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IX. SAINT EVREMONT (Charles, Marguetel de Saint-Denis,

Seigneur de).

Saint Evremont ward 'den 1. April 1613 zu St, Denis-le-Gast, drei Stunden von Coutances (Nieder-Normandie) geboren und starb zu London, im 90ften Jahre, den 20. September 1703; er war einer der geistreichsten französi= schen Schriftsteller.

Im sechszehnten Jahre trat er als Fähndrich in Kriegsdienste und zeichnete sich durch seine Tapferkeit aus, doch nie hinderte ihn das Waffengeräusch daran, sich literarischen und philosophischen Studien zu widmen. Unter Condé's Befehlen zeichnete er sich bei Rocroy, Freiburg und Nortlingen aus; während der Fronde blieb er dem Könige treu, ungeachtet der Bitten der Frondeurs, die eben so viel von seiner Feder als von seinem Degen erwarteten; aber er wandte beide gegen fie. Als Fouquet in Ungnade fiel, fand man einen Brief auf, der von St. Evremont an den Marschall von Créqui geschrieben, einige Stellen enthielt, worin er sich ein wenig frei über den Traktat der Pyrenåen aussprach. Man_las_ihn dem Könige vor und machte ein Staatsverbrechen daraus, so daß der König den Befehl ertheilte, ihn in die Bastille einzusperren; bei Zeiten gewarnt, versteckte sich St. Evremont einige Zeit in der Normandie, nachher floh er nach Holland und ging zuleht nach England, wo er dreißig Jahre blieb und starb. Seine Verbannung hatte ewig gedauert.

St. Evremont's Werke bieten nicht alle ein lebhaftes Interesse dar, sind aber doch nicht zu verschmåhen, weil viele im Zusammenhange mit Personen und Begebenheiten seiner Zeit stehen. Man liest sie noch mit Vergnügen, weil der Styl korrekt und die Gedanken erhaben sind. Sein Ausdruck ist immer tebendig und pittoresk, feine Betrachtungen fein und piquant. Er hat Seiten über das Alter, den Hof, die Frauen geschrieben, die mit den besten Schriftstellern in Parallele gestellt werden können; Einige seiner Gedanken über die Römer stehen nicht weit hinter denen Montesquieu's zurück. Seine Briefe sind wißig und oft beißend, feine Gedichte aber vergessen.

ungeachtet der ungerechten Kritiken Boileau's, Voltaire's und la Harpe's, wird St. Evremont stets einen ruhmvollen Plag unter den französischen Schriftstellern einnehmen.

Fragment de cet Auteur, cité par Gaillard.

1

La dispute vint sur le sujet 1 de la reine de Suède, qu'on louait de la connaissance qu'elle a de tant de choses. Tout d'un coup 2 le Commandeur se leva, et ôtant son chapeau d'un air tout particulier: »Messieurs, dit-il, si la reine de Suède n'avait su que les coutumes de son pays, elle y serait encore: pour avoir appris notre langue et nos manières, pour s'être mise en état de réussir huit jours en France, elle a perdu son royaume. Voilà ce qu'ont produit sa science et ses belles lumières que vous nous vantez.

Bautru voyant choquer la reine de Suède qu'il estime tant, et les belles-lettres qui lui sont si chères, perdit toute considération; et commençant par un serment: il faut être bien injuste, reprit-il, d'imputer à la reine de Suède comme un crime, la plus belle action de sa vie. Je ne m'étonne point de votre aversion pour les sciences; ce n'est pas d'aujourd'hui que vous les avez méprisées. Si vous aviez lu les histoires les plus communes,

1 Vint sur le sujet beffer s'éleva au sujet.

2 Tout d'un coup muß tout-à-coup heißen. Um den Unterschied fühlbarer zu machen, führen wir zwei Beispiele zur Vergleichung an: La rivière a débordé tout-àcoup (plöglich). Il a perdu sa fortune tout d'un coup (mit einem Male).

vous sauriez que sa conduite n'est pas sans exemples. Charles-Quint n'a pas été moins admirable par la renonciation de ses états, que par ses conquêtes: Dioclétien n'a-t-il pas quitté l'empire, et Sylla le pouvoir souverain? Mais, toutes ces choses vous sont inconnues, et c'est folie de1 disputer avec un ignorant. Au reste, où me trouverez-vous un homme extraordinaire qui n'ait eu des lumières et des connaissances acquises?

