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Tu t'inclines vers le tombeau.
Ta jeunesse sera flétrie
Avant l'herbe de la prairie,
Avant le pampre du côteau.
Et je meurs! De sa froide haleine
Un vent funeste m'a touché,
Et mon hiver s'est approché

Quand mon printemps s'écoule à peine.
Arbuste en un seul jour détruit,
Quelques fleurs fesaient ma parure,
Mais ma languissante verdure
Ne laisse après elle aucun fruit.
Tombe, tombe, feuille éphémére!
Voile aux yeux ce triste chemin,
Cache au désespoir de ma mère
La place où je serai demain.
Mais vers la solitaire allée,
Si mon amante désolée
Venait pleurer quand le jour fuit,
Eveille par un léger bruit

Mon ombre un instant consolée."
Il dit, s'éloigne. . . et sans retour!
La dernière feuille qui tombe
A signalé son dernier jour.

Sous le chêne on creusa sa tombe.
Mais ce qu'il aimait ne vint pas
Visiter la pierre isolée:

Et le pâtre de la vallée

Troubla seul du bruit de ses pas

Le silence du mausolée.

(Elégies.)

Auteurs contemporains.

I. D'AVRIGNY.

d'Avrigny, geboren 1760 auf der Insel Martinique.

Werke: Tableau historique des Commencements et des Progrès de la Puissance britannique dans les Indes Orientales. La navigation moderne, ou le Départ de Lapeyrouse. Prière de Patrocle à Achille; Poésies. Jeanne d'Arc, Tragödie.

Jeanne d'Arc au duc de Bedford.

Si dans ce jour une aveugle furie,

Prince, par ses clameurs, n'attaquait que ma vie,
Celle qu'à la vengeance on veut sacrifier

Dédaignerait le soin de se justifier.

Mais au Dieu dont je tiens ma force et mon courage,
Guerrière, je dois rendre un noble témoignage:
Je le dois, je le veux; et ma voix sans détours,
De ma vie à vos yeux va présenter le cours.
Mon nom vous est connu... depuis que je suis née,
L'hiver n'a pas vingt fois vu s'achever l'année.
Sous un rustique toit Dieu cacha mon berceau.
Non loin de Vaucouleurs, quelques prés, un troupeau,
Des auteurs de mes jours composaient la richesse;
Le travail de leurs mains nourrissait la vieillesse.
Docile à leurs leçons, heureuse à leur côté,
Mon enfance croissait dans la simplicité;

Et, bergère comme eux, j'errais sur les montagnes,
Chantant le nom de Dieu qui bénit les campagnes.
Chaque jour cependant jusqu'à nous apportés,
Des bruits affreux troublaient nos hameaux attristés.
On disait, qu'inondant et nos champs et nos villes,
L'Anglais à la faveur de nos haines civiles,
Allait bientôt, brisant nos remparts asservis,
Saper les fondements du trône de Clovis,
Et de la Loire enfin franchissant la barrière,
Sur les murs d'Orléans arborer sa bannière ..
Des maux de mon pays en secret tourmenté,
Tout mon coeur s'indignait, jour et nuit agité;
Et du bruit des combats, au milieu des prairies,
Seule j'entretenais mes longues rêveries.

Un soir (il m'en souvient), de la cime des monts
L'orage en s'étendant, menaçait nos vallons;

Tout fuyait... Près de là l'ombre d'un chêne antique
Protégeait du hameau la chapelle rustique:

J'y cours, et sur la pierre où j'implorai les Cieux,
Le sommeil malgré moi vint me fermer les yeux.
Tout-à-coup, de splendeur et de gloire éclatante,
Du céleste séjour une jeune habitante,

La houlette à la main, se montre devant moi:
„Humble fille des champs, dit-elle, lève-toi!
Geneviève est mon nom; les rives de la Seine
Me virent, comme toi, conduire les troupeaux;
Quand du fier Attila les funestes drapeaux
D'un nuage sanglant déjà couvraient la France.
Ma voix, au nom du Ciel, promit sa délivrance.
Le Ciel veut par ton bras l'accomplir aujourd'hui :
Du trône des Français, va, sois l'heureux appui.
Le Dieu qui, des bergers empruntant l'entremise,
Jadis arma David et dirigea Moïse,

