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fans faveur & fans cabale. Toutes les voix fe réunirent en faveur d'Ariftoméne, & lui adjugerent le prix.

245.

Euphaés ne furvécut pas longtems à Paufan. ce jugement, & mourut quelques lib. 4 jour après. Il avoit régné treize ans, pag. 235. & fait la guerre pendant prefque tout ce tems contre les Lacédémoniens. Comme il mouroit fans enfans, il laiffa au peuple Meffénien le foin de lui choifir un fucceffeur. Cléonnis & Damis le difputerent à Ariftoméne : mais celui-ci fut élu préférablement aux autres.Quand il fut roi, il honora des plus grandes charges fes deux rivaux. Vifs amateurs du bien public encore plus que de la gloire, concur rens; mais non ennemis, ces grands hommes brûloient de zèle pour la pa trier,& ils n'étoient ni jaloux ni amis que pour la fauver.

Acadé

J'ai fuivi dans le récit que je viens de faire le fentiment de feu M. Boivin l'ainé,& ai profité de fa favante ** Memoidiffertation fur un fragment de Diores de dore de Sicile qui étoit peu connu. Il mie des y fuppofe & y prouve que le Roi dont Infcript. ii eft parlé dans le fragment eft Eu Tom. 2. phaès, & qu'Ariftomene eft celui que pag. 84. Paufanias appelle Ariftodeme felon *13.

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p. 20.

la coutume des anciens, qui fouvent avoient deux noms.

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Ariftomene, nommé autrement Ariftodeme, regna près de fept ans ; & fut également aimé & eftimé de fes fujets. La guerre continua toujours Clem, pendant ce tems-là. Vers la fin de Alex. in fon regne il battit les Lacedémoniens Protrept prit leur roi Theopompe, & égorgea en l'honneur de Jupiter d'Ithome trois Eufeb. in Pra- cens hommes, parmi lesquels le Roi par.lib. 4. étoit la principale victime. Lui-meme cap. 26. s'immola peu de tems après fur le tombeau de fa fille, pour fatisfaire à la réponse d'un oracle. Damis lui fucceda, mais fans porter la qualité de roi..

Paufan.

242.

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Depuis fa mort, les affaires des pag. 241. Meffeniens allerent toujours fort mal & ils fe trouverent fans reffource & fans efperance. Reduits à la derniere extrémité, & manquant abfolument de vivres, ils abandonnerent Ithome, & fe retirerent chez ceux de leurs alliés qui étoient les plus voifins. La ville auffitôt fut rafée, & tout le reste du pays fe foumit. On obligea les Meffeniens de s'engager par ferment à ne jamais abandonner le parti des Lacedémoniens, & à ne point fe re

volter contre eux précaution bien inutile, & qui ne devoit fervir qu'à leur faire ajouter le parjure à la revolte. On ne leur impofa point de tributs, & on fe contenta d'exiger d'eux qu'ils portaffent à Sparte la moitié des grains qu'ils auroient recueillis dans la moiffon. Enfin il fut ftipulé que, tant hommes que femmes, ils affilteroient en habits de deuil aux funerailles des Rois & des principaux citoiens de Sparte; ce qu'on regardoit apparemment comme une marque de dépendance, & comme une forte d'hom- AN. M. 3281. mage rendu à la nation. Ainfi fut terminée la premiere guerre de Meffénie, après avoir duré vingt ans.

Seconde guerre de Mellénie.

Av. J. C. › 703.

LA DOUCEUR que les Lacédémo- Panfan. niens avoient montrée d'abord à l'é. lib.4.pag. gard des peuples de Meffénie, ne fut 242. 261. Juftin. pas de longue durée. Quand ils virent lib. 3. tout le pays foumis, & qu'ils le cru-cap. s. rent hors d'état de leur fufciter de nouvelles affaires, ils s'abandonnerent à leur caractere naturel, qui étoit un caractere de fierté & de hauteur, qui dégénéroit fouvent en dureté, & quelquefois même en férocité. Au

lieu de traiter les vaincus avec bonté comme des alliés & des amis, & de s'attacher à gagner par la douceur ceux qu'ils avoient domtés par la force; ils ne fembloient attentifs qu'à appefantir de jour en jour leur joug, & à leur en faire fentir tout le poids. Ils les chargeoient de tributs, les livroient à l'avarice de ceux qui étoient commis pour en faire la levée, n'écoutoient point leurs plaintes, ne leur rendoient aucune juftice, les traitoient avec mépris comme de vils efclaves, & emploioient contre eux les violences les plus criantes.

L'homme, né pour la liberté, ne s'apprivoife point avec la fervitude: la plus douce l'irrite & le revolte. Que faloit-il donc attendre d'un ef clavage auffi dur qu'étoit celui des Meffeniens? a Après l'avoir fupporté avec peine pendant près de quarante ans, ils fongerent à fecouer le joug, AN. M. & à fe rétablir dans leur ancien état. Cette année étoit la quatrieme de la Av. J. C. xxiile, Olympiade: la charge d'Ar68 t.

3320.

chonte a Cùm per complures annos gravia fervitutis verbera, plerumque & vincula, ceteraque captivitatis mala perpeffi effent, poft longam pœnarum patientiam bellum inftaurant. Ju ftin. lib. 3. cap. 5.

chonte à Athènes étoit pour lors réduite à l'efpace d'un an: Anaxandre & Anaxidame règnoient à Sparte.

Leur premier foin fut de fe fortifier du fecours des peuples voifins. Ils les trouverent fort difpofés à entrer dans leurs vûes. Leur propre intérêt les y portoit. Ce n'étoit point fans crainte & fans jaloufie qu'ils voioient s'élever au milieu d'eux une ville puiffante qui paroiffoit manifeftement vouloir étendre, fa domination fur toutes les autres. Les peuples de l'Elide, ceux d'Argos, ceux de Sicyon fe déclarerent en leur faveur. Avant qu'ils fuffent affemblés, il fe donna un combat.* Ariftomene, fecond de ce nom, étoit à la tète des Meffeniens. C'étoit un Chef d'un courage intrepide, & d'une extrême habileté dans le mêtier de la guerre. Les Lacédemoniens furent battus. Ariftomene, qui vouloit donner d'abord aux ennemis une idée avantageufe de lui-même fachant qu'elle influe fur tout le refte des entreprises, eut la hardieffe d'entrer de nuit à Sparte, & d'attacher à la porte du

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* Selon plufieurs Hiftoriens, il y avoit eu uzz autre Ariftomene dans la premiere guerre de Mellenie. Diod. lib. 15. p. 378.

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