A commencer par M. le Prince, il alla jusqu'à César, de César, au grand Alexandre: et l'affaire eût été plus loin, si le Commandeur ne l'eût interrompu avec tant d'impétuosité, qu'il fut contraint de se taire. Vous nous en contez bien, dit-il, avec votre César et votre Alexandre. Je ne sais s'ils étaient savants ou ignorants, il ne m'importe guère: mais je sais que de mon temps, on ne fesait étudier les gentilshommes que pour être d'église; encore se contentaient-ils le plus souvent du latin de leur bréviaire. Ceux qu'on destinait à la cour ou à l'armée, allaient honnêtement à l'académie. Ils apprenaient à monter à cheval, à danser, à faire des armes, à jouer du luth, à voltiger; un peu de mathématiques, et c'était tout: vous aviez en France mille beaux gendarmes, galants hommes 2. C'est ainsi que se formaient les Thermes et les Bellegardes 3. Du latin! De mon temps, du latin! un gentilhomme en eût été deshonoré. Je connais les grandes qualités de M. le Prince, et suis son serviteur: mais je vous dirai que le dernier connétable de Montmorency 'a su maintenir son crédit dans les provinces, et sa considération à la cour, sans savoir lire. Peu de latin, vous dis-je, et de bon français.

Il fut avantageux au Commandeur que le bon homme eût la goutte; autrement il eût vengé le latin par quelque chose de plus pressant que la colère et les injures. La contestation s'échauffa tout de nouveau 4: celui-ci résolu de mourir 5 sur son, opinion, celui-là soutenant le parti de l'ignorance avec beaucoup d'honneur et de fermeté.

Tel était l'état de la dispute, quand un prélat charitable voulut accommoder le différend, ravi de trouver une si belle occasion de faire paraître son savoir et son esprit. Il toussa trois fois avec méthode, se tournant vers le docteur; trois fois il sourit en homme du monde à notre agréable ignorant: et lors

1 C'est folie de. Ein Kritiker findet hierin einen Fehler, nach ihm soll es heißen: c'est une folie que de; wir finden aber keinen Fehler darin, sondern rechtfertigen den Sah durch Ellipse.

2

3

Galants hommes; un galant homme, ein biederer Mann, un homme galant, ein gegen Frauenzimmer auferst gefälliger Mann.

Les Thermes et les Bellegardes; will St. Evremont das Geschlecht beider adeligen Familien bezeichnen, so ist das am Ende kein Fehler; da dieses_aber, wie zu vermuthen steht, nicht der Fall ist, so muß es wegfallen (fiehe Gram. Nat. p. 108.). Der Franzose gebraucht den Pluralsartikel bei Eigennamen, es ist ein pluralis majestatis, der nur in der höhern Stylistik anzuwenden ist.

4 Tout de nouveau, tout ist überflüssig.

5

Résolu de mourir, résoudre, entschließen, nimmt de an, stehen aber zwei Pronomina in demselben Personalverhältnisse davor, so folgt à: on a résolu d'attendre; je me résolus à demander mon congé.

qu'il crut avoir assez bien composé sa contenance, il parla de cette sorte.

Je vous dirai, Messieurs, je vous dirai que la science fortifie la beauté du naturel, et que l'agrément et la facilité de l'esprit donnent des grâces à l'érudition. Le génie seul, sans règle et sans art, est comme un torrent qui se précipite avec impétuosité. La science sans naturel ressemble à ces campagnes sèches et arides, qui sont désagréables à la vue. Or, Messieurs, il est question de concilier ce que vous avez divisé mal-à-propos, de rétablir l'union où vous avez jeté le divorce. La science n'est autre chose qu'une parfaite connaissance: l'art n'est rien qu'une règle qui conduit le naturel. Est-ce, Monsieur (s'adressant au Commandeur), que vous voulez ignorer les choses dont vous parlez, et faire vanité1 d'un naturel qui se dérègle, qui s'éloigne de la perfection? Et vous, M. de Bautru, renoncez-vous à la beauté naturelle de l'esprit, pour vous rendre esclave de préceptes importuns et de connaissances empruntées? Il faut finir la conversation, reprit brusquement le Commandeur: j'aime encore mieux sa science et son latin, que le grand discours que vous nous faites.

