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Parallèle de Molière & de la Fontaine.

Molière, dans chacune de ses pièces, ramenant la peinture des moeurs à un objet philosophique, donne à la comédie la moralité de l'apologue. La Fontaine transportant dans ses fables la peinture des moeurs, donne à l'apologue une des plus grandes beautés de la comédie, les caractères. Doués touts les deux au plus haut degré du génie d'observation, génie dirigé dans l'un par une raison supérieure, guidé dans l'autre par un instinct non moins précieux, ils descendent dans le plus profond secret de nos travers et de nos faiblesses; mais chacun, selon la double différence de son genre & de son caractère, les exprime diffé

remment.

Le pinceau de Molière doit être plus énergique et plus ferme, celui de La Fontaine plus délicat et plus fin. L'un rend les grands traits avec une force qui le montre comme supérieur aux nuances; l'autre saisit les nuances avec une sagacité qui suppose la science des grands traits. Le poète comique semble s'être plus attaché aux ridicules, et a peint quelquefois les formes passagères de la société. Le fabuliste semble s'adresser davantage aux vices, et a peint une nature encore plus générale. Le premier me fait plus rire de mon voisin; le second me ramène plus à moi-même. Celui-ci me venge davantage des sottises d'autrui; celui-là me fait mieux songer aux miennes. L'un semble avoir vu les ridicules comme un défaut de bienséance choquant pour la société; l'autre avoir vu les vices comme un défaut de raison fâcheux pour nous-mêmes. Après la lecture du premier, je crains l'opinion publique; après la lecture du second, je crains ma conscience.

Enfin, l'homme corrigé par Molière, cessant d'être ridicule, pourrait demeurer vicieux; corrigé par la Fontaine, il ne serait plus ni vicieux ni ridicule, il serait raisonnable et bon; et nous nous trouverions vertueux, comme La Fontaine était philosophe, sans nous en douter.

(Eloge de La Fontaine.)

XXXVII. CONDORCET (Marie Jean Antoine Nicolas Caritat

Marquis de).

Condorcet ward 1743 in Ribemont bei Saint Quentin in der Picardie geboren und starb in Bourg la Reine, den 28. März 1794, im Gefängnisse, nachdem er sich vergiftet hatte. (Siche Thiers Hist. de la Révolut.)

Als Mitglied der Akademie der Wissenschaften aufgenommen - (1769), ward er einige Jahre nachher zu ihrem Sekretair ernannt. Unter den Lobreden, die er daselbst hielt, verdienen folgende eine Erwähnung: Eloge de d'Alembert, Buffon, Euler, Franklin, Vaucanson, Linnée. 1782 ward er Akademiker, lieferte mehrere Artikel für die Encyklopädie und schrieb seine Esquisse d'un Tableau historique des progrès de l'Esprit humain, das erst nach seinem Tode erschien. Seine sämmtlichen Werke bilden 21 Bände.

Condorcet war ein Geometer und Philosoph ersten Ranges. Seine Philosophie zielt immer dahin, das menschliche Geschlecht zu veredeln, und dieser Grundfag dient allen feinen Werken als Grundlage. Die schwierigsten Fragen über Metaphysik, Recht, Politik, Moral, sind von ihm berührt werden; stets war sein Gedanke erhaben und fruchtbar, sein Styl elegant, sein Charakter nachsichtig gegen Andre und streng gegen sich selbst, und nie hat er den Haß, den er gegen einige Verfassungen hegte, auf die Menschen übertragen.

La Réforme et ses suites.

L'esprit, qui animait les réformateurs, ne conduisait pas à la véritable liberté de penser. Chaque religion, dans le pays où elle dominait, ne permettait que de certaines opinions. Cependant, comme ces diverses croyances étaient opposées entre elles, il y avait peu d'opinions qui ne fussent attaquées ou soutenues dans quelques parties de l'Europe. D'ailleurs les communions nouvelles avaient été forcées de se relâcher un peu de la rigueur dogmatique. Elles ne pouvaient, sans une contradiction grossière, réduire le droit d'examiner dans des limites trop resserrées; puis qu'elles venaient d'établir sur ce même droit la légitimité de leur séparation. Si elles refusaient de rendre à la raison toute sa liberté, elle consentaient que sa prison fut moins étroite; la chaîne n'était pas brisée, mais elle moins pesante et moins prolongée. Enfin, dans ces pays où il avait été impossible à une religion d'opprimer toutes les autres, il s'établit ce que l'insolence du culte dominateur osa nommer tolérance, c'est-à-dire, une permission donnée par des hommes à d'autres hommes de croire ce que leur raison adopte, de faire ce que leur conscience leur ordonne, de rendre à leur Dieu commun l'hommage qu'ils imaginait lui plaire d'avantage. On put donc alors y soutenir toutes les doctrines tolérées avec une franchise plus ou moins entière.

