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AN. M.

3120.

884.

l'enfant qui en naîtroit, fi c'étoit un fils; & dès ce moment il administra le roiaume comme fon tuteur, fous le titrede Prodicos, que les Lacédémoniens donnent aux tuteurs des Rois. Quand l'enfant fut venu au monde, Lycurgue le prenant entre fes bras, Av. J.C. & adreffant la parole à ceux qui étoient préfens, Voici, dit-il, le Roi qui nous vient de naître, Seigneurs Spartiates; & en même tems il le mit dans la place du Roi, & le nomma Charilaüs, à caufe de la joie que tout le peuple témoigna de fa naifance. On peut voir, à la fin du fecond volume, tout ce qui regarde l'histoire de Lycurgue, la réforme qu'il fit dans Sparte, & les loix q'uil y établit. Agéfilas régnoit pour lors dans la branche ainée.

§. III. Guerre entre les Argiens & les· Lacédémoniens.

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QUELQUE tems après, fous le régne Herod. de Théopompe, il s'éleva une guerre lib. 1. entre les Argiens & les Lacédémo- cap. 82. niens, au fujet d'un petit pays appellé Thyrea, qui confinoit aux deux peuples, & qu'ils prétendoient chacun leur appartenir. Les deux armées étant près d'en venir aux mains, on

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convint, pour épargner le fang," de vuider la querelle par trois cens des plus braves qu'on choifiroit de chaque côté, à condition que la terre en litige demeureroit au parti vainqueur. Pour laiffer aux combattans plus de liberté, les troupes fe retirerent. Alors ces généreux champions, qui avoient tout le courage de deux grandes armées, s'avancerent fiérement les uns contre les autres, & combattirent avec tant d'acharnement, qu'ils refterent tous fur la place, excepté trois, deux du côté des Argiens, & l'autre de celui des Lacédémoniens: encore fut-ce la nuit qui les fépara. Les deux Argiens, fe comptant pour vainqueurs, coururent en porter la nouvelle à Argos le Lacédémonien, il s'appelloit Othryade, ayant dépouillé les corps morts des Argiens, & porté leurs armes dans le camp des fiens, demeura dans fon pofte. Le lendemain, les Mu troupes revinrent de part & d'autre, 125 Chacun prétendoit avoir la victoire de fon côté les Argiens, parce qu'il étoit refté plus de foldats de leur part que de l'autre, les Licédémoniens, parce que le peu d'Argiens qui étoient reftés avoient pris la fuite; au lieu que leur

unique foldat étoit demeuré maître du champ de bataille, & avoit dépouillé les corps morts des ennemis. Il falut en venir aux mains, pour décider la question. Le fort fe déclara pour les Lacédémoniens, & le champ Tyreate leur demeura. Othryade, ne pouvant fe réfoudre à furvivre à fes bra

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compagnons, ni foutenir après leur mort la vûe de Sparte, fe tua luimême fur le champ de bataille, & voulut avoir avec eux un fort & un tombeau commun.

§. IV. Guerres entre les Meléniens &les Lacédémoniens.

ON COMPTE jufqu'à trois guerres entre les Mefféniens & les Lacédémoniens, toutes très-vives & très-fanglantes. La Meffénie étoit une région du Péloponnefe, au couchant & affez près de Sparte, qui étoit puiffante, & qui avoit fes rois particuliers.

Premiere guerre de Mellénie.

AN. M. 3251. Av. J. C.

LA PREMIERE guerre de Meffénie 743. dura vingt ans entiers, & commença Paufan. la feconde année de la ix. Olympiade. Les Lacédémoniens prétendoient

avoir plufieurs griefs

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lib.

4.

pag. 216.

242. Ju

confidérables fin. lib.

con- 3. cap. 4.

Paufan.

226.

contre les Meffeniens, entre autres l'injure faite à leurs filles qui furent deshonoréés par les habitans de la Meffenie, lorsqu'elles alloient, felon la coutume, à un temple limitrophe des deux peuples, & le meurtre de Télecle leur roi qui en fut la fuite. Peut-être l'envie d'étendre leur domination, & de s'emparer d'un terrain qui étoit fi fort à leur bienfeance, futelle la véritable caufe de cette guerre. Quoiqu'il en foit, elle éclata fous le régne de Polydore & de Théopom. pe rois de Sparte, dans le tems qu'a Athénes les Archontes étoient encore dix ans en charge.

Euphaès, 13e. defcendant d'Hercupag 25. le, étoit pour lors roi de Meffénie. II confia le commandement de fon armée à Cléonnis. Les Lacedémoniens commencerent, la campagne par le fiege d'Amphée, petite ville & peu confidérable, mais qui leur parut fort propre à en faire leur place d'armes. Elle fut emportée d'emblée, & tous les habitans furent paffés au fil de l'épée. Ce premier échec ne fervit qu'à animer les Melléniens, en leur failant voir ce qu'ils avoient à craindre s'ils ne fe défendoient courageufement. Les

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Lacédémoniens de leur côté s'engagerent par ferment à ne point mettre bas les armes, & à ne point retourner à Sparte, qu'ils ne fe fuffent rendus maîtres de toutes les villes & de toutes les terres des Mefféniens, tant ils comptoient fur leurs forces & fur leur courage.

Il fe donna deux combats, où la per- Ibid. pag. te fut à peu près égale de part & d'au- 227.234. tre. Après le fecond, les Meffériens furent affligés de maux extremes par la difette de vivres, qui donna lieu à une grande défertion dans leurs troupes, & enfuite y caufa la pelte.

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Ils confulterent l'oracle de Delphes, qui leur ordonna, pour appaifer la colere des dieux, de leur immoler une vierge du fang roial; Ariftoméne qui étoit de la race des Epytides offrit fa fille. Alors les Mefféniens voiant bien que s'ils laiffoient des garnifons, dans toutes leurs places, ils affoibliroient extrémement leurs forces, abandonnerent toutes les autres villes, & allerent fe camper près d'Ithome, petite ville fituée fur le haut d'une montagne de même nom, & s'y fortifierent. Il fe paffa fept années entieres, où il n'y eut que de légeres ef

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