Dans les murs de Fierbois, au pied des saints autels,
Cacha depuis long-temps aux regards des mortels

Le glaive qui, remis aux mains d'une bergère,
Doit briser les efforts d'une armée étrangère.
En secret informé par un avis des cieux,
Déjà Valois attend le bras victorieux

Que suscite pour lui leur faveur imprévue.
Pleine d'un feu divin, va t'offrir à sa vue;
Marche, Orléans t'appèle au pied de ses remparts;
Marche; å ta voix l'Anglais fuira de toutes parts,
Et le temple de Rheims verra, dans son enceinte,
Sur le front de son roi s'épancher l'huile sainte..."
L'immortelle, à ces mots remonte dans les airs;
Et moi, le coeur ému de sentiments divers,
Je m'éveille, incertaine, et n'osant croire encore
Au choix trop éclatant, dont l'Eternel m'honore.
Mais trois fois quand la nuit ramène le repos,
Je vois les mêmes traits, j'entends les mêmes mots:
„Humble fille des champs, lève-toi!... Dieu t'appèle,
Au Ciel, à ton pays tremble d'être infidèle!..."
Je cède enfin, je pars respirant les combats
Le frère de má mère accompagnait mes pas.
J'avais atteint le front des collines prochaines ..
Là, muette et pensive, à nos bois, à nos plaines,
Par un dernier regard, j'adressai mes adieux;
Et le toit paternel disparut à mes yeux...
... Au travers du trouble et du ravage

Vers la cour de Valois le Ciel m'ouvre un passage.
J'arrive. On m'interroge; on doute de ma foi;
Mais les pontifes saints ont rassuré mon roi.
Je parais à ses yeux sans crainte, sans audace,
J'entre: un de ses guerriers est assis à sa place;
Lui-même au milieu d'eux, il siège confondu:
Mais un esprit céleste à mes yeux descendu,
Me le montrait du doigt, et planait sur sa tête.
J'approche et devant lui je m'incline et m'arrête;
Des cieux, à haute voix, j'annonce les décrets . . .
„Oui, me dit-il, commande; et mes guerriers sont prêts
A suivre sur tes pas l'ardeur qui les transporte."
Il dit, et de Fierbois, à son ordre, on m'apporte
Le glaive qui bientôt doit venger les Français.
Nous partons... mais pourquoi retraçer nos succès?
Jeune et faible instrument de la faveur céleste.

Je marchais... je parlais... Dieu seul a fait le reste. (Tragédie de Jeanne d'Arc.)

Jeanne d'Arc invoque le Très-Haut.

O des coeurs éclairés par ta foi,

Guide sûr, ferme appui, Dieu tout-puissant, c'est toi Qui seul, me révélant une langue étrangère,

Inspirais chez les rois une simple bergère.
Pleine d'un noble espoir, je t'implore aujourd'hui.
Un superbe ennemi m'appèle devant lui;

Dans son aveugle orgueil, il m'outrage, il t'offense;
Et la main qui, par toi, sauva l'antique France
N'est au yeux de l'Anglais, blessé de ses revers,
Que l'indigne instrument du pouvoir des enfers.
Si ta voix sur mes pas fit marcher la victoire,
Viens, viens de tes arrêts manifester la gloire!
Prête à ma faible bouche un prophétique accent,
Et confonds des vaincus le courroux impuissant!
Je ne demande pas que ta bonté propice
Du fiel dont je m'abreuve éloigne le calice.
Dût la mort aujourd'hui se montrer devant moi,
Je l'affrontais sans crainte, et l'attends sans effroi.
Mais, loin des bords heureux témoins de mon enfance,
Loin des mortels chéris, auteurs de ma naissance,
Si je devais, grand Dieu! terminer mon destin,
J'aurai voulu du moins, les armes à la main,
Sous les murs de Compiègne, au faîte de la gloire,
Par un trépas illustre honorer ma mémoire;
Et je suis dans les fers!... et tandis que ma voix
Ne peut plus des Français animant les exploits,
Rallier leurs drapeaux autour de ma bannière
J'entends encor, j'entends la trompette guerrière
Appeler la victoire et sonner les combats!
Je vois de toutes parts s'élancer nos soldats,
Et le cris des héros retentit dans mon ame!
O transports!... A travers la poussiére et la flamme,
L'étendard de la France a brillé dans les airs.

