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MONSIEUR MON PERE,

Si mes desirs étaient accomplis, je serais au camp pour vous y servir, et si je pouvais, pour y soulager vos douleurs, et prendre part à vos peines. Ce me serait une consolation qui ne peut être sans grande inquiétude, tandis que je saurai les dangers où vous êtes continuellement, et les martyrs que la gravelle vous fait souffrir; ce que je peux maintenant est d'offrir mes prières à Dieu pour votre conservation, et que je fais avec l'affection que je suis,

Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble et très-obéissant Fils et Serviteur,

LOUIS DE BOURBON.

De Dijon, ce 2 Juin 1636.

JE

MONSIEUR MON PERE,

Je souhaiterais pour le repos de mon esprit, lequel n'est jamais sans appréhension, vous sachant dans les occasions, être assez fort pour vous aller soulager dans vos peines, et relever des périls évidens que vous encourez. Tout ce que je peux maintenant est d'emploïer mes prières envers Dieu pour votre conservation, étant ce que je suis,

Monsieur mon Père,

de votre Altesse

le très-humble et très-respectueux Fils et Serviteur,

LOUIS DE BOURBON.

De Dijon, ce 7 Juin 1636.

DOMINE MI PATER,

Si plures canes alui, quàm necessitas ad venandum requireret, aut voluptas, eam culpam ignosces primo ardori venationis quo abripiebar; est enim communis omnium error qui vehementiùs aliqua diligere incipiunt, ut multa sine delectu conquirant, quæ posteà sua spontè abjiciant; nondum in me ego hunc errorem cognoveram at postridie quàm illius litteris tuis fui admonitus, præter novem quos servari per te licebat, dimisi alios omnes. Ita mihi statim ea fastidio sunt quæ tibi non pla

cent: Ita nulli rei meus amor inhærebit nisi tuæ voluntati : feceram hic scribendi finem, cum venit ad me D. de Beaujeu, Legionem meam, potius tuam, quinque cohortibus augeri dixit, oravitque, ut unius cohortis vexillum committerem nepoti cui nomen, de Busseuil: opinor, cum avunculos ejus duos jam elegeris in Legionibus meis duces, eorumque fidem ac virtutem probaveris, nepoti cohortis unius signum

MONSIEUR MON PÈRE,

J'AI entretenu, il est vrai, plus de chiens que le besoin ou le plaisir de la chasse n'en demandait vous pardonnerez cette faute à ma première ardeur pour cet amusement. C'est une manie ordinaire à tous les hommes, dès qu'ils sont épris de quelque objet, de rassembler inconsidérément tout ce qui y a rapport, et souvent, de le dédaigner ensuite. Je ne m'étois pas encore aperçu de cette faute; mais dès que j'ai reçu votre lettre, le lendemain je me suis défait de tous mes chiens, excepté de neuf que vous me permettez de garder. Tout ce qui vous déplaît me devient fastidieux, et je n'ai rien de plus à coeur que de remplir vos desirs. J'avais fini ma lettre, lorsque M. de Beaujeu est venu me dire qu'on avait augmenté mon Régiment ou plutôt le vôtre, de cinq Compagnies ; il m'a demandé une place de Cornette, pour son Neveu, de Busseuil. Comme vous avez déjà élevé au grade de Capitaine dans mes Régimens, deux de ses Oncles dont vous avez éprouvé le zèle et la valeur,

non negabis, ea sum valetudine quam tibi precibus optat,

Domine mi Pater,

Celsitudinis tuæ

Servus humillimus et Filius

obsequentissimus,

LUDOVICUS BORBONIUS.

Biturgibus, 23 Décemb. 1635.

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