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STANFORD UNIVERSITY

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STACKS

AUG-81969

40611

1151/1903

LA NORMANDIE A L'EXPOSITION DE 1806

(Fin)

DÉPARTEMENT DE L'ORNE

La belle manufacture de toiles de lin, dites cretonnes (1), établie en 1738, occupe à Vimoutiers et dans un rayon de quatre myriamètres de cette ville vingt mille ouvriers des deux sexes, et y fait circuler quatre millions; elle produit annuellement quinze mille pièces de toile. MM. Ridel-Beaupré, de Crouptes, Jacques Hébert, Yver, P. Poussin, de Vimoutiers, en ont remis des échantillons. Une autre fabrique de toiles de lin et de toiles de chanvre, assez intéressante pour le département de l'Orne, puisqu'elle fournit de l'ouvrage à cinq ou six mille ouvriers, est celle des toiles dites. d'Alençon. MM. Laveille frères, d'Alençon, qui tiennent un rang distingué parmi ceux qui l'exploitent, se sont empressés d'envoyer au concours des produits de leurs ateliers.

MM. Lambert Lenfant, aussi d'Alençon, Hodebourg, Lochard, Louis Girard, Champion, Julien Marchand, tous de Ceton, arrondissement de Mortagne, y présentent des siamoises, des cotonnades, des mouchoirs et des toiles de coton.

MM. Martin et Chevessailles, de Bellême, des cotonnades, nankinettes et siamoises.

MM. de Vaussay-Millot et Cie, de Mortagne, des cotons filés (2).

(1) Ce genre de toiles, nous apprend le Dictionnaire général, était déjà renommé au XVIe siècle, et tire son nom de son premier centre de fabrication, qui fut le village de Creton, aujourd'hui petite commune du canton de Damville (Eure).

(2) Ne faut-il pas lire « de Vanssay?» et ce serait alors un membre de la famille du baron de Vanssay qui, sous la Restauration, fut préfet de la Manche puis de la Seine-Inférieure.

La ville de Laigle renferme des habitants industrieux qui, par leur exemple, excitent l'émulation de ceux des communes qui les environnent. Les établissements qu'elle possède n'ont pas été des derniers à prendre part à l'Exposition. On y trouvera des coutils, dont la vente est d'autant plus assurée que la qualité en est bonne, de la fabrique de M. Gueret-Demignères; une peau de veau pour reliure, bien préparée, par M. Toussaint Camus; des épingles raffinées, ordinaires, drapières, houzeaux, de la manufacture de MM. Metton frères et Cie, qui occupent cent ouvriers; des lacets, de MM. Delaporte, Anquetin, Fréderic l'aîné; des objets concernant l'équipement des chevaux, de MM. Blondel père et fils; des clous de fil de fer, anneaux, agrafes de fer, de cuivre, etc., de M. Fréderic l'aîné; de beaux fils de carde et à carcasse, de M. Louis Fleury, qui obtint une médaille d'argent à l'exposition de l'an x; des broches de fer, fils d'acier, fil pour cardes, de la tréfilerie de Boisthorel, près Laigle, appartenant à MM. Jean-Baptiste Mouchel père et fils; des fils de laiton de divers numéros et des fils de laiton en noir, de la fabrique de Chandey, à sept kilomètres de Laigle, établie en l'an vi par MM. Boucher et Cie, qui ont déjà reçu une médaille d'argent à l'exposition de l'an x, et qui fournissent annuellement au commerce près de huit cents quintaux métriques de fil de laiton; des agrafes, anneaux, épingles et clous d'épingle, solides, bien confectionnés, d'un usage général et d'un débit facile, de MM. Louis-Charles Primois, Primois-Desmousseaux, Primois-l'Échardeau, et veuve Primois-Moutardier, de Glos-sous

Laigle.

On y trouvera encore des fers de la forge de Saint-Denis-surSarthon, exploitée par M. Guérin-Beaupré; des bougrans de Jean Boulay, d'Alençon; une peau de mouton passée au blanc et bien préparée par François-Jean Aubert, d'Argentan.

Les points d'Alençon et d'Argentan figureront aussi au concours ouvert aux produits de notre industrie : ils forment une branche intéressante de celle du département de l'Orne.

Le point d'Alençon, admis dans le costume des sénateurs, l'emporte sur le point d'Argentan, qui a d'ailleurs son mérite par l'élégance du dessin et la beauté du travail. Le fil avec lequel on le fabrique coûte jusqu'à 600 francs le kilogramme.

