Page images
PDF
EPUB

Ils cherchaient aux combats d'illustres funérailles;
Vengeurs de la patrie, ils ne daignaient périr
Qu'aux yeux de l'univers, et pour le conquérir,
Mais, vous héros du meurtre, inhumains par faiblesse,
Impatients d'un mot, d'un geste qui vous blesse,
Barbares! vous plongez au coeur de vos amis
Ce glaive réservé pour des flancs ennemis.

O sainte Humanité! par tes soins, par tes larmes,
Arrache de leurs mains ces parricides armes.
Enfants de la Nature, ils osent l'outrager!
A ses yeux, sur son sein, ils courent s'égorger!
Ah! Cruel! entends-la soupirer et te dire:
Tu ne saurais créer, oseras-tu détruire?

Tu l'oses! vois le prix dont ton glaive est jaloux!
Vois ce corps tout sanglant, tout percé de tes coups.
Tu recules d'horreur! ton pied tremblant s'égare;
Ton coeur même s'écrie: Ah! qu'as-tu fait, Barbare!
Où fuir? ton coeur sans cesse accusera ta main:
La Nature voudrait te bannir de son sein.

De ton barbare honneur connais donc l'imposture.
Va, le crime commence où cesse la nature;

Ose sur ta vertu mieux consulter sa voix.

Faux brave, du brave homme (Broussard) admire les exploits;
Vois-le, sept fois plongé dans ces flots plein de rage,
Ravir sept malheureux aux horreurs du naufrage;

Vois cette humanité, qu'on ne sert pas en vain,

D'un obscur matelot faire un mortel divin.

(La Nature I.)

XXXV. LA HARPE (Jean François de).

La Harpe, berühmter Kritiker, Mitglied der französischen Akademie, Lehrer Kaiser Alexander's von Rußland, geboren den 20. November 1739, gestorben den 11. Februar 1803.

Sein erstes Werk war Warwick, das er im 24. Jahre vollendete. Einige Tragödien, die darauf folgten, fielen; er erhob sich aber wieder durch seinen Philoktet, der 1783 aufgeführt wurde; der Erfolg dieser Nachahmung des Sophokles war glänzend. Nachher erschien Melanie.

Neben seinen dramatischen Arbeiten verfaßte La Harpe Lobreden, von denen die auf Fenelon, La Fontaine, Catinat den Preis gewannen; aber sein bestes Werk ist der Cours de littérature ancienne et moderne, woran er sein ganzes Leben arbeitete. Der Vorwurf, den man mit Recht dem La Harpe bei diesem Werke gemacht hat, ist die Eintheilung des Stoffes. Er giebt dem Lukan dreimal mehr Seiten, als dem Virgil, und zwar deßhalb, weil er eine Ueberseßung dieses Dichters bearbeitet hatte; und die griechischen Geschichtschreiber Herodot, Thucydides, Xenophon drängt er in vier Seiten zusammen. Ungeachtet dieser Fehler ist der Cursus der älteren Litteratur weit besser als der der neuern, worin sich seine Parteilichkeit allenthalben aufdecken läßt.

Die

La Harpe's Werk ist ein großes Repertorium, das für die Einen als Leitfaden beim Unterricht, für die Andern als Lehrbuch dienen kann. Theorien aller Zeiten sind darin mit Deutlichkeit und Klarheit auseinander

gesezt, die Zergliederung der einzelnen Bestandtheile literarischer Werke oft mit Gewissenhaftigkeit und Talent vorgenommen. Die Fehler, die darin herrschen, find bei dem Umfange eines solchen Werkes unvermeidlich, und leicht hat er sich, da er selbst Dichter war, zu falschen Urtheilen verleiten lassen können.

„La Harpe hat im Lycée den in Frankreich verwaltenden ästhetischkritischen Nazionalgeist vollständig ausgesprochen, und es dürfte lange dauern, che entscheidende Veränderungen in demselben wahrzunehmen sein werden, so gewiß auch durch die alles Alte erschütternden Ereignisse der letzten Jahrzehnte auf Phantasie und Gemüth tief eingewirkt, und eben so sehr Entfernung vom Herkommen in Angelegenheit des Geschmacks und der Kunst gebieterisch herbeigeführt, als Empfänglichkeit für die bisher fremdartigen Erfahrungen und Belehrungen gefördert zu sein scheinen." (Wachler.)

Der Glaube an LaHarpe's Lehren ist durch die allmähligen Zerrüttungen Frankreichs seit 1830, durch das Studium fremder Klassiker, durch die Vorträge Guizot's, Cousin's, Villemain's sehr geschmälert worden. Die durch Erfahrungsbegriffe geleitete französische Jugend will sich nicht mehr mit La Harpe's fritischen Erklärungen begnügen; die Aufrechthaltung seiner ästhetischen Ansichten würde eine Thorheit sein.

