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Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

La Mort et le Bûcheron.

Un pauvré Bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'efforts et de douleur,
Il met bas son- fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos:
-Sa femme, ses enfants, les soldats, les impots,
Le créancier, et la corvée,

Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appèle la Mort, Elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire.

3

C'est, dit-il, enfin de m'aider

A recharger ce bois; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir;

Mais ne bougeons d'où nous sommes:
Plutôt souffrir que mourir,

C'est la devise des hommes.

2. Poésies diverses.

La Disgrâce de Fouquet.

Remplissez l'air de cris en vos grottes profondes;
Pleurez, nymphes de Vaux, faites croître vos ondes;
Et que l'Auqueuil enflé ravage ses trésors

Dont les regards de Flore ont embelli ses bords.
On ne blâmera plus vos larmes innocentes,

Vous pouvez donner cours à vos douleurs pressantes;
Chacun attend de vous ce devoir généreux.
Les destins sont contents, Oronte est malheureux.
Vu l'avez vụ naguère au bord de vos fontaines,
Qui sans craindre du sort les faveurs incertaines,
Plein d'éclat, plein de gloire, adoré des mortels,
Recevait des honneurs qu'on ne doit qu'aux autels.
Hélas! qu'il est déchu de ce bonheur suprême!
Que vous le trouveriez différent de lui-même!

Pour lui les plus beaux jours sont de secondes nuits;

1 Celui de qui, er håtte beffer dont anvenden können, da aber im andern Verse dont vorkommt, hat er de qui des Wohlklanges wegen gebraucht. Es ist aber nicht als Fehler zu betrachten, denn man sagt: l'homme de qui je parle und dont je parle.

2 N'en pouvant plus, Gallizismus.

3

Enfin ist falsch, afin korrekt, enfin bedeutet endlich, afin um. Afin de steht immer vor Infinitiven; ehemals machte man diesen Unterschied zwischen beiden Wörtern nicht,

Les soucis dévorants, les regrets, les ennuis,
Hôtes infortunés de sa triste demeure,

En des gouffres de maux le plongent à toute heure:
Voilà le précipice où l'ont enfin jeté

Les attraits enchanteurs de la prospérité.

Dans les palais des rois cette plainte est commune;
On n'y connaît que trop les jeux de la fortune,
Ses trompeuses faveurs, ses appas inconstants:
Mais on ne les connaît que quand il n'est plus temps.
Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles,
Qn'on croit avoir pour soi les vents et les étoiles,
Il est bien malaisé de régler ses désirs:

Le plus sage s'endort sur la foi des zéphirs;
Jamais un favori ne borne sa carrière;

Il ne regarde pas ce qu'il laisse en arrière;

Et tout ce vain amour des grandeurs et du bruit
Ne le saurait quitter qu'après l'avoir détruit.
Tant d'exemples fameux que l'histoire en raconte,
Ne suffisaient-ils pas sans la perte d'Oronte?
Ah! si ce faux éclat n'eût pas fait ses plaisirs,
Le séjour seul de Vaux eût borné ses désirs.
Qu'il pouvait doucement laisser couler son âge!
Vous n'avez pas chez vous ce brillant équipage,
Cette foule de gents qui s'en vont chaque jour
Saluer à longs flots le soleil de la cour:
Mais la faveur du Ciel vous donne en récompense
Du repos, du loisir, de l'ombre et du silence,
Un tranquille sommeil, d'innocents entretiens;
Et jamais à la cour on ne trouve ces biens.
Mais quittons ces pensers1; Oronte nous appèle.
Vous dont il a rendu la demeure si belle,
Nymphes qui lui devez vos plus charmants appas,
Si le long de vos bords Louis porte ses pas,
Tâchez de l'adoucir, fléchissez son courage.
Il aime ses sujets; il est juste, il est sage;

Du titre de Elément il est ambitieux:

C'est par là que les rois sont semblables aux Dieux
Du magnanime Henri qu'il contemple la vie:
Dès qu'il put se venger, il en perdit l'envie..
Inspirez à Louis cette même douceur:

La plus belle victoire est de vaincre son coeur.
Oronte est à présent un objet de clémence:
S'il a cru les conseils d'une aveugle puissance,
Il est assez puni par son sort rigoureux;
Et c'est être innocent que d'être malheureux.

4 Penser statt pensée war ehemals sehr gebräuchlich, obgleich man schon, im H. von Orleans, pensée findet: Sur le lit dur d'ennuieuse pensée (Poés. 1441. Ms. Bibl. Roy.).

1

Le Paysan du Danube au Sénat romain.
Romains, et vòus Sénat, assis pour m'écouter,
Je supplie, avant tout, les Dieux de m'assister:
Veuillent les Immortels, conducteurs de ma langue,
Que je ne dise rien qui doive être repris!
Sans leur aide, il ne peut entrer dans les esprits
Que tout mal et toute injustice:

Faute d'y recourir, on viole leurs lois.

Témoins nous, que punit la romaine avarice1;
Rome est par nos forfaits, plus que par ses exploits,
L'instrument de notre supplice.

