Page images
PDF
EPUB

DA- dans la mer Egée, aujourd'hui l'ArRIUS. chipel. Les principaux habitans aiant été accablés par le plus grand nombre, plufieurs des riches furent chaffés de l'île, & exilés. Ils fe réfugierent à Milet, où ils implorerent l'affiftance d'Ariftagore, pour les faire rétablir dans leur patrie. Il gouvernoit alors cette ville comme Lieutenant d'Hyftiée, dont il étoit neveu & gendre, & que Darius avoit emmené avec lui à Sufe. Ariftagore promit aux exilés tous les fecours qu'ils demandoient. Mais n'étant pas affez puiffant de lui-même pour exécuter ce qu'il avoit projetté, il fe rendit à Sardes, & communiqua l'affaire à Artapherne. Il lui représenta que c'étoit là une occafion très favorable pour réduire Naxe fous la puiffance du Roi: que fi une fois il en étoit maître, toutes les autres Cyclades tomberoient d'ellesmêmes l'une après l'autre fous fa domination qu'enfuite l'Ile d'Eubée, (Négrepont) qui étoit auffi grande que celle de Cypre en étant tout près, feroit fort facile à conquérir, ce qui donneroit au Roi un libre passage en Grece, & les moyens de foumettre tout ce pays à fon obéiffance:

qu'au

qu'au refte cette entreprise ne deman- D Adoit qu'une centaine de vaiffeaux pour R I U S. être exécutée avec fuccès. Cette propofition plut fi fort à Atapherne, qu'au lieu de cent vaiffeaux qu'Ariftagore lui demandoit, il lui en promit deux cens, pourvû qu'il obtint le confentement du Roi.

503.

Le Roi, ébloui par les grandes ef. AN. Mpérances dont on le flatoit, ne man- 3501. Av. J. C. qua pas d'approuver extrêmement cette entreprife, qui pourtant n'étoit qu'injustice, qu'ambition demefurée que perfidie de la part d'Ariftagore & d'Artapherne. Aucune confidération ne l'arrête un moment. Le projet le plus criant eft formé & accepté fans la moindre héfitation. L'utilité, la convenance, décident feules. Cette lle eft à la bienféance des Perfes: c'est un titre fuffifant pour y porter la guerre. Et il faut juger à peu-près de même de prefque toutes les autres expéditions de ce Prince.

[ocr errors]

Dès qu'Artapherne eut obtenu le confentement du Roi pour cette entreprife, il fe mit en devoir de l'exécuter. Afin de cacher fon deffein, & de furprendre ceux de Naxe, il fit courir le bruit que la flote alloit vers l'Hellef

L

pont,

DA- pont, & il envoia au printems fuivant RIUS. à Milet le nombre de vaiffeaux dont,

Herod.

tib.s. cap. 35.36.

il étoit convenu, fous le commandement de Mégabate, noble Perfan de la famille roiale d'Achéméne. Mais fa commiffion portant qu'il obéiroit aux ordres d'Ariftagore, ce fier Perfan ne put fupporter d'être fous le commandement d'un Ionien, qui d'ailleurs agiffoit à fon égard avec hauteur & empire. Cette pique fit naître entre ces deux Généraux une divifion, qui alla fi loin, que Mégabate, pour fe venger d'Ariftagore, fit favoir fous main aux Naxiens que c'étoit à eux qu'on en vouloit. Sur cet avis, ils pourvurent fi bien à leur défenfe, que les Perfes, après avoir emploié quatre mois au fiege de la capitale de l'ile, & confumé toutes leurs provifions: furent obligés de fe retirer.

Cette entreprise aiant ainfi échoué, Mégabate en rejetta toute la faute fur Ariftagore, & le décria abfolument AN. M auprès d'Artapherne. L'Ionien fentit 3502. tout d'un coup que l'affaire entraîneAv. J. C. roit, non feulement la perte de fon

502.

gouvernement, mais fa ruine entiére. L'extrémité où il fe voioit réduit, lui fit naitre la pensée de fe reyolter con

tre

&

tre le Roi, n'envisageant point d'au- D Atre moyen de se tirer de cet embarras. R I U s. A peine avoit-il formé ce deffein, qu'il reçut un meffager de la part d'Hyfiée, qui lui confeilloit la même chofe. Hyftiée, après avoir demeuré quelques années à la Cour de Perfe, dégouté des manieres Perfanes, & defirant ardemment de retourner en fon pays, donna ce confeil à Ariftagore, comme le moien le plus apparent de parvenir à fes fins. Il fe flatoit, qu'en cas qu'il s'excitât quelques troubles en Ionie, il pourroit perfuader à Darius de l'envoier en ce pays - là pour les appaifer, comme cela arriva effectivement. Dès qu'Ariftagore eut vû fes deffeins appuiés des ordres d'Hyftiée, il les communiqua aux Chefs des Ioniens, qu'il trouva trèsdifpofés à entrer dans fes vûes. Il ne délibéra donc plus, & déterminé à la revolte il ne fongea plus qu'à en préparer les voies.

[ocr errors]

Les Tyriens, après la prise de leur AN. M. ville par Nabucodonofor

[ocr errors]

aint été 3592

avoient

réduits dans l'esclavage,
gémi fous cette oppreffion pendant
le cours de foixante-dix ans. Mais,
ce terme expiré, ils furent rétablis,

felon

Av. J. C.

502.

DA a felon la prédiction d'Ifaie, dans la RIUS. jouiilance ce leurs anciens privileges, avec la liberté d'avoir leur propre roi ; liberté dont ils jouirent jufqu'au tems d'Alexandre le Grand.. Il fembles que cette grace leur fut accordée par Darius en confidération des fervices qu'il pouvoit tirer de cette ville trèspuillante fur mer, pour remettre les Ioniens fous fon obéiffance. C'étoit la dix-neuvième année de fon régnę.

AN. M.

3503.

2

L'année fuivante, Ariftagore, pour engager les Ioniens à fe tenir plus for Av. J. C. tement attachés à fon parti, les réta Herod. blit tous dans leurs privileges & dans lib.s. cap. leur liberté. Il commença par Milet, 37. 38. où il renonça à son autorité, & la re

501.

I

mit entre les mains du peuple. Il parcourut enfuite toute l'lonie, now it obligea tous les autres tyrans par fon exemple, par fon crédit, & peut-être auffi par la crainte d'y êtres forcés malgré eux, à faire la même chofe dans chaque ville. Ils s'y déterminerent avec d'autant plus de facilité, que la puillance Perlane, depuis Péchec reçu en Scythie, étoit moins en état de

i

les

a Et erit poft feptuaginta annos, vifitabit Dominus Tyrum, & reducet eam ad mercedes fuas. Jai. 23. 17.

« PreviousContinue »