1

Le Génie des Tempêtes.

Ce hardi Portugais, Gama,1 dont le courage
D'un nouvel Océan nous ouvrit le passage,
De l'Afrique déjà voyait fuir les rochers;
Un fantôme du sein de ces mers inconnues
S'élevant jusqu'aux nues,

D'un prodige sinistre effraya les nochers.

Il étendait son bras sur l'élément terrible;
Des nuages, épais chargeaient son front horrible,
Autour de lui grondaient le tonnerre et les vents;
Il ébranla d'un cris les demeures profondes,
Et sa voix sur les ondes

Fit retentir au loin ces funestes accents:

„Arrête (disait-il), arrête, peuple impie;
Reconnais de ces bords le souverain génie,
Le dieu de l'Océan dont tu foules les flots!
Crois-tu qu'impunément, ô race sacrilège,
Ta fureur qui m'assiège

Ait sillonné ces mers qu'ignoraient tes vaisseaux?

Tremble, tu vas porter ton audace profane
Aux rives de Mélinde,2 aux bords de Taprobane,3
Qu'en vain si loin de toi placèrent les destins.
Vingt peuples t'y suivront; mais ce nouvel empire
Où tu vas les conduire

N'est qu'un tombeau de plus creusé pour les humains.

Vasco da Gama, der große Seefahrer.

2 An der Küste Zangnebar.

3 Chemaliger Name der Insel Zeilan.

[ocr errors]

J'entends des cris de guerre au milieu des naufrages, Et les sons de l'airain se mêlant aux orages,

Et les foudres de l'homme au tonnerre des cieux.

Les vainqueurs, les vaincus, deviendront mes victimes;
Au fond de mes abîmes,

Leurs coupables trésors descendront avec eux."

Il dit, et se courbant sur les eaux écumantes,
Il se plongea soudain dans ces rochers bruyantes
Où le flot va se perdre, et mugit renfermé.
L'air parut s'embraser et le roc se dissoudre,
Et les traits de la foudre

Eclatèrent trois fois sur l'écueil enflammé.

(Ode sur la Navigation.)

Philoctete raconte à Pyrrhus son abandon à l'île de Lemnos,

O mon fils! vous voyez, délaissé dans Lemnos,
Ce guerrier, autrefois compagnon d'un héros,
Inutile héritier des traits du grand Alcide,
Philoctete, en un mot, que l'un et l'autre Atride,
Excités par Ulysse à cette lâcheté,

Et seul et sans secours dans cette île ont jeté,
Blessé par un serpent, de qui la dent impure
M'infecta des poisons d'une horrible morsure.
Les cruels.... de Chrisa vers les bords Phrygiens
La victoire appelait leurs vaisseaux et les miens;
Nous touchons à Lemnos: accablé du voyage,
Le sommeil me surprend dans un antre sauvage,
On saisit cet instant, on m'abandonne, on part.
On part, en me laissant, par un reste d'égard,
Quelques vases grossiers, quelque vile pâture,
Des voiles déchirés pour sécher ma blessure,
Quelques lambeaux, rebuts du dernier des humains.
Puisse Atride éprouver des semblables destins!
Quel réveil! quel moment de surprise et d'alarmes!
Que d'imprécations! que de cris et de larmes!
Lorsqu'en ouvrant les yeux je vis fuir mes vaisseaux,
Que loin de moi les vents emportaient sur les eaux!
Lorsque je me vis seul, sur cette plage aride,

Sans appui dans mes maux, sans compagnon, sans guide,
Jetant de touts côtés des regards de douleur,

Je ne vis qu'un désert, hélas! et le malheur,
Tout ce qu'on m'a laissé, le désespoir, la rage!..
Le temps accrut ainsi mes maux et mon outrage.
J'appris à soutenir mes misérables jours.

Mon arc entre mes mains seul et dernier recours,
Servit à me nourrir; et lorsqu'un trait rapide

Fesait du haut des airs tomber l'oiseau timide,
Souvent il me fallait, pour aller le chercher,
D'un pied faible et souffrant gravir sur le rocher,
Me traîner en rampant vers ma chétive proie.
Il fallait employer cette pénible voie

Pour briser des rameaux, et pour y recueillir
Le feu que des cailloux mes mains fesaient jaillir;
Des glaçons dout l'hiver blanchissait ce rivage,
J'exprimais avec peine un douloureux breuvage.
Enfin, cette caverne, et mon arc destructeur,
Et le feu, de la vie heureux conservateur,
Ont soulage du moins les besoins que j'endure;
Mais rien n'a pu guérir ma funeste blessure.
Nul commerce, nul port aux voyageurs ouvert,
N'attirent les vaisseaux dans ce triste désert,
On ne vient à Lemnos que poussé par l'orage:
Et depuis si longtemps errant sur cette plage,
Si j'ai vu des nochers, malgré touts leurs efforts,
Pour obéir aux vents, descendre sur ses bords,
Je n'en obtenais rien qu'une pitié stérile,
Des consolations le langage inutile,