Le bon homme 2, qui n'était pas irréconciliable, s'adoucit aussitôt; et pour rendre la pareille au Commandeur, il préféra son ignorance agréable aux paroles magnifiques du prélat. Pour le prélat, il se retira avec un grand mépris de touts les deux, et une grande satisfaction de lui-même.

X. RETZ (Jean François, Paul de Gondi, Cardinal de).

Rek wurde im October 1614 zu Montmirail geboren und starb als Koadjutor des Erzbischofs von Paris, in dieser Stadt den 24. August 1679; Verfasser jener berühmten Mémoires sur la Fronde, die allein hinreichend find, diesen Krieg unsterblich zu machen. Unter allen Memoiren, die der französischen Geschichte als urstoff und Quelle dienen, nehmen die feinigen den ersten Plag ein und können als unübertrefflich betrachtet werden. In dieser lebendigen, leidenschaftlichen Sprache, glänzt das Talent des Kardinals auf's höchste, und oft, wenn wir uns dieses Ausdrucks bedienen dürfen, wird sie zauberisch anziehend. Frei und stolz spricht er seine demagogisch-aristokratische Meinung aus und erzählt, was er gesehen und erlebt. Man kann von ihm wie vom Cesar sagen: Codem animo scripsitque bellavit. Sein Styl ist oft unkorrekt, weshalb Voltaire sich über ihn folgendermaßen ausdrückte: »Les Mémoires du Cardinal de Retz sont écrits avec un air de grandeur, une impétuosité de génie et une inégalité, qui sont l'image de sa conduite-«<

Man vergleiche folgende von Rochefoucauld und Hénault über den Kardinal gegebenen Karakterschilderungen, um ein richtiges Urtheil über ihn zu fållen.

1

Faire vanité stolz auf etwas sein.

2 Le bon homme, nur im humoristischen Style zu gebrauchen.

Portraits de Retz.

I.

Paul de Gondi a beaucoup d'élévation, d'étendue d'esprit, et plus d'ostentation que de vraie grandeur de courage. Il a une mémoire extraordinaire, plus de force que de politesse dans ses paroles, l'humeur facile, de la docilité et de la faiblesse à souffrir les reproches de ses amis... Il paraît ambitieux sans l'être; la vanité lui a fait entreprendre de grandes choses, presque toutes opposées à sa profession. Il a suscité les plus grands désordres dans l'état, sans dessein formé de s'en prévaloir; et, bien loin de se déclarer l'ennemi' de Mazarin, pour occuper sa place, il n'a pensé qu'à lui paraître redoutable, et à se flatter de la fausse vanité de lui être opposé. Il a souffert sa prison avec fermeté, & n'a dû -sa liberté qu'à sa hardiesse... Il est entré dans divers conclaves; et sa conduite a toujours augmenté sa réputation. Sa pente naturelle est l'oisiveté; il travaille avec beaucoup d'activité dans les affaires qui le pressent, et se repose nonchalamment dès qu'elles sont finies... Ce qui a le plus contribué à sa réputation, est de savoir donner un beau jour à ses défauts... Incapable d'envie et d'avarice, il a plus emprunté de ses amis qu'un particulier ne pouvait espérér de leur rendre. Il a senti de la vanité à trouver tant de crédit, et à entreprendre de s'acquitter. (La Rochefoucauld.)

On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler, n'eut jamais de véritable objet. Il aimait l'intrigue pour intriguer; esprit hardi, délié, vaste et un peu romanesque, sachant tirer parti de l'autorité que son état lui donnait sur le peuple, et fesant servir la religion à sa politique; cherchant quelquefois à se faire un mérite de ce qu'il ne devait qu'au hasard, ajustant souvent après coup les moyens aux évènements. Il fit la guerre au roi; mais le personnage de rebelle était ce qui le flattait le plus dans sa rebellion; magnifique, bel-esprit, turbulent, ayant plus de saillies que de suite, plus de chimères que de vues, déplacé dans une monarchie, et n'ayant pas ce qu'il fallait pour être républicain, parce qu'il n'était ni sujet fidèle, ni bon citoyen; aussi vain, plus hardi et moins honnête homme que Cicéron; enfin, plus d'esprit, moins grand et moins méchant que Catilina. Ses Mémoires sont trèsagréables à lire; mais conçoit-on qu'un homme ait le courage, ou plutôt la folie de dire de lui-même plus de mal que n'en eût pu dire son plus grand ennemi? Ce qui est étonnant, c'est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n'était plus rien de tout cela, et qu'il devint doux, paisible, sans intrigue, et l'amour de touts les honnêtes gents de son temps; comme si toute son ambition d'autrefois n'avait été qu'une débauche d'esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l'âge; ce qui prouve bien qu'en effet il n'y avait en lui aucune passion réelle. Après avoir vécu avec une magnificence extrême, et avoir fait pour plus de quatre millions de dettes, tout fut payé, soit de son vivant, soit après sa mort. (Le Président Hénault.)

