l'eau, le lapin entre tout doucement Dans le léger esquif, s'assied sur son derrière ; Tandis que devant lui la sarcelle nageant Tire le brin de jonc, et s'en va dirigeant Cette nef à son cœur si chère. On aborde, on débarque, et jugez du plaisir ! Non loin du port on va choisir Un asile où, coulant des jours dignes d'envie, Nos bons amis, libres, heureux, Aimèrent d'autant plus la vie, Qu'ils se la devaient tous les deux.
Page 115 - J'ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres : Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux. Hélas ! dit le perclus, vous ignorez, mon frère, Que je ne puis faire un seul pas; Vous-même vous n'y voyez pas : A quoi nous servirait d'unir notre misère...
Page 114 - L'un perclus, l'autre aveugle, et pauvres tous les deux* Ils demandaient au ciel de terminer leur vie;. Mais leurs cris étaient superflus, Ils ne pouvaient mourir. Notre paralytique, Couché sur un grabat dans la place publique, Souffrait sans être plaint; il en souffrait bien plus. L'aveugle, à qui tout pouvait nuire.
Page 179 - On mit moins de Romains à bas. La nuit vient; tant de sang n'a point éteint la rage Du seigneur, qui remet au lendemain matin La fin de l'horrible carnage. Pendant ce temps, notre lapin, Tapi sous des roseaux auprès de la sarcelle, Attendait, en tremblant, la mort, Mais conjurait sa sœur de fuir à l'autre bord, Pour ne pas mourir devant elle. Je ne te quitte point, lui répondait l'oiseau ; Nous séparer serait la mort la plus cruelle.

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