La Réforme, en détruisant la Confession, les Indulgences, les Moines, et le Célibat des prêtres, épura les principes de la morale, et diminua même la corruption des moeurs dans les pays qui l'embrassèrent; elles les délivra des expiations sacerdotales, ce dangereux encouragement du crime et du célibat religieux, destructeur de toutes les vertus, puisqu'il est l'ennemi des vertus domestiques.

Cette époque fut plus souillée qu'aucune autre par de grandes atrocités. Elle fut celle des massacres religieux, des guerres sacrées, de la dépopulation du Nouveau-Monde. Elle y vit rétablir l'ancien esclavage, mais plus barbare, plus fécond en crimes contre la nature, et l'avidité mercantile commercer du sang des hommes, les vendre comme des marchandises, après les avoir achetés par la trahison, le brigandage ou le meurtre, et les enlever à un hémisphère pour les devouer dans un autre, au milieu de l'humiliation et des outrages, au supplice prolongé d'une lente et cruelle destruction.

(Esquisses d'un tableau historique des progrès de l'Esprit humain.)

XXXVIII. LÉONARD (Nicolas Germain).

Léonard ward_1744 auf Guadeloupe geboren und starb 1793 zu Nantes. Lieblicher, naiver Dichter, war er glücklich in der Idylle und im Thomson'schen Lehrgedichte.

Früh légte er sich auf das Studium des Tibull und Properz, denen er viele Stellen entlehnt, die er geschickt angebracht hat; auch dem Geßner hat er Ideen entnommen. Er übertrug, wie Colardeau, den Temple de génie von Montesquieu in Verse.

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Le bon Fils.

Daphnis avait quitté son foyer solitaire,

Et promenait ses pas près d'un étang voisin
Qui du flambeau des nuits répétait la lumière.
L'aspect d'un soir pur et serein,

Le chant du rossignol, le calme des prairies,
Entretinrent longtemps ses douces rêveries:
Mais il revint enfin sous les berceaux épais
Qui devant sa cabane étendaient leur ombrage.
Là, couché sur le gazon frais,

Sur une de ses mains appuyant son visage,
Le vieux Lamon dormait en paix.

Daphnis, ému s'arrête, et contemple son père:
Un sentiment délicieux

L'enivrait en fixant une tête si chère!

Quelquefois seulement il regardait les cieux,
Et des larmes d'amour coulaient de sa paupière.
„O mon père, dit-il quel calme est dans tes sens!
Que le sommeil est pur dans les coeurs innocents!
Ce soir, en quittant ta chaumière,

Tu seras venu dans ces lieux

Offrir aux Immortels une sainte prière,

Et des songes légers auront fermé tes yeux.

Tu priais pour ton fils... Ah! je suis trop heureux!
Si je vois sur nos champs reposer l'abondance,

Si les prés sont couverts de nos troupeaux nombreux,
C'est toi, c'est ta vertu, dont je sens l'influence;
Les Dieux que tu chéris favorisent tes voeux,
Quand, touché de mes soins pour ta frèle vieillesse.
Tu me bénis d'un air content;

Quand tu répands sur moi des larmes de tendresse,
Oh! comme un torrent d'allégresse

Pénétre mon coeur palpitant!...

Mais ma félicité sera bientôt passée!

Bientôt je dois te perdre.... Affligeante pensée!
En voyant tes brebis bondir sur le gazon,
Et tes blés te promettre une riche moisson,
„Mes cheveux, disais-lu, sont blanchis dans la joie.
Fleurissez, lieux charmants! La clémence des Dieux
Pour peu de temps encor permet que je vous voie;
De plus heureux climats vont récréer mes yeux.“

A mon meilleur ami, faut-il que tu me laisses!
Tes bras seront fermés à mes douces caresses!...
Mais je crains que des vents la fraîcheur ennemie
Ne te nuise dans ton sommeil."

A ces mots, s'inclinant sur sa couche fleurie,
Il lui baise le front pour hâter son réveil.

(Idylles.)

XXXIX. ROUCHER (Jean Antoine).

Roucher ward 1748 in Montpellier geboren, und starb auf dem Schaffotte mit André Chenier, den 7. August 1794; eines der bedauernswürdigsten Schlachtopfer der Revoluzion, Dichter und ausgezeichneter Schriftsteller. Sein Gedicht les Mois empfiehlt sich durch Reinheit und Wohllaut des Ausdrucks, durch Geschmack und warmberedtes Gefühl, obgleich hin und wieder einige Nachlässigkeiten darin_sich zeigen.

Während seiner zehnmonatlichen Gefangenschaft überseßte er Thomson's „Seasons" die er aber nicht vollenden konnte. Den Tag vor seinem Lode, den 6. August, ließ er von seinem Unglücksgefährten Leroy sein Portrait verfertigen, worunter er folgende rührende Verse schrieb:

„A ma femme, à mes amis, à mes enfants.
Ne vous étonnez pas, objets sacrés et doux,
Si quelqu'air de tristesse obscurcit mon visage:
Quand un savant crayon dessinait cette image,
J'attendais l'échafaud, et je pensais à vous."

den folgenden Morgen um 11 Uhr erschien er vor seinen Richtern; um 5 Uhr war er nicht mehr.