Portrait de Mazarin.

La fortune ayant ébloui le cardinal Mazarin et touts les autres, il s'érigea et on l'érigea en Richelieu; mais il n'en eut que l'imprudence et l'imitation, Il se moqua de la religion; il promit tout ce qu'il ne voulait pas tenir. Il ne fut ni doux, ni cruel, parce qu'il ne se souvenait ni des bienfaits ni des injures. Il s'aimait trop, ce qui est le propre des ames lâches; il se craignait trop peu, ce qui est le caractère de ceux qui

n'ont pas le soin de leur réputation. Il prévoyait assez bien le mal, parce qu'il avait souvent peur; mais il n'y remédiait pas à proportion, parce qu'il n'avait pas tant de prudence que de peur. Il avait de l'esprit, de l'insinuation, de l'enjouement, des manières; mais le vilain coeur paraissait toujours au travers, et au point que ces qualités eurent dans l'adversité tout l'air du ridicule, et ne perdirent pas dans la prospérité tout l'air de la fourberie. Il porta le filoutage1 dans le ministère, ce qui n'est jamais arrivé qu'à lui; et ce filoutage fesait que le ministère même, heureux et absolu, ne lui séyait pas bien, que le mépris s'y glissa, qui est2 la maladie la plus dangereuse d'un état, et dont la contagion se répand le plus aisément et le plus promptement du chef dans touts les membres.

(Retz, Mémoires.)

XI. LA FONTAINE (Jean de).

La Fontaine, geboren den 8. July 1621 in Château Thierry, gestorben den 13. April 1695, war Akademiker und weltberühmier Fabeldichter. Unsterblich sowol durch seinen Geist als durch seine Werke, hat sich La Fontaine gleichfalls durch den in lehteren herrschenden Ton plastischer Natürlichkeit, hinreißender Lebendigkeit und Wahrheit ausgezeichnet. Seine Sprache gefäut durch Bohllaut und zauberische Leichtigkeit. Einer der geistreichsten franzöfifchen Kritiker, de Feleg, hat folgendes Urtheil, das mit dem Wachlers übereinstimmt, über diesen großen Mann gefällt.

Caractéristique de ce grand Fabuliste, par de Felets.

I.

Avant La Fontaine, rien ne paraissait plus borné que le genre de l'apologue. Ses premiers inventeurs n'y voyant que le but moral, se hâtaient de l'atteindre avec une concision sévère et un laconisme souvent très-sec. Phèdre y ajouta, avec sobriété, quelques ornements, ceux principalement d'un style pur et élégant. La Fontaine les y répandit avec une admirable richesse. Ce cadre, jusque-là si étroit, s'agrandit sous ses mains, et la fable devint un petit poème qui admit touts les tons, toutes les couleurs, et pour ainsi dire touts les agréments des autres genres. La poésie épique y reconnut ses récits et ses caractères; la poésie dramatique, ses acteurs, ses dialogues et ses passions; la poésie légère, son badinage et son enjouement; la poésie philosophique et morale, son instruction et ses leçons. La simplicité s'y trouve unie à la force, à l'élévation, à la noblesse; la naïveté à la finesse et à l'esprit.

Portrait de La Fontaine, par la Harpe.
II.

Il est donc aussi des honneurs publics pour l'homme simple et le talent aimable! Ainsi donc la postérité plus promptement frappée en tout genre de ce qui se présente à ses yeux avec un éclat imposant, occupée d'abord de célébrer ceux qui ont produit des révolutions mémorables dans l'esprit humain, ou qui ont régné sur les peuples par les

1 Filoutage von filou, Spigbube; filoutage, Betrügerei, ehemals gebräuchlich, durch filouterie vertreten.

2 Qui est statt ce qui est, sonst hätte qui auf mépris folgen müssen. In åltern Schriftstellern findet man mehrere solche Beispiele.

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