Mmes Lainé et Guérin, d'Argentan, offrent des points d'Argentan, dont un représente dans une allégorie un hommage des fabricants

à Leurs Majestés impériales et royales. M. Mercier fils, d'Alençon, qui occupe quatre cents ouvriers: quatre échantillons de points d'Alençon remarquables par la finesse extraordinaire de la dentelle, la régularité et la solidité du travail, la grâce et la légèreté du dessin.

Un de ces échantillons est un tableau allégorique qui prouve jusqu'où peut s'élever la fabrique qui l'a produit. Il présente d'abord le commerce maritime sortant triomphant de la lutte causée par les prétentions de l'Angleterre; le palmier d'Égypte, cher aux amis de ce brillant patrimoine de gloire, qui n'est pas borné à l'Europe; les pampres unis à l'épi nourricier, qui indiquent la fécondité de notre agriculture; et le bras d'une justice toute puissante qui tient une balance égale, contre laquelle un serpent s'élève et s'épuise en vains efforts.

Au milieu du tableau paraît un trophée d'armes appuyé sur deux cornes d'abondance. Le code Napoléon figure avec éclat sur ce trophée, auquel se rattachent les enseignes de la victoire, sur lesquelles on lit les noms à jamais mémorables de Marengo et d'Austerlitz. Le faisceau de lances, que surmonte une lance plus forte, présente l'image du grand Empire fédératif. Au-dessus du faisceau, et sous les serres d'un aigle intrépide et calme, éclate une bombe qui lance la foudre. Plus haut on distingue une couronne d'étoiles à laquelle sont unis par un indissoluble nœud le laurier des triomphes et l'olivier de la paix.

Telle est la description que M. le préfet de l'Orne donne de ce tableau. M. Mercier fils prie Son Excellence le ministre de l'Intérieur d'en faire hommage à Sa Majesté, pour être placé dans un de ses palais.

Depuis la rédaction de cette notice, un nouvel envoi a été annoncé par M. le préfet du département de l'Orne. Il consiste dans les objets suivants :

1o Des plumes à écrire communes, fines et superfines, préparées par les sieurs Désauneaux et Barbot, d'Alençon.

2o Une romaine à cadran, portant deux cents kilos, faite par le sieur Boelle, de Saint-Christophe, canton de Tinchebray.

3o Des molletons de coton, de la fabrique de MM. Marie-Collières, Monpetry et Guyard, tous trois anciens capitaines d'infanterie, manufacturiers de Saint-Front.

40 Des siamoises et retors des fabriques de Michel Noire, Gervais

Martin; des rubans de fil de Julien Rallu; des coutils de Jean Roussel, tous de la Ferté-Macé.

5o Des coutils de Charles Garnier, de Flers.

6o Des siamoises de François Lesueur, du même lieu.
7o Des siamoises et bistors d'Édouard Leroy, de Domfront.

80 Des futaines, des siamoises, etc., de Nicolas-Jacques Hédiard, de Sainte-Honorine-la-Chardonne, canton d'Athis.

9o Des objets en verrerie, de M. François Ragaine, propriétaire de la verrerie de Bellevue, commune de Tourouvre.

100 Un mouchoir, des échantillons de nankinets et toiles de coton, de M. Léonore Duval, d'Argentan.

11o Des frocs teints en pièce, de la fabrique de MM. Lecerf frères, d'Écouché.

12o Des échantillons de siamoises, de MM. Lefèvre, du même lieu. 13o Des cotons filés pour chaine et pour trames, sous les numéros 72, 115 et 133, de l'établissement formé en l'an xi à Séez par MM. Richard et Noir-Dufresne, tant pour la filature du coton que pour la fabrication des basins, piqués, etc.; établissement qui occupe plus de cinq cents ouvriers. Ils en ont un aussi considérable à Alençon, et qui donne les mêmes produits.

MM. Richard et Noir-Dufresne ont adressé postérieurement une pièce de piqué fin, dont ils désirent le dépôt au Conservatoire des Arts-et-Métiers.

DÉPARTEMENT DE LA MANCHE

Arrondissement d'Avranches. Des échantillons de toiles dites de brin, haut brin, reparon et Saint-George sont adressés par M. Menard, qui tient un rang distingué parmi les fabricants de Saint-Jame. Il y a joint des échantillons de filets, dont il a récemment établi une manufacture.

M. James Duhamel, fabricant de bougies, offre des pains de cire blanchie. Ses ateliers, qui ne comptent que trois années d'existence, s'agrandissent tous les jours ils doivent blanchir cette année quinze mille kilogrammes de cire.

Les ouvriers réunis de la manufacture de poêlerie et autres ouvrages en cuivre de Villedieu ont envoyé trois chaudières ou bassines en cuivre. La population entière de cette commune, qui est composée de trois mille âmes, ne subsiste que par la fabrication

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