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DA

Quand Darius eut formé le deffein RIUS. d'envoier en Grece, il fit venir Démocede. Il lui expofa fes vûes, & le befoin qu'il avoit qu'il conduisît les Seigneurs Perfans dans la Grece, & principalement dans les villes mariti mes, pour en connoître la fituation & les forces, & le pria inftamment, quand cela feroit fait, de revenir avec eux. Il lui permit d'emporter avec lui tous fes meubles, pour les donner à fon pere & à fes freres, lui promettant de lui en rendre à fon retour de plus magnifiques; & il ajouta qu'il feroit charger la galere dans laquelle il partiroit, des préfens les plus précieux, pour en faire part à fa famille. L'intention du Roi, en parlant ainfi, paroiffoit fimple & fans artifice mais Démocede craignit que ce ne fût un piege qu'il lui tendit, pour connoître s'il avoit deffcin de revenir ou non ; & pour écar ter tout foupçon, il laiffa fes meubles à Sufe, & accepta feulement les préfens qui étoient deftinés pour fes fre

res.

Les Députés arriverent d'abord à Sidon en Phénicie, où ils équiperent deux grands vaiffeaux, & tranfporterent dans un vaiffeau de charge tout

ce

e qu'ils avoient apporté. Après avoir D Aparcouru & examiné avec foin les RIUS. principales villes de la Grece, ils pafferent à Tarente en Italie. Les Seigneurs Perfans y furent arrêtés comme efpions: Démocede, profitant de ce mouvement, leur échapa, & s'enfuit à Crotone. Les Perfans, ayant recouvré leur liberté, l'y pourfuivirent : mais ils ne purent perfuader aux Crotoniates de leur livrer leur concitoien. Ceux-ci fe faifirent même du vaiffeau de charge; & les Députés, n'ayant plus leur guide, ne fongerent pas davantage à parcourir le reste de la Grece, & prirent la route de leur pays. Démocede leur fit dire, à leur départ, qu'il époufoit la fille de Milon célebre Athlete de Crotone, dont le nom étoit fort connu du Roi, & dont il fera parlé dans la fuite. Le voyage des Seigneurs Perfans en Grece n'eut pas de fuite alors, parce qu'à leur retour ils trouverent le Roi occupé d'autres foins.

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519.

LA TROISIEME année du régne de AN. M. ce Prince, qui n'étoit que la feconde 3485. felon le calcul des Juifs, les Samari- Av. J. C. tains fufciterent de nouvelles affaires Efdr. aux Juifs. Ils avoient obtenu contre cap. 5. eux fous les régnes précédens, & leur avoient

DA- avoient fait fignifier une défense de RIUS. paffer outre à la conftruction du tem

ple de Jérufalem. Mais fur les vives exhortations des Prophètes, & fur l'ordre exprès de Dieu les Ifraelites avoient depuis peu recommencé l'ouvrage interrompu pendant plufieurs années, & le pouffoient avec beaucoup d'ardeur. Les Samaritains eurent recours à leurs anciennes intrigues pour y mettre obftacle. Ils s'adrefferent à Thatanai, à qui Darius avoit donné le gouvernement des provinces de Syrie & de Palestine. Ils fe plaignirent à lui de l'audace des Juifs, qui, de leur propre autorité, & malgré les défenfes qui leur en avoient été faites, relevoient le temple, ce qui ne pouvoit qu'être préjudiciable aux intérêts du Roi. Sur leurs plaintes, ce Gouverneur fe rendit à Jérufalem. Comme il étoit modéré & équitable, après qu'il eut pris connoiffance de Pouvrage, il ne crut pas devoir l'arrêter brufquement & avec violence, & il s'informa des anciens des Juifs qui leur avoit permis de l'entreprendre. Les Juifs lui aiant produit l'Edit de Cyrus, il ne voulut rien ordonner de lui-même qui y fût contraire: mais il

en

où Cyrus

en écrivit au Roi, pour favoir quelle D'A feroit fa volonté fur ce fujet. Il lui ex- RIUS. pofa le fait de bonne foi: il lui marqua que les Juifs alléguoient en leur faveur l'Edit de Cyrus, & le pria d'ordonner qu'on confultât les régiltres pour favoir fi en effet Cyrus avoit donné un tel Edit, & qu'il lui plût lui prefcrire ce qu'il avoit à faire dans cetEfdr. te rencontre. Darius aiant fait faire cap. 6. cette recherche, l'Edit fut trouvé à Ecbatane dans la Médie, étoit lorfqu'il le donna. Comme il étoit plein de refpect pour la mémoire de ce Prince, il le confirma, & en fit dreffer un, où celui de Cyrus étoit rappellé. Ce motif, quand il auroit été feul, feroit fort louable: mais l'Ecriture nous apprend que ce fut Dieu lui-même qui agit fur l'efprit & le cœur du Roi, & qui le rendit favorable au Juifs Converter at Dominus cor regis Affur ad eos, ut adjuvaret manus eorum in opere domûs Domini Dei Ifrael. La teneur de l'Edit le fait affez connoître. Premierement il ordonne qu'on fourniffe abondamment toutes les victimes, les oblations, & les autres dépenses du temple felon que les Prêtres le demanderont, En fecond

DA- lieu, il exige que les Prêtres de Jéru RIUS. falem, en offrant ces facrifices au Dieu

du ciel, prient pour la confervation de la vie du Roi & des Princes fes enfans. Enfin il va jufqu'à faire des imprécations contre les Rois & les peuples qui troubleront le travail du bâtiment du temple, ou qui entreprendront de le détruire par où il reconnoit clairement,que le Dieu d'Ifrael eft le maitre de renverser les roiaumes de la terre & de détroner les plus grands Rois.

En vertu de cet Edit, non-feulement ce peuple fut autorifé à pourfuivre le bâtiment du temple, mais encore les frais lui en furent fournis des impôts de la province. Que feroient devenus * les Juifs accufés de défobéiffance & de revolte, fi dans cette occafion on n'avoit écouté que leurs ennemis, & qu'on ne leur eût point donné lieu de se justifier?

Le même Prince, quelque tems après, donna une preuve bien plus éclatante de fon amour pour la juftice, & de l'horreur qu'il avoit des délateurs, ces hommes déteftables, ennemis par état de tout mérite & de toute vertu. On fent bien que je veux parler du célebre Edit qu'il publia contre Aman,

en

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