POUR L'INTELLIGENCE DES AUTEURS CLASSIQUES, GRECS ET LATINS, TANT SACRÉS QUE PROFANES, CONTENANT LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE, A DÉDIÉ MONSEIGNEUR LEDUC DE CHOISEUL, Par M. SABBAT HIER, de l'Académie Etrufque de Cortone TOME VINGT-CINQUIEME. Chez DELALAIN, Libraire, rue de la Comédie Françoise M. DCC. LXXVII I. Avec Approbation & Privilege du Roi, AUTRES OUVRAGES DU MÊME AUTEUR, Qui fe trouvent chez le même Libraire. 1.o Effai Hiftorique-Critique fur l'Origine de la Puiffance temporelle des Papes; Ouvrage qui a remporté le Prix de l'Académie Royale de Pruffe. Nouvelle édition. 2. Le Manuel des Enfans, ou les Maximes des Vies des Hommes Illuftres de Plutarque. 1. Vol. in-12. 3. Recueil de Differtations fur divers fujets de l'Hiftoire de France. 1. Vol. in-12.. 4. Les Mœurs, Coûtumes & Usages des anciens Peuples. 3. Vol. in-12. & 1. Vol. in-4.° 5. Les Exercices du Corps chez les Anciens. 2. Vol. in-12. & 2. Vol. in-8.° 6. Recueil de Planches pour l'Intelligence de ce Diction, naire. 1., 2., 3., 4., 5., 6., 7. & 8. Livraison. DICTIONNAIRE POUR L'INTELLIGENCE DES AUTEURS CLASSIQUES, CONTENANT LA GEOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE ET LES ANTIQUITÉS. #) Mém. de l'Acad. des Infcript, & Bell. Lett. Tom. XXV. p. 457. & fuiv. A Tom. XXV. 422147 en autant de parties qu'il lui en falloit pour être fouple & propre à prendre toutes fortes de formes accoutumé à une prompte obéiffance endurci par les fatigues, dreffé par les exercices à toutes les fonctions militaires, à marcher, à camper, à fe battre avec feu & avec ordre, à ne fe point débander dans la victoire, à fe rallier dans la défaite, en un mot la Légion, cette ame des armées, nous ofons même dire celle de la République & de l'Empire. En effet, chez les Romains, la Légion eft née avec l'État, tous deux ont eu même durée de vigueur, mêmes réfolutions, même vieilleffe; & s'il femble que l'Empire ait furvécu à la Légion, qu'on l'obferve de près, on verra que cet Empire n'étoit plus que l'ombre de l'ancienne puiffance, & que ses mouvemens reffeinbloient à ceux qu'un refte de reffort animal acheve quelque fois de produire dans un corps, après que l'ame en eft fépa rée. I. Auteurs Anciens qui ont traité de la Légion. Il ne nous en reste qu'un petit nombre qui aient écrit fur cette matière. Un fragment du fixième livre de Polybe eft fans comparaifon le morceau le plus précieux. Ce judicieux écrivain, éleve de Philopomen & maître de Scipion, nous a tracé un tableau raccourci, mais exact, de la milice Romaine dans le tems qu'elle fut le plus floriffante. Les fentimens d'un homme fi éclairé ont toujours eu force de loi dans l'Empire militaire, & il faut le fuivre comme un guide infaillible pour l'état de la Légion, telle qu'elle étoit de fon tems. Hygin le Gromatique, qui, felon les apparences, vivoit fous Adrien, nous a laiffé une defcription fort exacte du campement des armées. Elle est très différente de celle de Polybe, parce que la milice avoit dans cet intervalle éprouvé de grands changemens. Les manufcrits de cet Auteur, défigurés jufqu'à être devenus inintelligibles, ont été réparés avec fuccès par d'habiles mains, & Schelius y a fait des notes excellentes. Arrien, Gouverneur de Cappadoce fous Adrien, & qui réuniffant l'art de combattre & celui de bien écrire par rapport à fon fiecle, mérita d'être appellé le nouveau Xénophon, a compofé une tactique estimable que nous avons encore. Elle ne repréfente que l'ordonnance des Grecs; tout s'y rapporte à la Phalange, & non pas à la Légion; il y a feulement à la fin un morceau affez étendu, qui traite des exercices de la cavalerie Romaine. Mais, entre les ouvrages d'Arrien, il nous refte une piece d'un grand prix, parce qu'elle et l'unique en ce genre qui fe foit confervée jufqu'à nous; c'eit un ordre de marche & de bataille dreffé par Adrien lui-même, & envoyé à Arrien, lorfque celui-ci fe difpofoit à marcher contre les Alains. Enfin, nous avons de Végèce un traité de l'art militaire en quatre livres. L'Auteur, felon l'opinion la plus probable, vivoit fous Valentinien II. Le titre de fon Ouvrage annonce qu'il l'a compofé fur les mémoires de Caton le Cenfeur, de Celfe, le même dont il nous refte un traité de médecine, de Trajan, d'Adrien & de Fron-. tin. De tous ces monumens, il ne s'est conservé que les ftratagêmes de Frontin, qui, felon les apparences, fi nous les euffions perdus, feroient bien moins à regretter que les quatre autres Auteurs que nous n'avons plus. Ce n'eft qu'une collection affez informe de quelques rufes de guerre, & fouvent même un récit fec & décharné de la conduite des Généraux ; il y a peu de détail & d'inftruction. Mais, quelle perte que celle des réflexions militaires de trois hommes tels que Caton l'Ancien, Trajan & Adrien ! Pour Végèce, il peut prefque autant nous tromper que nous inftruire. Il confond ce qu'il trouve dans Caton avec ce que lui ont fourni Celfe, Trajan & Adrien, fouvent même avec ce qui fe pratiquoit dans fon fiecle. Il auroit pu, fans groffir fon volume, donner plus détendue à chaque article, en retranchant les répétitions fuperflues. Sa manière d'écrire fe reffent du défordre & de la barbarie, qui de fon tems avoir déjà altěré l'ancienne milice légionnaire. La belle traduction qu'en a donnée M. de Sigrais, corrige entre ces défauts ceux qu'un traducteur étoit en droit de réformer. Nous ne difons rien de Modeftus, qui n'est qu'une copie groffiere de quelques endroits de Végèce, quoique fous un faux titre il foit dédié à l'Empereur Tacite, antérieur de plus d'un fiecle à Valentinien II. Nous ne parlons point non plus des ouvrages militaires des Empereurs Maurice & Léon ; ils ne difent pas un mot de la Légion, & c'est une preuve que ce corps ne fubfiftoit plus dès l'empire de Maurice.L'ouvrage de Conftantin Porphyrogénete eft encore plus étranger à notre fujet. Ce petit nombre d'Auteurs ne fuffiroit pas à beaucoup près pour nous inftruire à fond d'une fi ample matière, fi on n'y joignoit pas une lecture réfléchie non-feulement des Historiens Grecs & Latins qui ont traité quelques parties de l'hiftoire Romaine, mais même des Orateurs, des Poëtes, des Philofophes, des Géographes & des Grammairiens. On y rencontre des traits jettés au hazard, qui nous apprennent fur la Légion des chofes qui ne fe trouvent point ailleurs. Le Digefte, les deux Codes, la No |