Craignez, Romains, craignez que le Ciel quelque jour
Ne transporte chez vous les pleurs et la misère;
Et, mettant en nos mains, par un juste retour,
Les armes dont se sert sa vengeance sévère,
Il ne vous fasse, en sa colère,

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Et pourquoi sommes-nous les vôtres? Qu'on me die 2
En quoi vous valez mieux que cent peuples divers?
Quel droit vous a rendus maîtres de l'univers?
Pourquoi venir troubler une innocente vie?

Nous cultivons en paix d'heureux champs, et nos mains
Etaient propres aux arts ainsi qu'au labourage.

Qu'avez-vous appris aux Germains?

Ils ont l'adresse et le courage:

S'ils avaient eu l'avidité,

Comme vous, et la violence,

Peut-être en votre place ils auraient la puissance,
Et sauraient en user sans inhumanité.
Celle que vos prêteurs ont sur nous exercée
N'entre qu'à peine en la pensée.

La majesté de vos autels.
Elle-même en est offensée;

Car sachez que les Immortels

Ont les regards sur nous.

Grâces à vos exemples,

Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur,

De mépris d'eux et de leurs temples,

D'avarice qui va jusques à la fureur.

Rien ne suffit aux gents qui nous viènent de Rome:
La terre et le travail de l'homme

Font, pour les assouvir, des efforts superflus.
Retirez-les: on ne veut plus

Cultiver pour eux les campagnes.

Nous quittons les cités, nous fuyons aux montagnes;
Nous laissons nos chères, compagnes:

La romaine avarice. Inversion des Adject. In Prosa müßte man es nach dem

Substantiv stellen.

2 Qu'on me die alte Form des Verbs dire, statt dise.

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Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux,
Découragés de mettre au jour des malheureux,
Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime;
Quant à nos enfants déjà nés,

Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés:
Vos prêteurs au malheur nous font joindre le crime.
Retirez-les; ils ne nous apprendront

Que la mollesse et que le vice:

Les Germains comme eux deviendront
Gents de rapine et d'avarice.

C'est tout ce que j'ai vu dans Rome à mon abord.
N'a-t-on point de présent à faire?

Point de pourpre à donner? c'est en vain qu'on espère
Quelque refuge aux lois: encor leur ministère
A-t-il mille longueurs. Ce discours un peu fort

Doit commencer à vous déplaire:

Je finis; punissez de mort

Une plainte un peu trop sincère.

(La Fontaine hat auch Contes geschrieben, aus denen wir aber, ihrer Schlüpfrigkeit wegen, keine Bruchstücke anführen wollen.)'

XII. MOLIÈRE (Jean, Baptiste, Poquelin).

Molière wurde den 15. Januar 1622 in Paris geboren und starb daselbst den 17. Februar 1673. Schauspieler und zugleich Dichter, ist er als der größte Komiker aller Seiten und aller Lånder zu betrachten. Wir wollen hier einige seiner Werke durchgehen, da wir nur ein Bruchstück aus dem Tartuffe, das als sein Meisterwerk gelten kann, anführen werden.

Sein erster Versuch war l'Etourdi (1653), dem bald darauf le Dépit amoureux folgte. Sechs Jahre spåter erschienen die Précieuses ridicules, worüber Menage sagte: Il nous faut brûler tout ce que nous avons adoré, et adorer ce que nous avons brûlé, weil er schon lange, wie Molière, dem sich neu gestalteten und gesäuberten Idiome, den schwülstigen und bombastischen Styl des Ronsards und seiner Gesellen geopfert hatte. Nach der ein wenig zu freien Posse le Cocu imaginaire, und dem_für den Hof abgefaßten Don Garcie de Navarre, erhebt sich Molière in seiner Ecole des Maris (1661.)5 er zeigt sich in diesem Stücke als den Dichter der Natur und sich auf Wahrheit und Vernunft ftügend, übertrifft er durch die Lebendigkeit und Heiterkeit seines Style Plautus und Tcrenz. In den Fâcheux, einer meisterhaften Skizze des gesellschaftlichen Lebens, gibt er das erste Muster der späterhin unter dem Namen comédies à tiroir bekannten, aus einzelnen abgebrochenen Szenen bestehenden, Lustspiele. Aber hier erhebt sich der Neid und die Kritik; ungestraft darf Molière keinen Geist besigen: sein im Jahr 1662 aufgeführtes prächtiges Lustspiel l'Ecole des Femmes ward mit Wuth und neidischem Geifer angegriffen, worauf (1663) la Critique de l'Ecole des Femmes, jenes unsterbliche Denkmal, das Vernunft, Philosophie und Geschmack errichteten, folgte. Nach dem Impromptu de Versailles (1663) eine zu heftige Replik auf eine boshafte und persönliche Satyre; nach dem Mariage forcé (1664), worin nur eine Szene, aber eine meisterhafte_komische Darstellung sich befindet; nach der Princesse d'Elide (1664,) zur Befriedigung einer Laune Ludwigs XIV. geschrieben, nach dem Festin de Pierre (1665) und dem Amour médecin (1665), das mit einer geistreichen Szene beginnt aber schlecht endigt, erscheint endlich le Misanthrope (1666), Es hat viele Zeit erfordert, um dieses Stück als ein vollendetes Werk moralisirender Betrachtung