Une Aurore boréale dans le Nord.
Dans les champs où l'Yrtis a creusé son rivage,
Où le Russe vieillit et meurt dans l'esclavage,
D'éternelles forêts s'allongent dans les airs.
Le jai, souple roseau de ces vastes déserts,
S'incline, en se jouant, sur les eaux qu'il domine;
Fière de sa blancheur, là, s'égare l'hermine,
La marthe ́s'y revêt d'un noir éblouissant;
Le daim, sur les rochers, y paît en bondissant,
Et l'élan fatigué, que le sommeil assiège,
Baisse son bois rameux et l'étend sur la neige.
Ailleurs, par des travaux et de sages plaisirs,
L'homme, bravant l'hiver, en charme les loisirs.
Le fouet dans une main et dans l'autre des rênes,
Voyez-le, en des trâineaux emportés par des rennes,
Sur les fleuves durcis rapidement voler:

Voyez sur leurs canaux le peuple s'assembler,
Appeler le commerce, et proposer l'échange
Des trésors du Cathay, des Sophis et du Gange.
Là brillent à la fois le luxe des métaux,
Et la soie en tissus et le sable en cristaux;
Toute la pompe enfin des plus riches contrées:
La même quelquefois les plaines éthérées

Des palais du midi versent sur les frimas
Un éclat que l'hiver refuse à nos climats:
D'un groupe de soleils l'Olympe s'y décore.
Prodige de clarté qui pourtant cède encore.
Aux flammes dont la nuit fait resplendir les airs.
Aussitôt que son char traverse leurs déserts,
Une vapeur qu'au nord le firmament envoie,
S'y déployant en arc, trace une obscure voie,
S'allonge, et parvenue aux portes d'Occident,
Vomit, nouvel Hécla, les feux d'un gouffre ardent.
Dans les flancs du brouillard, la flamme impétueuse
Vole, monte et se courbe en voûte lumineuse,
Qu'une autre voûte encor, plus brillante, investit.
Tandis que dans leurs feux la vapeur s'engloutit,
Ces dômes rayonnants s'entrouvrent, et superbes,
Lancent en javelots, en colonnes, en gerbes,
En globes, en serpents, en faisceaux enflammés,
Touts les flots lumineux sous la nue enfermés.

(Les Mois.)

XL. MAURY (Jean Siffrein).

Maury, Cardinal, Mitglied der Akademie, in Valrias, in der ehemaligen Grafschaft Venaisin den 26. Juni 1746 geboren, starb 1817. Sohn eines armen Schumachers; berühmter Redner.

Maury's erste Werke waren Eloge funèbre du Dauphin, Eloge de Stanislas. Nachdem er einige Zeit in den Provinzen gepredigt hatte, wurde er nach Versailles berufen, wo er bald seinen Ruf als großer Kanzelredner begründete. Den 27. Januar 1785 vertrat er den Lefranc de Pompignan in der Akademie. Die Revoluzion brach aus, und er ward zum Deputirten der Geistlichkeit von Peronne ernannt. Er war eines der heftigsten Mitglieder der Opposizion; manchmal stand fein Leben in Gefahr; er rettete sich aber immer durch seine Geistesgegenwart. Einst wollte man ihn an die Laterne knüpfen: das Volk schrie: L'Abbé Maury à la lanterne." „En verrez vous plus clair?" entgegnete er, und dieses Wort rettete ihm das Leben.

Napoleon ernannte ihn zum Coadjutor des Erzbischofs von Paris ; als aber 1814 die Bourbons zurückkehrten, fiel er in Ungnade; er ging nach Rom; der Papst ließ ihn in einen Kerker werfen, doch söhnten sich Beide bald wieder aus. Nach einem Jahre erhielt er seine Freiheit wieder, und bald darauf starb er.

Maury's beste geistliche Reden sind: Panégyrique de Saint-Louis, de Saint-Augustin; der de Saint-Vincent de Paule wird allgemein als sein Meisterwerk betrachtet; als politischer Redner war er mit Cazalès der eifrigste Gegner Mirabeau's. Das Rednertalent Maury's ist oft bestritten worden, und man muß eingestehen, daß er sich besser auf Theorie, als auf Praxis verstand, doch ist es allgemein erwiesen, daß seine Reden, unerschöpflich_in_ange= messenen Wendungen, sich stets durch einen kernigen, wohllautenden Stil_auszeichnen.

Démosthène.

Cicéron à une prééminence incontestable sur son rival en littérature et en philosophie (Démosth.): mais il ne lui a point arraché le sceptre de l'éloquence: il le regardait lui-même comme

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