Des secours passagers, ou des vieux vêtements;
Mais, malgré ma prière et mes gémissements,
Nul n'a sur ses vaisseaux accueilli ma misère,
Ni voulu sur les flots me conduire à mon père.
Depuis dix ans, mon fils, je languis dans ces lieux,
Sans cesse dévoré d'un mal contagieux,
Victime d'une lâche et noire ingratitude,

Souffrant dans l'abandon et dans la solitude.

Les Atrides, Ulysse ainsi m'ont attaché

A ce supplice lent que leur haine a cherché;

Ils m'ont surpris ainsi dans les pièges qu'ils tendent;

[ocr errors]

Ils m'ont fait touts ces maux: que les Dieux le leur rendent !

(Philoctète.)

Philoctete conjure Pyrrhus de l'arracher à l'affreux abandon où il est réduit dans l'Ile de Lemnos.

Ah! par les Immortels de qui tu tiens le jour!
Par tout ce qui jamais fut cher à ton amour!
Par les mânes d'Achille et l'ombre de ta mère!
Mon fils, je t'en conjure, écoute ma prière:
Ne me laisse pas seul en proie au désespoir,

En proie à touts les maux que tes yeux peuvent voir.
Cher Pyrrhus, tire-moi des lieux où ma misère
M'a longtemps séparé de la nature entière.
C'est te charger, hélas! d'un bien triste fardeau!
Je le n'ignore pas: l'effort sera plus beau

De m'avoir supporté; toi seul en étais digne;

Et de m'abandonner la honte est trop insigne:
Tu n'en es pas capable; il n'est que les grands coeurs
Qui sentent la pitié que l'on doit aux malheurs,
Il sera glorieux si tu daignes m'en croire,
D'avoir pu me sauver de ce fatal séjour.
Jusqu'aux vallons d'OEta le trajet est d'un jour;
Jėte-moi dans un coin du vaisseau qui te porte,
A la poupe, à la proue, où tu voudras, n'importe.
Je t'en conjure encore, et j'atteste les Dieux:
Le mortel suppliant est sacré devant eux.

....

Je tombe à tes genoux, ô mon fils! je les presse
D'un effort douloureux qui coûte à ma faiblesse.
Que j'obtiene de toi la fin de mes tourments!
Accorde cette grâce à mes gémissements!
Mène-moi dans l'Eubée, ou bien dans ta patrie;
Le chemin n'est pas long à la rive chérie
Où j'ai reçu le jour, aux bords de Sperchius:
Bords charmants, et pour moi depuis longtemps perdus!
Mène-moi vers Paeon: rends un fils à son père:
Et que je crains, ô Ciel! que la Parque sévère . . . .
De ses ans, loin de moi, n'ait terminé le cours !
J'ai fait plus d'une fois demander ses secours
Mais il est mort, sans doute, ou ceux de qui le zèle
Lui devaient de mon sort porter l'avis fidèle,
A peine en leurs pays, ont bien vite oublié
Les serments qu'avait faits leur trompeuse pitié.
Ce n'est plus qu'en toi seul que mon espoir réside;
Sois mon libérateur; ô Pyrrhus, sois mon guide!
Considère le sort des fragiles humains;
Et qui peut un moment compter sur les destins?
Tel repousse aujourd'hui la misère importune,
Qui tombera demain dans la même infortune.
Il est beau de prévoir ces retours dangereux,
Et d'être bienfesant alors qu'on est heureux.

(Idem.)

XXXVI. CHAMPFORT (Sebastian Nicolas).

Champfort, Mitglied der Akademie, in Clermont 1741 geboren, gestorben 1794. Früh zeichnete er sich durch Werke aus, die einen feinen Geschmack und sehr viel Verstand an den Tag legen.

et

Seine kleinen Lustspiele, la Jeune Indienne und le Marchand de Smyrne, werden noch bisweilen aufgeführt. Seine Tragödie Mustapha Zéangir beweist, daß er aus Racine sein Bildungsstudium gemacht hatte. Außer diesen hat man Lobreden; die auf Molière und La Fontaine werden sehr geschäßt und sind gediegenen Inhalts.

Champfort's Leben war ein bewegtes; sein durch den Umgang mit Mirabeau vermehrter Haß gegen die Großen, stürzte ihn in die Stürme der Revoluzion. Er starb aus Gram und im Elend.

« PreviousContinue »