und höheren Lustspiels anzuerkennen. Molière beeilte sich, den Médecin malgré lui als eine Entschuldigung, das Gebiet der Bühne erweitert und aus dem Theater eine moralische Schule gemacht zu haben, darauf folgen zu lassen. In diesem leztern Stücke wollte er nur lachen,` blieb aber wie gewöhnlich tiefer Denker und großer Satyriker. Er geißelt die Sitten seiner Zeitgenossen und deckt die Blößen der Aerzte schonungslos auf. Nach dem Arzte und le Sicilien ou l'Amour peintre erschien (1767) le Tartuffe. Obgleich beinahe zwei Hundert Jahre verfloffen sind, seitdem dieses Stück erschienen, so scheint es immer eine neue Kraft mit jedem Tage zu gewinnen; es liegt darin die tiefste Menschenkenntniß, die Karakterschilderungen sind mit treuer Wahrheit und großer Umsicht_aufgefaßt, Vorfälle aus der Wirklichkeit anschaulich dargestellt; die Sprache ist unübertrefflich, obgleich einige jest veraltete Wendungen darin zum Vorschein kommen, und der Versbau reich, gefällig und wohllautend. Nach der Julirevoluzion wurde dieses Stück, mehr als zwanzigmal im Theatre Français unter donnerndem Beifall aufgeführt. Ein Jahr später (1668) erschienen Amphytrion, l'Avare, Georges Dandin, und (1669) Pourceaugnac und les Amants magnifiques. Bald darauf entwirft er seinen Bourgeois-Gentilhomme (1670), diese prachtvolle Schilderung ewiger Verdorbenheit des Menschen, les Fourberies de Scapin (1671), eine Poffe von Tabarin ausgedacht aber mit Terenz Pinsel ausgeschmückt, und la Comtesse d'Escarbagnas. 1672 liefert les Femmes savantes, die wie derMisanthrope kalt empfangen wurden und dasselbe Schicksal erlebten. Endlich vollendet le Malade imaginaire, ein gelehrt possenhaftiges Tableau des menschlichen Lebens, die dichterische Laufbahn dieses großen Mannes. Den Mittwoch, 17. Februar 1673, nachdem das Stück zum vierten Male aufgeführt worden war, schloß Molière um zehn Uhr Abends die Augen. Er hatte an diesem Tage sehr an der Brust gelitten und man wollte ihn bereden, nicht zu spielen. »Comment voulezvous que je fasse, entgegnete er, il y a cinquante pauvres ouvriers qui n'ont que leur journée pour vivre; que feront-ils, si l'on ne joue pas? Je me reprocherais d'avoir négligé de leur donner du pain un seul jour, le pouvant faire absolument.« Er trat auf und am Ende des Stücks, als er das Wort jour aussprach, überfiel ihn ein krampfhaftes Zucken. Man brachte ihn nach Hause, wo er in den Urmen zweier barmherzigen Schwestern, die in den Fasten nach Paris gekommen waren und die er beherbergte, seinen Geist aufgab. So starb Molière!

Die Geistlichkeit wollte ihn nicht beerdigen, weil er auf der Bühne ge= storben war. In neuerer Zeit ist es mit Talma derseibe Fall gewesen.

Molière par Sainte-Beuve.

Molière est du siècle où il a vécu, par la peinture de certains travers particuliers et dans l'emploi des costumes, mais il est plutôt encore de touts les temps, il est l'homme de la nature humaine. Rien ne vaut mieux, pour se donner dès l'abord la mesure de son génie, que de voir avec quelle facilité il se rattache à son siècle, et comment il s'en détache aussi, combien il s'y adapte exactement, et combien il en ressort avec grandeur. Les hommes illustres, ses contemporains, Despréaux, Racine, Bossuet, Pascal, sont bien plus spécialement les hommes de leur temps, du siècle de Louis XIV, que Molière. Leur génie (je parle même des plus vastes) est marqué à un coin particulier qui tient du moment où ils sont venus, et qui eût été probablement bien autre en d'autres temps. Que serait Bossuet aujourd'hui? Qu'écrirait Pascal? Racine et Despréaux accompagnent à merveille le règne de Louis XIV dans toute sa partie jeune, brillante, galante, victorieuse ou sensée, Bossuet domine ce règne à l'apogée, avant la bigoterie extrême, et dans la période déjà hautement religieuse. Molière, qu'aurait opprimé, je le crois, cette autorité religieuse de plus en plus dominante, et qui mourut à propos pour y échapper, Molière, qui appartient comme Boileau et Racine (bien que plus âgé qu'eux) à la première époque, en est pourtant beaucoup plus indépendant, en même temps qu'il l'a peinte, au naturel plus que personne. Il ajoute à l'éclat de cette forme majestueuse du grand siècle; il n'en est ni marqué, ui particularisé, ni rétréci; il s'y proportionne, il ne s'y enferme pas.

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