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des contrées filétendues & fi vaftes; &, DAquoiqu'ils foient tous compris fous un R IU S. même nom, ne les pas confondre fous une même idée.

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HPDes Auteurs cités par Strabon par- Strab. lent des Scythes qui habitoient fur les lib. 7. bords du Pont Euxin, lefquels égor- pag. 298. geoient tous les étrangers qui arrivoient chez eux, fe nourriffoient de leur chair, & après avoir fait defféhagen cher leurs cranes, s'en fervoient com me de pots & det vafes pour boire, Hérodote, en décrivant les facrifices Herod. que des Scythes offroient au dieu lib. 4. Mars, dit qu'ils lui immoloient des cap. 62. victimes humaines H. rapporte une coutume affez bizarre de faire les traités, ufitée parmi ces peuples. Als verfoient du vin dans un grand va fe de terre, & les deux parties contra- cap. 70. tantes, après s'être découpé les bras avec un couteau, y faifoient couler de leur fang, y teignoient leurs armes, & bûvoient de cette liqueur eux & tous les affiftans, en faifant de gran-des imprecations contre celui qui violeroit le traités sencu up, and Dod

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Cette coutume fubfiftoit encore parmi les Ibériens, peuple Scythe d'origine du tems de Tacite,qui en fait mention. Ann.lib.12.cap 47

Ibid.

72.

DA- Ce que le même hiftorien raconte RIUS. des cérémonies obfervées dans les obfeques des Rois, eft bien plus extraor Ibid. dinaire. Je ne raporte que celles qui cap. 71. font connoître la cruauté de ces peuples. Après avoir embaumé le corps mort du Roi, & l'avoir enduit de cire, ils le promenent fur un chariot de ville en ville, & le montrent à tous les peuples qui étoient de fa dépendance. Quand cette courfe eft achevée, ils le dépofent dans le lieu deftiné à fa fé pulture, où ils font une large foffe, dans laquelle ils enterrent le Roi, & avec lui une de fes femmes, fon grand Echanfon, fon Maître d'Hôtel, fon Grand Ecuier, fon Chancelier, fon Secretaire d'Etat, après les avoir tous égorgés: ils y mettent auffi plufieurs chevaux, grand nombre de coupes d'or, & quelque partie de chacun des meubles du défunt: après quoi ils ferment la foffe, & la couvrent de terre. Ce n'eft pas tout. Quand le jour de l'anniverfaire eft arrivé, ils égorgent encore cinquante des Officiers du Roi défunt, & autant de chevaux, dont ils préparent les corps, en leur nettoiant le ventre, & le rempliffant de paille, & enfuite ils placent ces Officiers fur

les

les chevaux au tour du tombeau, appa- DAremment pour lui fervir de gardes. Il RIUS. paroit que l'efprit de ces cérémonies étoit de regarder le Roi comme vivant encore, & dans cette vûe de laiffer toujours auprès de lui fa Cour & fes Officiers ordinaires. Je ne fai pas fi des charges, qui aboutiffoient à une telle fin étoient fort briguées.

39Il eft tems de paffer à des mœurs plus douces & plus humaines: peutêtre que, e, dans un autre fens, elles ne paroitront pas moins fauvages. C'eft Juftin fur-tout qui fait la defcription Juftin. que je vais raporter. Les Scythes, fe- lib. 2. lon cet Auteur, vivoient dans une cap. 2. grande innocence & une grande fimplicité, Tous les arts leur étoient inconnus: mais ils ne connoiffoient point non plus les vices! Ils n'ont point partage entre eux les terres, dit Jultin; inutilement Pauroient-ils fait, puifqu'ils ne les cultivoient point, Horace, dans une Ode dont je rapporterai bientôt une partie, nous marque que quel ques-uns d'entre eux cultivoient une certaine portion de terre, mais pour un an feulement, après quoi ils étoient relevés par d'autres, qui leur fuccédoient aux mêmes conditions. Ils D 6

n'ont

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DA- n'ont point de maifon, point de deRIUS. meure fixe. Ils ertent fans ceffe de campagneben & campagne avec leurs troupeaux. Ils tranfportent avec eux leurs femmes & leurs enfans dans des chariots couverts de peaux, qui leur tiennent lieu de maifons. a La justice y eft obfervée & maintenue par le caractere propre & le goût de la nation, non par la contrainte des loix qu'ils ignorent. Aucun crime parmi eux n'est puni plus févérement que le vole, & cela avec raifon.quCaraleurs troupeaux, qui font toutes leurs richesses, n'étant jamais renfermés, comment pourroient-ils fubfifter fi le vol n'étoit rigoureusement interdit? Ils ne defirent point l'or & l'argent comme ale refte des hommes. Le lait & le miel eft leur principale nourriture. Ils ne connoiffent point l'ufage de la haine & des étofes, & pour fe défendre des froids violens & continuels de leur climat, ils n'emploient que des peaux de bêtes.

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?

J'ai dit que ces moeurs des Scythes pourroient paroître à plufieurs groffieres & fauvages. En effet, pourroiton dire, ils ont des terres, & ne les cul.

* Juftitia gentis ingeniis culta,non legibus.

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cultivent point: Ils ont des troupeaux; DAils fe contentent d'en tirer le lait, & en RIUS. négligent la chair: La laine de leurs moutons leur pourroit fournir des ha billemens commodes ; & ils n'ont d'autres vêtemens que des peaux de bètes. Mais ce qui, dans l'efprit du plus grand nombre des hommes, eft le plus capable de les convaincre de groffiéreté & d'ignorance, c'est qu'ils n'eftiment point Por & l'argent, qui ont toujours été en fi grand honneur parmi tous les peuples policés.

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25 Heureufes ignorance, groffiéreté infiniment préférable à notre préténdue politeffe! a Ce mépris de toutes les commodités de la vie, continue Juftin, leur a donné une droiture de mœurs, qui les empêche de jamais orien defirer du bien d'autrui. Auffi la paffion des richeffes n'a lieu, que lorfequ'on en peut faire ufage. Et plût à Dieu, dit le même Auteur, que l'on

a Hæc continentia illis morum quoque juftitiam indidit,nihil alienum concupifcentibus. Quippe ibidem divitiarum cupido eft, ubi & ufus.Atque utinam reliquis mortalibus fimilis moderatio& abftinentia alieni foret! profecto non tantum bellorum per omnia fecula terris omnibus continuaretur; neque plus hominum ferrum & arma, quàm naturalis fatorum conditio raperet.

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