Oui, je les reconnais!... Et je suis dans les fers!...
Le Ciel au champ d'honneur ne veut pas que je meure;
Tristes murs, serez vous ma dernière démeure?...

(Ibid.)

II. BARANTE (Prosper Brugière, Baron de)

Verfasser der Histoire des Ducs de Bourgogne; Ueberseßer einiger Werke Schiller's u. s. w.

Vertot et ses Ouvrages.

L'oeuvre favorite de l'abbé Vertot, celle à laquelle il travailla avec le plus de goût et de chaleur, ce fut l'Histoire des Révolutions de la République Romaine. Il ne fit point des recherches nouvelles sur l'histoire de Rome; il ne s'efforça point comme on fait maintenant, de découvrir à travers la couleur épique dont la poésie, les traditions, les historiens eux-mêmes, ont

revêtu les annales de la maîtresse du monde, qu'elles furent ses véritables origines, son état social, son gouvernement et ses lois aux diverses époques. Il prit pour véritable cette Rome, telle que nos études classiques l'ont créée dans notre imagination. De plus grands esprits que l'abbé Vertot l'ont bien aussi adoptée pour base de leurs vues politiques. D'ailleurs, il aimait à raconter et à peindre; l'histoire lui apparaissait sous son aspect dramatique. Il écrivit les révolutions de Rome comme Corneille composait ses tragédies, et il prenait la chose si fort à coeur qu'on le voyait fondre en larmes à l'Académie en lisant le discours de Véturie à Coriolan. Ainsi c'est partout le talent du récit qu'il faut chercher dans son livre. Encore ne doit on pas espérer d'y retrouver la couleur du temps et des lieux. Les sentiments, les moeurs, les relations sociales, tout prend un aspect moderne, ainsi que dans une tragédie du Théâtre Français. C'était de la sorte qu'on représentait à cette époque soit l'Antiquité, soit les contrées étrangères. Les traductions étaient même écrites dans ce système; de nos jours, l'imagination se plaît aux tableaux qui ont toutes les nuances locales, le costume original, la naïveté des sentiments et du langage. Plus les objets sont représentés différents de ce qui nous entoure, plus le peintre réussit à nous charmer. Il y a cent ans qu'il en était tout autrement. Alors il semblait aux acteurs qu'ils ne pourraient se faire comprendre qu'en cherchant les analogies qui rapprocheraient les moeurs antiques ou étrangères des moeurs de leurs temps et de leur pays. Ils traduisaient en Français non pas seulement les mots, mais les pensées et les sentiments. Ils cherchaient à transporter sur la scène moderne les personnages antiques, tandis qu'à présent le spectateur moderne demande à être conduit sur la scêne antique. Ces remarques ne sont donc pas une critique des histoires de l'abbé de Vertot. Il fut conforme à son temps; encore aujourd'hui la vérité de ses impressions, le nature et la chaleur de son langage, l'honorable indépendance de ses jugements, nous font concevoir les grands succès de l'Abbé de Vertot, et nous portent à les ratifier."

III. BERANGER (Pierre Jean de).

Béranger, einer der beliebtesten neueren französischen Dichter. Werke: Chansons."

Les Hirondelles.

Captif au rivage du Maure,

Un guerrier, courbé sous ses fers,
Disait: je vous revois encore,
Oiseaux ennemis des hivers.
Hirondelles, que l'espérance
Suit jusqu'en ces brûlants climats,
Sans doute vous quittez la France:

De mon pays ne me parlez-vous pas?

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