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gue-main, juqu'à la mort de Darius Nothus; c'est-à-dire depuis l'an du monde 3573. jufqu'à l'an 3600. Elle renferme les dix-neuf premieres années de la guerre du Péloponnefe, qui en dura vingt-fept, dont la Grece & la Sicile furent le théatre, & dans laquelle les Grecs, vainqueurs des barbares, tournerent leurs armes les uns contre les autres. Du côté des Athéniens Périclès, Nicias, Alcibiade; de celui des Lacédémoniens, Brafidas, Gylippe, Lyfandre, s'y diftinguerent d'une maniere particuliere.

Rome continue d'être agitée par différentes difputes entre le fénat & le peuple. Vers la fin de cet intervalle, & à peu près la 350e. année de Rome, on forme le fiege de Veies, qui dura dix ans.

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ARTICLE TROISIEME.

Abrégé de l'hiftoire des Lacédémoniens depuis l'établissement de leurs Rois jufqu'au régne de Darius I.

JAI DEJA remarqué ailleurs, que quatre-vingts ans après la prise de Troie, les Héraclides, c'eft-à-dire les AN. M. defcendans d'Hercule, rentrerent dans Av. J.C.le Péloponnefe, & fe faifirent de La

2900.

1104.

cédé.

Lib. 6.

cédémone, où deux freres, Euristhéne & Proclès, fils d'Ariftodéme, régnerent ensemble. Hérodote remarque que ces deux freres, pendant leur vie, cap. 52. furent toujours en difcorde, & que prefque tous leurs defcendans héritérent d'eux cette difpofition d'antipathie & de haine, tant il eft vrai que le pouvoir fouverain ne peut fouffrir de partage, & que ce fera toujours trop que deux rois pour un roiaume! Depuis eux, le fceptre demeura toujours conjointement dans ces deux familles. Il est très-remarquable que ces deux branches ont fubfifté près de neuf cens ans, depuis le retour des Héraclides dans le Péloponnefe jufqu'à la mort de Cléomene, & qu'elles ont fourni fans interruption des Rois à Sparte, prefque toujours de pere en fils, fur-tout pour la premiere branche.

§. I. Origine & condition des Ilotes.

QUAND les Lacédémoniens commencerent à s'établir dans le Péloponnefe, ils trouverent beaucoup d'oppofition de la part des habitans du pays, qu'il falut domter par les armes les uns après les autres, ou les B 2

re

lib. 8.

rag. 365.

Lyc .pag.

40.

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fe

recevoir dans leur alliance à des conditions douces & équitables, en leur Strab. impofant un léger tribut. Strabon parle d'une ville, nommée Elos, fituée Piut. in affez près de Sparte, qui, après avoir fubi le joug comme les autres, revolta ouvertement & refufa de paier le tribut. Agis, fils d'Eurifthéne, nouvellement établi fur le trône, fentit toutes les confequences de cette premiere revolte, & fe mit auflitôt en campagne avec Sois fon collegue. La ville fut affiégée; & après une affez longue réfiftance, forcée de fe rendre à difcretion. Il crut devoir faire un exemple, qui intimidât tous les voifins par la févérité du chatiment, mais qui cependant n'aliénât pas les elprits par une cruauté inhumaine. Il ne verfa point de fang. Il laiffa la vie à tous les habitans de la ville; mais il leur ôta la liberté, & les réduifit tous à la dure condition d'efclaves. Ils furent emploiés aux minifteres les plus vils & les plus pénibles, & traités avec une extreme rigueur.

છે

nombre qu'on appelloit Ilotes Le

nombre s'en accrut extraordinairement dans la fuite, les Lacédémoniens fans doute, donnant ce nom à

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tous

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tous ceux qu'ils reduifoient en fervi-
tude. Comme ils étoient accoutumés
à un grand loifir, & ne refpiroient
que la guerre, ils confierent la culture
de leurs champs à ces efclaves, leur
affignant à chacun une certaine por-
tion de terres dont ils devoient rendre
le fruit tous les ans à leurs maîtres,
qui s'attachoient à appefantir leur
joug par toutes fortes de mauvais
traitemens. C'étoit une mauvaise po-
litique, qui e fervoit qu'à nourrir
dans le cœur de l'Etat un grand nom-
bre d'ennemis dangereux, toujours
prêts à prendre les armes, & à fe re-
volter. Les Romains en uferent avec
bien plus de fageffe, en incorporant à
P'Etat les peuples qu'ils fubjuguoient,
en les affociant au droit de bourgeoi-
fie; & par là, d'ennemis qu'ils avoient
été, les rendant leurs concitoiens &
leurs freres.

§. II Lycurgue Légiẞateur des
Lacédénoniens.

Eurytion, d'autres le nomment Eu- Plut in
pon, fuccéda à Sous. Pour gagner Lyc. pag.
l'amitié du peuple,& faire mieux 40.
goûter fon gouvernement, il jugea à
propos de relacher quelque chofe de

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la puiffance abfolue des Rois: ce qui le fit tellement aimer du peuple qu'on donna fon nom à tous fes def cendans, qui furent appellés Eurytionides. Ce relâchement produifit dans Sparte une horrible confufion & une licence effrénée, qui y cauferent des maux infinis pendant un affez longtems. Le peuple devint fi infolent, que rien ne pouvoit l'arrêter. Si les Rois, qui fuccéderent à Eurytion vouloient emploier la force pour recouvrer leur autorité, ils fe faifoient hair; & fi, par complaifance ou par foibleffe ils prenoient le parti de diffimuler leur bonté ne fervoit qu'à leur attirer le mépris de la part de ces rebelles: de maniere que tout étoit en defordre, & qu'on n'écoutoit plus les loix. Ces troubles avancerent la mort du pere de Lycurgue. Il fe nommoit Eunomus, & fut tué dans une émeute populaire. Polydecte, fon fils aîné, qui lui fuccéd étant mort bientôt après fans enfans, tout le monde crut que Lycurgue alloit être roi. Il le fut en effet pendant que la groffefe de fa belle-foeur fut inconnue: mais fitôt qu'elle parut, il déclara que la roiauté appartenoit à

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l'en

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